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En marge du monde: les pieds dans la marge

En marge du monde
Samian Photo: Collaboration spéciale

Ils ont choisi de vivre à leur manière, selon leurs propres règles et leurs valeurs profondes. Alors qu’on leur proposait la facilité, ils ont opté pour la rupture, parfois l’isolement, mais surtout la poursuite de leurs rêves. Ils ont choisi de vivre En marge du monde.

Animée par le rappeur Samian, la série documentaire diffusée sur les ondes de TV5 pose un regard sur ceux et celles qui ont choisi de remettre en question le mode de vie contemporain et d’adopter leur propre façon de vivre.

En 10 épisodes d’une heure, l’émission nous présente ces doux marginaux qui vivent avec moins, plus lentement, et souvent plus près de la nature.

Comme Sylvain Paquin, qui a lâché son job en informatique pour vivre parmi les loups à la Baie-James, Jim Alston et Kim Chi Nguyen, qui vivent en autarcie sur une île déserte en Australie, ou encore Yongyuan Lóng, un Irlandais devenu moine taoïste dans un temple au Guatemala.

«Des gens inspirants qui ont le courage de leurs rêves», aux dires de Mathieu Vachon, qui a coréalisé la série avec Sarah Fortin.

Et des gens qui, même s’ils ont renoncé aux commodités modernes, sont loin de s’être coupés du monde.

«Ce ne sont pas des ermites, assure Samian. Au contraire, ce sont des gens qui veulent tisser des liens et redonner à l’humanité. Ils sont très sociables, très fiers de raconter leur histoire et leur mode de vie. Jamais ils ne se sont fermés sur eux-mêmes. Ils étaient tellement généreux et ouverts. Ils voulaient montrer qu’il y a d’autres avenues dans le monde.»

Il faut en effet voir la passion et la sollicitude dans les yeux d’Emma Orbach, qui, dans un épisode, présente sa communauté autonome faite de huttes en terre cuite dans l’arrière-pays gallois.

Sans électricité, sans eau courante et surtout sans Wi-Fi. Le téléphone le plus proche est à 10 minutes de marche…

«C’est un endroit pour vivre en paix et se guérir des distractions», selon elle.

En voyant la femme de 64 ans parmi les arbres («mes amis», assure-t-elle) et entourée de ses chèvres, on n’a pas de difficulté à croire qu’elle a trouvé une paix intérieure très précieuse.

Les documentaristes se sont également intéressés à des communautés, en Grèce et au Japon, qui tentent d’inventer une nouvelle fraternité humaine tout en limitant au maximum leur empreinte écologique.

«Le système nous dit de consommer, d’acheter une maison, de vivre de telle façon. Mais ce sont des gens qui nous disent qu’on peut vivre autre chose. On travaille comme des fous, on est occupés comme des malades. On a tous ce rêve de partir, mais eux l’ont fait pour vrai», souligne Mathieu Vachon.

Derrière ce choix radical se cache souvent un passé difficile, mais aussi une volonté d’équilibre et une quête de spiritualité.

Sans que Samian ou l’équipe ne l’impose, la plupart des participants ont abordé spontanément les grandes questions de la vie: Comment vivre une bonne vie? Comment être en harmonie avec soi, avec les autres et avec son environnement?

On est loin des discussions du lundi matin autour de la machine à café.

«En étant isolé, ils sont vraiment confrontés à qui ils sont, explique Mathieu Vachon à propos des personnes interviewées. La dimension spirituelle s’impose naturellement. Des questionnements profonds apparaissent, parce qu’on n’est plus dans la superficialité, la vie commune et la consommation. On est dans un autre espace-temps. Le temps passe différemment.»

«Quand on leur demande s’ils se sentent en marge du monde, ils nous disent : “non, je suis au milieu, au centre du monde que je VEUX incarner et dans lequel je veux vivre.”»

Mathieu vachon, réalisateur de En marge du monde

Tourner autrement

Pour adopter ce rythme particulier, l’équipe de tournage a eu la chance de partager le quotidien des participants pendant au moins une semaine. Une éternité en télévision.

«Si tu veux qu’il y ait quelque chose qui se passe, il faut aller dans la durée et la profondeur, croit le réalisateur Mathieu Vachon. Au début, on était un peu nerveux: est-ce qu’on peut faire un show télé d’une heure, avec un seul personnage, dans un seul endroit? Ce n’est pas ce qu’il y a de plus vendeur au départ. Mais le temps passé avec eux permettait d’aller en profondeur et de découvrir des choses extraordinaires, sur leurs motivations et la façon dont ils vivent.»

«On tournait du lever au coucher du soleil, c’était exigeant pour tout le monde, se rappelle Samian. Malgré la fatigue, ils se donnaient beaucoup. Ils ont été extrêmement généreux, et je crois que ça se sent dans les épisodes.»

Le tournage ne fut pas non plus de tout repos pour l’animateur, qui finalisait au même moment son quatrième album, Le messager, qui sera disponible le 6 septembre.

«C’était extrêmement difficile physiquement, se souvient-il. Avec la musique et la photographie, j’ai fait 15 ou 17 pays en 10 mois. Dix mois sur le décalage horaire!»

Tout cela alors que la famille s’agrandissait.

«Mon fils est né au début de l’aventure. Le lendemain de son arrivée à la maison, je partais pour tourner le deuxième épisode. Je me retrouvais à tourner avec une dame qui a quitté son mari et ses enfants pour vivre en marge, alors que moi, tout ce dont j’avais envie, c’était d’être à la maison avec ma petite famille. Ces gens-là ont mis beaucoup de choses en perspective dans ma vie.»

C’était d’ailleurs l’un des buts des créateurs de la série: amener le téléspectateur à se poser des questions sur son propre mode de vie. Et, éventuellement, à poser des gestes en conséquence.

«Si ça peut inciter les gens qui vont tomber dessus à s’écouter soi-même, à réaliser leurs propres rêves, au lieu d’écouter ce que la société leur  propose, ce sera ça de gagné», estime Samian.

«Ce sont des sources d’inspiration profondes, ajoute Mathieu Vachon. On sort changé d’un simple contact avec ces gens-là. Ça donne le sentiment que c’est possible, qu’on peut faire plus et assumer ses choix de façon plus radicale.»

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