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L’Épigramme: les crieurs de rue au goût du jour

Gabriel est un crieur de rue.
Gabriel est un crieur de rue. Photo: Josie Desmarais/Métro

Toute la semaine, les crieurs de rue de L’Épigramme ont sillonné la métropole afin de recueillir et de partager déclarations et propositions de citoyens. L’idée principale: stimuler l’espace public et entretenir le lien entre les Montréalais de façon originale.

Le projet a été initié par Comptoir public, un jeune organisme sans but lucratif, dont la missions est de produire des oeuvres qui intègrent installations publiques et performances. Métro a pu rencontrer ses co-directeurs artistiques, Guillaume Duval et Gabriel Léger-Savard pour obtenir plus d’explications sur cette mise à jour du concept ancestral de crieurs de rue. 

Qu’est-ce que L’Épigramme ?

Guillaume Duval: L’Épigramme est média social de rue où nos crieurs de rue vont dans différents quartiers pour récolter de l’information sur les murs, les poteaux, les affiches, les graffitis, les collants, les babillards etc. mais aussi auprès des passants. Tout cela va des petites annonces aux messages plus politiques. Nous voulons aussi créer des partenariats avec organismes communautaires pour aller chercher des voix plus marginalisées. Nous essayons donc de transmettre notre contenu et de le bâtir avec ce qui échappe souvent aux médias traditionnels afin d’en faire des bulletins d’information ludiques et artistiques qu’on livre dans des criées populaires sur des places publiques.

Gabriel Léger-Savard: Techniquement, nous sommes vêtus d’un système d’amplification portatif. On a des hauts parleurs et des micros sur nous, qui sont branchés à un téléphone  intelligent. Les gens peuvent nous texter ou nous appeler en direct pour réagir. L’Epigramme se veut vraiment participatif avec un vecteur d’information qui est notre corps. Notre individualité et notre subjectivité devient le filtre de tous ces messages.

Quels sont ses objectifs ?

Gabriel Léger-Savard: Nous voulons redynamiser l’espace public, tisser des liens entre les gens. Nous nous sommes rendu compte que la place publique se trouve maintenant sur les médias sociaux, ce qui n’est pas forcément mauvais, mais nous pensions que les gens ne se regardent plus, ont peur de se parler.

Guillaume Duval: L’Épigramme s’inscrit aussi dans une volonté plus large de Comptoir public de présenter des projets qui entretiennent une relation entre l’art et la population. Une de mes motivations a toujours été de savoir comment nous pouvions sensibiliser et intéresser les gens qui ne fréquentent pas les institutions artistiques habituelles. La fermeture de journaux, la concentration de propriétaires de médias, les fausses nouvelles, les trolls… tout cela nous posait aussi question et nous avons commencé à trouver injustes certaines prises de paroles en ligne. Quand vient le temps d’affirmer ses positions dans l’espace public, ça humanise le discours en quelque sorte. 

Cette semaine, vous avez mis en place un nouveau projet, La Traversée. Pouvez-vous nous en parler ?

Gabriel Léger-Savard: Nous avons traversé l’île de Montréal en zig-zag à pied et en transport en commun depuis lundi matin. Nous sommes partis de Pointe-aux-Trembles, puis nous sommes notamment passés par Saint-Léonard, Rosemont, Hochelaga, la Petite-Italie, le centre-ville, Côte-des-Neiges… Nous voulions tâter le pouls de la population. 

Guillaume Duval: La Traversée a pour but de faire connaître le projet de L’Épigramme en allant voir les gens directement sur le terrain plutôt que de passer par les traditionnels courriels ou messages sur les médias sociaux. Nous aimerions aussi avoir un réseau de crieurs et de crieuses plus important pour créer des liens entre les quartiers montréalais et mettre en lumières les préoccupations de leurs habitants. 

Concrètement, comment avez-vous procédé ?

 Gabriel Léger-Savard: Pour la La Traversée, nous avons posé quatre questions aux gens : Pouvez-vous nous parler de votre entourage ? De votre quartier ? Quels sont vos rêves ? Vos craintes ? Nous allons d’ailleurs faire une criée «bilan» avec tous les messages ramassés ce soir lors du festival de théâtre de rue de Lachine ce week-end.

Guillaume Duval: Nous jouons aux journalistes avec notre «salle de rédaction populaire» mais nous sommes avant tout un projet artistique. Nous voulons faire passer le politique et le social vers quelque chose de plus poétique et ouvert. 

 

Pour transmettre vos messages et les entendre criés :

epigramme@comptoirpublic.com

438-226-1251

 

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