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Plan d’aide pour la culture: «des bouffées d’oxygène» pour les arts

Les musiciens de l'OSM en répétition
Les musiciens de l'OSM Photo: Orchestre symphonique de Montréal / Collaboration spéciale

Après plusieurs semaines d’attente, le premier ministre François Legault et la ministre de la Culture Nathalie Roy ont dévoilé hier un plan de 400 M$ pour aider le secteur culturel à traverser la pandémie de COVID-19. L’annonce a été reçue avec un certain soulagement par le milieu artistique, mais aussi avec beaucoup de questions..

Très attendu, le plan prévoit aussi que le secteur de la production audiovisuelle, soit les tournages de cinéma et de télévision, pourra reprendre l’ensemble de ses activités dès le 8 juin.

La ministre Roy s’est également dite confiante de pouvoir permettre la réouverture des lieux de diffusion (théâtre, salles de spectacles, cinéma) avec un nombre restreint de spectateurs d’ici le 24 juin.

Des annonces subséquentes à ce sujet seront faites dans les prochains jours, a-t-elle assuré.

Le plan de relance comprend près une somme de 290 M$ pour l’exercice 2020-2021, dont 110 M$ en investissements additionnels pour l’année financière en cours.

De ce nombre, 91,5 M$ iront à la production cinématographique et télévisuelle, 71,9 M$ aux entreprises et organismes culturels qui ont dû fermer leurs portes, 50,9M$ aux arts de la scène dans la création et la diffusion de «spectacles innovants»  et 33,5 M$ pour le secteur de la musique.

La majorité des fonds sera distribuée par la SODEC par appel d’offres.

«Nos artistes sont capables d’être créatifs pour qu’on continue de les voir, a insisté François Legault. Un bon 300 M$ est disponible pour toute sorte de captation : des émissions de télévision, des films, des pièces de théâtre, des concerts, des projets de danse. On veut aussi aider à développer des plateformes numériques.»

Le gouvernement n’entend pas compenser directement les pertes des artistes qui ont vu leurs projets stoppés par les mesures de confinement.

L’État a cependant prévu la création d’un fonds d’urgence de 6M$ pour les artistes qui sera géré conjointement par l’Union des artistes (UDA) et la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ).

«On croit que cette annonce donnera de l’espoir aux artistes de tous milieux confondus, a mentionné la ministre Roy. C’est un nouveau départ et un puissant outil pour les aider à ce qu’ils font le mieux : créer.»

Accueil favorable

Cette annonce a été généralement bien accueillie par les organismes culturels hier.

«Je suis encouragé, a dit en marge du point de presse gouvernemental Yannick Nézet-Séguin, chef et directeur artistique de l’Orchestre métropolitain. C’est un excellent premier pas qui touche à beaucoup d’aspects. Ce n’est pas parfait, mais on nous dit que le plan est perfectible. L’important, c’est qu’on puisse recommencer à travailler rapidement.»

«Je vois dans tout cela beaucoup d’opportunités de donner du travail bientôt à un paquet d’artistes, a soutenu Luc Fortin, président de la GMMQ. Le Fonds d’urgence ne pourra jamais compenser tout ce qui a été annulé, on parle de dizaines de millions dollars, mais on pourra au moins aider ceux qui ont été exclus de la PCU (Prestation canadienne d’urgence) et qui sont vraiment mal pris. C’est déjà ça.»

M. Fortin a également salué la perspective de voir les salles de spectacles rouvrir leurs portes à court terme dans le respect des règles sanitaires recommandées par la Santé publique.

Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) «se réjouit» également de ce plan, qui s’accompagne d’une enveloppe de 46 M$ qui lui permettra de mettre en œuvre de nouvelles mesures pour soutenir les artistes.

«Ce soutien apportera un souffle nouveau aux artistes et aux organismes en leur donnant les moyens de créer en s’adaptant aux conditions particulières de la COVID-19 et aux normes sanitaires», a souligné l’organisation dans un communiqué.

«Je ne peux pas tout de suite rassurer les 30 000 signataires de la lettre. Et comme directeur de théâtre, je ne sais pas encore si je vais devoir annuler ma saison.»

Olivier Kemeid, directeur du Quat’Sous et auteur de la lettre «Pour les arts vivants»

L’ADISQ, qui représente les industries du disque, du spectacle et de la vidéo, a également bien accueilli ces «bonnes nouvelles». Selon l’association, les sommes annoncées «reconnaissent l’ampleur des défis à venir».

La présidente de l’Union des artistes, Sophie Prégent, s’est réjouie de la reprise prochaine des tournages. «C’est une pression qu’on enlève sur le milieu», a-t-elle dit en insistant sur l’observation stricte des règles de sécurité de la CNESST.

L’association professionnelle des diffuseurs de spectacles, RIDEAU, a qualifié de «bouffées d’oxygène» les annonces du gouvernement. «En revanche, nous avons hâte de voir comment se traduira l’aide accordée aux diffuseurs qui, au final, ajoutent de la valeur à toute la chaîne », a nuancé son président, David Laferrière.

Encore des questions

En entrevue avec Métro, le directeur du Théâtre de Quat’Sous  Olivier Kemeid, s’est dit «soulagé, enfin, que la culture ait sa place dans une conférence de presse», mais déplore un flou au sujet de certaines annonces. «On a encore beaucoup de questions sur nos besoins criants.»

Le metteur en scène a publié la semaine dernière une lettre adressée à la ministre Roy dans laquelle il lui reprochait son silence et son manque de considération pour les arts de la scène. S’il sent que la «grogne» a été entendue, il note une certaine mécompréhension du milieu théâtral de la part du gouvernement.

«On martèle depuis le début qu’on a besoin de trois mois pour monter un spectacle, et là on parle de rouvrir les salles aussi vite que le 24 juin», cite-t-il en exemple.

Avec François Carabin et Marie-Lise Rousseau

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