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Le Cirque du Soleil vendu à ses créanciers: une bonne nouvelle pour les artisans impayés

Cirque du Soleil
Le spectacle Ovo, du Cirque du Soleil, en 2016 Photo: Josie Desmarais/Métro

La vente du Cirque du Soleil à ses créanciers pourrait permettre à ses artisans impayés d’enfin toucher le salaire qui leur est dû depuis la mi-mars.

Mardi, la proposition d’achat des créanciers de l’entreprise, menés par la firme Catalyst Capital Group, n’a pas été surpassée.

L’entreprise torontoise met donc la main sur le Cirque dans une entente qui exclut les anciens actionnaires du Cirque, soit le fonds américain TPG Capital, la firme chinoise Fosun et la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«On s’est assuré auprès de Catalyst qu’il respecte l’engagement pris par les actionnaires précédents, soit de nous payer à 100%», a mentionné Gabriel Dubé-Dupuis, porte-parole du Regroupement des artisans des arts du cirque du Cirque du Soleil.

«D’après ce qu’on a vu dans les documents de cour et ce qu’on a compris auprès du Cirque, l’engagement tient.»

Le Regroupement rassemble plus d’une centaine de personnes (acrobates, metteurs en scène, scénographes, chorégraphes, techniciens) qui attendent toujours d’être payées pour du travail effectué avant la pandémie et l’interruption des activités du Cirque.

«On souhaite que les nouveaux propriétaires se rapprochent un peu plus de ses valeurs qui ont fait le succès du Cirque du Soleil , des valeurs artistiques, sociales et économiques. Dans les dernières années, on se concentrait surtout sur le pôle économique. On a besoin de rééquilibrer un peu les choses» – Gabriel Dubé-Dupuis, directeur de création au Cirque du Soleil

Ils réclament au total une somme de 1,5 M$. Les paiements peuvent varier de quelques centaines à plusieurs milliers de dollars.

Les détails financiers de l’entente avec Catalyst ne sont pas connus, mais la dette totale du Cirque du Soleil s’élèverait à près d’un milliard de dollars américains.

Participation québécoise

Le Cirque a été fondé à Baie-Saint-Paul en 1984 par Gilles Sainte-Croix et Guy Laliberté. Devenu actionnaire majoritaire, ce dernier a vendu ses parts à TPG Capital et à Fosun en 2015.

Pour la première fois depuis sa fondation, le Cirque est donc dénué de toute participation financière québécoise.

«C’est certain que ça fait un petit pincement au cœur, mentionne Gabriel Dubé-Dupuis, qui est directeur de création au Cirque. La fibre québécoise est importante au Cirque du Soleil et va toujours l’être. Mais on ne sait pas ce qui va arriver dans les prochains mois. Un joueur québécois pourrait-il se greffer à tout ça? C’est fort possible.»

«Le Cirque du Soleil existe grâce au talent québécois. Cela serait étonnant qu’un nouvel actionnaire déménage le Cirque et l’amène ailleurs parce que le talent, la créativité, c’est à peu près tout fait ici», mentionne Stéphane Lavoie, directeur-général de la TOHU.

Un sort lié à la pandémie

En attendant, la relance du Cirque est directement liée à la pandémie de COVID-19.

L’émergence du coronavirus a forcé le Cirque du Soleil à interrompre l’ensemble de ses spectacles sur la planète et à licencier 95% de ses employés,soit presque 4 000 personnes.

L’entreprise s’est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) le 29 juin dernier.

«Pour l’instant et jusqu’à preuve du contraire, c’est interdit de donner des spectacles, rappelle Gabriel Dubé-Dupuis. Il faut avoir les reins solides pour bien restructurer et repenser les activités pour que le Cirque du Soleil reprenne de la vigueur lorsque la situation sanitaire va le permettre.»

«Les casinos de Las Vegas ne sont pas sur le point de reprendre leurs grands spectacles. Le Cirque du Soleil doit être le maitre de son propre succès. Il a tous les artisans nécessaires pour le faire.»

«Le Cirque a toujours été très impliqué dans sa communauté, dans Saint-Michel, auprès des artistes , et de la relève. Est-ce que le nouvel actionnaire va vouloir poursuivre dans cette direction, c’est ce qu’on va savoir dans les prochaines semaines», questionne Stéphane Lavoie.

«[Le cirque est] un art profondément collectif, qui fonctionne dans une communauté. Chaque compagnie, chaque artiste fait partie de cette communauté. On a donc le beau-frère qui vient d’arriver dans la famille et on a hâte de le connaître pour voir comment on va reprendre le chemin du travail ensemble.»

– Avec Alice Chiche

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