Simone Simoneau, émanation fictive de Valérie Plante
La mairesse de Montréal Valérie Plante publie ce vendredi sa première bande dessinée, Simone Simoneau Chronique d’une femme en politique, aux Éditions XYZ. Ce projet, à la fois radieux et ambitieux, est le fruit d’une collaboration avec l’illustratrice Delphie Côté-Lacroix.
Changement de registre. Enfin, presque. Cette fois, c’est l’autrice Valérie Plante que nous avons rencontrée pour discuter de Simone Simoneau, son alter ego imagé. Sissi – c’est comme ça que tout le monde l’appelle – est une Montréalaise impliquée dans son quartier. C’est aussi l’héroïne de cette Chronique d’une femme ne politique, inspirée du parcours de la mairesse et co-scénarisée avec son acolyte Delphie Côté-Lacroix.
Simone Simoneau et Valérie Plante ont en effet en commun de se lancer en politique alors que rien ne les y destinait. C’est ainsi que les deux femmes deviennent candidates aux élections municipales, avec les contraintes des rouages du milieu. Le sexisme, peut-être?
«Celles qui étaient là avant moi, en politique, menaient un combat contre un sexisme violent. On disait aux femmes à l’époque de retourner dans leur cuisine… Aujourd’hui on a évolué, mais il n’en demeure pas moins de misogynie», reconnaît volontiers Valérie Plante. Et d’ajouter «je voulais montrer un sexisme insidieux, mais pas nécessairement conscient, et qu’il y a encore des biais, des stéréotypes à surmonter».
Avec subtilité, Sissi raconte, entre autres, à sa mère que son «chum reçoit beaucoup de soutien, d’encouragements pis de plats cuisinés. Si c’était lui qui était candidat, je pense pas que j’en recevrais autant, parce que c’est normal pour une femme de soutenir son homme en gérant tout le reste». Voilà un bel exemple de la charge mentale. «C’est vraiment une conversation que j’ai eue avec mon mari. Il me disait pendant ma campagne “tsais Val, t’es pas là et c’est un peu plus difficile. Mais si tu savais tout le support que j’ai!”», précise la mairesse qui évoque l’importance de nommer les choses telles qu’elles sont.
«La COVID, c’est dur, tant mentalement que physiquement. La lecture fait partie de ces belles choses qui nous font du bien, et ce livre, qui est fini depuis décembre 2019, est porteur d’espoir. Je revendique donc le droit d’avoir des loisirs et de prendre soin de moi. Je ne vais pas m’excuser pour ça.» Valérie Plante à propos des critiques entourant la sortie de Simone Simoneau
Si dénoncer en douceur les travers de la politique était bien une volonté de Valérie Plante, elle voulait aussi en montrer l’arrière-scène. «L’engagement citoyen, c’est fort. Simone Simoneau est un message d’amour pour les bénévoles sans qui tout ceci n’aurait pas été possible», s’enthousiasme celle qui s’interdisait d’écrire «la politique municipale pour les nuls».
«Valérie m’a laissé carte blanche. J’ai choisi des couleurs vives intuitivement pour qu’on sente le côté ludique et l’esprit joyeux de Simone Simoneau», souligne Delphie Côté-Lacroix qui évoque «une collaboration très énergisante».
Les deux créatrices étaient également très attachées à la diversité des corps, des âges, des ethnies, qui font partie de l’ADN de Montréal. «L’enjeu de représentation est essentiel. C’est important que des jeunes filles trouvent la politique accessible. Beaucoup peuvent s’identifier à Valérie Plante comme à Simone Simoneau», croit l’illustratrice. La mairesse, elle, estime que «chaque citoyen peut faire la différence», en devenant allié des femmes et des minorités visibles notamment.
Enfin, avec cette BD, Valérie Plante veut surtout dire aux gens de suivre leur instinct. «Si on regarde mon passé, je n’étais pas censée faire de la politique et, maintenant, je suis de la mairesse. Il faut se faire confiance pour apprendre les codes», dit-elle. Et les changer aussi, sûrement.