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«Apapacho, une caresse pour l’âme»: aimer au-delà de la mort

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«Apapacho, une caresse pour l’âme», qui met notamment en vedette Fanny Mallette, prend l’affiche vendredi. Photo: axia films

Tourné au Québec et au Mexique, le film Apapacho, une caresse pour l’âme se situe également à la frontière de deux mondes: celui des morts et celui des vivants.

Estelle (Fanny Mallette) et Karine (Laurence Leboeuf) entament leur voyage annuel entre sœurs. Destination: le Mexique, plus particulièrement la région de Cuicatlán, reconnue pour ses forêts de cactus géants.

Une absence pèse toutefois très lourd sur le duo, celle de leur autre sœur, la cadette Lili (Eugénie Beaudry), qui s’est récemment enlevé la vie.

Le moment et le lieu choisi par Karine (à l’insu de son aînée Estelle, qui s’attendait à débarquer sur le bord de la plage!) ne sont pas anodins: les deux sœurs débarquent en pleine fête des Morts.

Durant plusieurs jours, les habitants de la région honorent leurs disparus en nettoyant leurs tombes, en les couvrant de fleurs colorées et même en leur préparant leurs repas préférés.

«J’ai découvert cette tradition un peu par hasard, à une époque où j’étais en deuil, comme les sœurs dans le film, relate la réalisatrice Marquise Lepage, qui porte également les chapeaux de scénariste et de productrice. Je m’attendais à pleurer, mais j’ai plutôt reçu la plus belle leçon de vie. Une leçon sur la façon de prendre soin de nos êtres chers après leur mort, sur la façon dont on peut continuer de les aimer, de les honorer et de leur faire plaisir. Je l’ai reçu comme un cadeau, ce qui m’a donné envie de faire le film.»

Celle qui est aussi documentariste (Martha qui vient du froid) insiste également sur le caractère très réjouissant de cette célébration, à des années-lumière de la conception occidentale du deuil. 

«C’est fait dans la joie, c’est tellement beau. Ça permet de transformer notre regard et de se poser des questions sur la manière dont on pourrait faire du deuil quelque chose de plus lumineux, de plus poétique.»

Ce caractère festif se transpose également dans le film, qui est riche en touches humoristiques et romantiques malgré son sujet grave. 

«Le deuil, c’est dur, et on a peur de rouvrir la plaie chaque fois qu’on pense au disparu, mais je pense que la fête des Morts produit l’effet inverse. C’est un moyen de continuer à se les rappeler. Comme s’ils ne mouraient jamais.» –Marquise Lepage, réalistice d’Apapacho, une caresse pour l’âme

Un peu (très) rébarbative à participer aux célébrations au départ, Estelle finit par se laisser entraîner par le charmant Jorge (Arturo Rios). De son côté, Karine vit une passion avec une collègue artiste mexicaine (Sofia Espinosa). Comme dans le film, la rencontre entre Québécois et Mexicains s’est déroulée à merveille en dépit des barrières linguistiques.

«On fait le même métier partout dans le monde. Même si on ne parle pas la même langue, le langage cinématographique est le même, rappelle Fanny Mallette. C’est une passion commune qui nous unit.»

Les artisans espèrent que le film apportera un point de vue nouveau sur la mort et un câlin pour l’âme (le sens littéral du terme autochtone apapacho) des endeuillés. 

«On peut se rappeler nos morts avec amour, bonheur et festivités, souligne l’interprète d’Estelle. Le deuil peut être plus proche de nous, plus proche de la vie.»

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