«Comme un bon médicament!»: à Montréal, la joie de retrouver le chemin des musées
«Comme un bon médicament!»: des Québécois en manque d’art ne cachaient pas leur excitation et leur soulagement jeudi dans les allées du Musée des Beaux-arts de Montréal, de nouveau ouvert au public après de longs mois de confinement.
«Notre première visiteuse !», s’exclame Stéphane Aquin, le directeur du musée, en applaudissant Sylvie Sills. «C’est historique!».
Cette retraitée de 57 ans se dit «vraiment émue de retourner au musée» et explique qu’elle ne voulait pas manquer l’exposition du peintre canadien Jean-Paul Riopelle (1923-2002). «C’était trop long», ajoute-t-elle.
Les musées avaient été contraints de refermer leurs portes le 1er octobre, en même temps que les bars, restaurants, cinémas et bibliothèques, au moment où les cas de coronavirus grimpaient fortement dans la province, alors la plus touchée par la pandémie au Canada.
Le Musée des Beaux-arts de Montréal, ou MBAM, qui recevait autour de 3000 à 4000 personnes lors des meilleures journées avant la crise, n’en accueillera plus qu’environ 800 quotidiennement, distanciation physique oblige.
«Les musées sont un des lieux les plus sûrs que vous pouvez imaginer pour ce qui est des rencontres publiques, des expériences publiques», affirme à l’AFP M. Aquin.
Terminées les ventes de billets sur place, les visiteurs doivent réserver en ligne. Au sol, des marquages appellent à maintenir une distance de deux mètres. Les bancs ont disparu des salles d’exposition pour éviter les attroupements, mais des sièges pliants sont à la disposition du public.
«C’est comme un bon médicament, une bouffée d’air frais… Ça fait du bien d’être sorti !», souligne Richard Cassidy, 45 ans.
«C’est quelque chose qui m’a manqué beaucoup », confirme Colette Richer, 61 ans, abonnée au MBAM. « Même si on peut voir les expositions en virtuel, par internet, ça fait toujours du bien de les voir en vrai, d’être présent, on ressent plus les œuvres».
Du côté du personnel aussi, l’heure est à l’allégresse. Employé du musée depuis trois ans, Louis-Philippe Ouellette, superviseur du service à la clientèle, jubile.
«C’est très spécial surtout après autant de mois en confinement de pouvoir revoir nos coéquipiers, de pouvoir revoir les œuvres du musée et les nouvelles expositions qui sont présentées au public. C’est très excitant», explique le jeune homme de 24 ans.
La réouverture permet aussi de redonner du souffle à cette institution montréalaise, qui a malgré tout réussi à préserver les emplois.
«La fermeture coûte cher au musée parce qu’évidemment on n’a pas de ventes de billets», confirme M. Aquin. «On aura besoin du soutien du gouvernement pour nous aider à retrouver l’équilibre budgétaire»;
Egalement concernés par le déconfinement partiel, les commerces non-essentiels de la province, fermés depuis le 25 décembre, ont pu rouvrir lundi.