Ciné-parcs: faire le plein de nostalgie
Associés à une époque révolue, les ciné-parcs pourraient bien faire un retour en force, pandémie oblige. Ça tombe bien, la chaîne Historia propose dès vendredi une série sur l’histoire de ces endroits bien spéciaux du Québec.
Alors qu’on en trouvait une quarantaine il y a quelques années, il ne reste que cinq ciné-parcs dans la province aujourd’hui.
Une vue sous les étoiles va à la rencontre des passionnés qui tiennent à bout de bras ces lieux mythiques, de Saint-Eustache à Chandler, en Gaspésie, en passant par Val-Morin, Mont-Saint-Hilaire et Orford.
La série en huit épisodes raconte simultanément l’histoire du développement des ciné-parcs au Québec. Une aventure qui s’amorce avec beaucoup de retard si on la compare avec celle de nos voisins canadiens ou américains.
En effet, il a fallu attendre le début des années 1970 et le gouvernement de Robert Bourassa pour que les drive-ins fassent leur apparition dans la Belle Province.
C’est presque 40 ans après l’invention du concept aux États-Unis!
Il faut dire que l’Église catholique considérait à l’époque les ciné-parcs comme des «lieux de perdition» et pesait de tout son poids pour retarder leur arrivée chez nous.
«La série est parfaitement d’actualité parce que les ciné-parcs font un retour, mais aussi parce que le ton employé va faire du bien après tout ce qu’on a traversé.»Louis-François Grenier, scénariste d’Une vue sous les étoiles
Semblerait-il que la noirceur et l’intimité de l’automobile favorisaient trop les «rapprochements» au sein des couples non mariés…
Le premier épisode d’Une vue sous les étoiles est d’ailleurs consacré à la réputation sulfureuse (justifiée dans certains cas!) des ciné-parcs.
D’autres épisodes sont dédiés aux entrepreneurs derrière ces institutions, aux changements technologiques et même à la nourriture servie sur place.
«C’est un sujet très riche en archives. Au-delà des anecdotes, ça nous en dit beaucoup sur la progression de l’automobile et du cinéma», soutient Louis-François Grenier, scénariste de la série réalisée par Joëlle Desjardins Paquette.
Les ciné-parcs, une industrie fragile
L’âge d’or des ciné-parcs dans la province se situe dans les années 1970 et 1980.
C’est d’ailleurs avec plaisir qu’on écoute les ex-propriétaires interrogés se remémorer les cohues provoquées par la projection de films comme E.T. l’extraterrestre ou Un amour de coccinelle (pas la version avec Lindsay Lohan, évidemment).
La concurrence de la télévision, l’invention de la vidéo maison, l’étalement urbain et l’augmentation des prix de l’essence ont toutefois mis à mal une bonne partie de l’industrie. Il y a quelques années, c’est le passage du projecteur à bobines vers le format numérique qui a signé l’arrêt de mort de plusieurs ciné-parcs québécois.
«C’est la technologie imposée par les majors américains qui a fait le plus mal, explique Louis-François Grenier. Ce sont des exploitants qui peuvent ouvrir seulement trois ou quatre mois par année. C’est loin d’être tous les propriétaires qui avaient
les moyens d’investir 100 000, 150 000 ou même 200 000$ pour faire la transition.»
Malgré tout, les propriétaires demeurent très optimistes pour l’avenir. Et avec une offre de divertissement estival pour le moins limitée, les affaires pourraient être bonnes cet été. Des ciné-parcs temporaires sont d’ailleurs dans les plans à Dorval, Vaudreuil-Dorion et Québec.
«Avant la crise, les gens de l’industrie avaient déjà noté un regain d’intérêt pour les ciné-parcs, avoue Louis-François Grenier.
«C’est porté par une vague nostalgique. On peut comme le retour de Passe-Partout, on veut que nos enfants vivent les mêmes expériences que nous dans notre jeunesse. Ça reste un loisir abordable pour une famille. Le prix d’entrée inclut toute la famille, on peut apporter toute la nourriture qu’on veut… Qu’est-ce qu’on peut demander de mieux?»
Une vue sous les étoiles: les vendredis 21h sur la chaîne Historia