7e Ciel: Cette semaine, Métro craque pour «Faits divers», «Parasite», «La grosse laide»…
Dans le 7e Ciel de cette semaine, la rédaction de Métro vous propose ses coups de coeurs.
1- Gros plan, de Korine Côté
Vous êtes-vous déjà glissé dans la peau d’un diaphragme – pas le muscle, le contraceptif? Korine Côté le fait dans son hilarant deuxième spectacle solo. Maternité, vomi, pilule du lendemain, anatomie, vieillesse, santé mentale… Tous les sujets sont bons pour la sympathique humoriste, qui livre sur scène de délicieuses observations. Le succès de sa réussite? Un ton amical, un rythme redoutable, ponctué de juste ce qu’il faut de silence, des personnifications étonnantes et des effets sonores drôlement précis – sa comparaison entre le bruit d’une personne qui ronfle et celui d’une messe satanique est à pleurer de rire. Ajoutez à cela une grande dose d’autodérision et de croustillantes anecdotes et, promis, vous rirez aux éclats toute la soirée, comme l’a fait le public de sa première médiatique mardi. Marie-Lise Rousseau
2- Parasite
Le Coréen Bong Joon-ho (que le collaborateur Martin Gignac a eu la chance d’interviewer) mérite amplement la Palme d’or qui lui a été décernée pour ce film prodigieux. Tout y est époustouflant, à commencer par l’histoire de cette famille démunie qui vit entassée dans un demi-sous-sol et qui réussit astucieusement à se faire embaucher dans l’immense maison d’une famille riche. Le destin improbable de ces personnages, présenté dans un mélange de genres très habile (drame social, comédie, suspense et horreur, tout y est) nous tient en haleine jusqu’à la toute fin.
À l’affiche dès aujourd’hui. Marie-Lise Rousseau
3- Faits divers, saison 3
On retourne à Mascouche pour la troisième édition des petites magouilles de Faits divers, une série qui gagne en vitesse et en qualité d’une saison à l’autre depuis ses débuts. Cette fois, on ajoute aux crapules de banlieue des empreintes extraterrestres, des dindons et une fantaisie très divertissante sur la rançon de la gloire. C’est vraiment bien ficelé et joué avec aplomb par toute la distribution. Ça se dévore aussi vite qu’une bonne soupe chaude, et ça vient d’être mis en ligne. Sur ICI TOU.TV Extra. Stéphane Morneau
4- La grosse laide
L’art a un surprenant pouvoir de guérison, et ce roman graphique en fait une puissante démonstration. L’illustratrice Marie-Noëlle Hébert a transformé la haine et le mépris que lui a longtemps suscités son corps en moteur de création pour ce bouleversant premier ouvrage, porté par de sublimes images conçues au crayon de plomb, qui confèrent à son récit un réalisme et une beauté à couper le souffle. De son récit personnel d’abord très sombre jaillissent ainsi une lumière et une bouffée d’espoir. Aux éditions XYZ. Marie-Lise Rousseau
5- L’histoire ne s’arrête pas là
Les bons balados traitant d’histoire ne manquent pas par les temps qui courent. L’histoire ne s’arrête pas là, une production d’ICI Première, renouvelle la formule en déterrant des épisodes méconnus de notre passé et en les racontant de façon originale. Avec doigté, le réalisateur et animateur André Martineau réussit à faire dialoguer entrevues et extraits d’archives pour faire revivre ces moments oubliés. Mieux, il les rend actuels en les questionnant avec un regard contemporain. Benoit Valois-Nadeau
6- La partie de moi qui tremble
Le trop méconnu auteur-compositeur-interprète gaspésien Guillaume Arsenault offre sur son sixième album un aperçu de toutes les possibilités qu’offre le folk contemporain: des ambiances intimistes, une poésie dépouillée («J’ai construit des structures de phrase avec des 4 par 8 d’intangible») et des bidouillages électros qui nous sortent de la formule guitare + voix. Un voyage en 11 chansons entre nostalgie et espoir qui se termine avec la superbe Fragments, chanson d’adieu à un proche qui s’éteint. À découvrir. Au Ministère le 12 novembre dans le cadre de Coup de cœur francophone. Benoit Valois-Nadeau
7- Séquelles?, de Plume Latraverse
On ne vous fera pas croire qu’à 73 ans, Plume Latraverse respire encore la jeunesse et qu’il se tient droit comme un chêne. Non, le grand flanc mou est plutôt croche (ne l’a-t-il pas toujours été?) et il a sérieusement besoin de glucosamine pour que ses doigts rongés par l’arthrite tiennent le coup. Mais il est encore là! Toujours aussi bourru, Mononc’ Pluplu présente dans Séquelles? un medley endiablé qui englobe toutes les phases de sa longue et fructueuse carrière. Un monument de la chanson à voir au moins une fois dans sa vie. Ce soir et demain à la Cinquième salle de la Place des Arts. Supplémentaire le 8 avril au Théâtre Maisonneuve. Benoit Valois-Nadeau
Et on se désole pour…
Les drames familiaux et la façon d’en parler
Encore une fois cette semaine, l’actualité a été marquée par un geste
abject qu’on a parfois qualifié dans les médias de «drame familial», en l’occurrence le meurtre de deux enfants par leur père à Tétreaultville. Ne faudrait-il pas laisser tomber l’expression «drame familial», tout comme la formule «crime passionnel»? Entendons-nous, ces meurtres n’ont rien à voir avec la famille ou la passion. Ce sont plutôt le résultat d’une violence conjugale, le plus souvent exercée par des hommes, contre les femmes et les enfants. Même si c’est horrible, il faut parfois nommer les choses par leur nom. Benoit Valois-Nadeau