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L’insaisissable Hildegard

Hildegard
Helena Deland et Ouri forment le duo Hildegard Photo: Josie Desmarais/Journal Métro

Le duo Hildegard dévoilera vendredi un premier album éthéré et extatique. Rencontre avec Ouri et Helena Deland, artistes montréalaises aux origines du projet musical et féministe.

«Documenter l’énergie qui émane entre nous deux.» Voilà comment la multi-instrumentiste — qui manipule aussi bien le violoncelle que les synthés — et productrice Ouri décrit Hildegard, groupe qu’elle forme avec sa complice Helena Deland. Et quelle énergie! Quelque part entre le crépuscule et l’aurore, le présent et le passé, la contemplation et l’exaltation, l’électronique et l’instrument, elles nous offrent ainsi dans un écrin vaporeux leur univers sensationnel, de l’abrupt Jour 1 à l’onirique Jour 8.

Tout a commencé pour les deux musiciennes et amies à la fin d’un été, trois ans en arrière. «On était super énergisées et Hildegard s’est canalisé là-dedans. On y parle beaucoup du plaisir et du soulagement de faire quelque chose entre femmes», explique Helena Deland.

Ouri évoque aussi une spontanéité essentielle à cette collaboration. «On travaille ensemble de façon non préparée, non planifiée. On n’avait aucune idée qu’on allait devenir un band. Ça s’est révélé à la fin de nos huit jours en studio», précise-t-elle. «On était dans une espèce d’environnement de jeu en musique et d’expérimentation. C’est rare», se rappelle quant à elle l’autrice-compositrice-interprète de Someone New.

Cette dernière souligne d’ailleurs l’importance de la coexistence et de l’intensité chez Hildegard. «Ne serait-ce que par la présence l’une de l’autre, c’en est moins un focus sur chacune», dit-elle. Pour Ouri, l’évidence y est aussi pour beaucoup. «Il n’y avait aucune intention poussée, ou un déséquilibre entre nous.»

«Hildegard n’est pas formatée pour l’écoute. C’est ce qui la rend intéressante.» – Helena Deland

L’esprit Hildegard

«On retrace notre intérieur émotionnel et ce qu’on éprouvait au moment de l’enregistrement avec authenticité, mais également une légère dissociation», poursuit Ouri. Et la compositrice et figure médiévale Hildegard von Bingen n’y est pas étrangère. Bien au contraire.

«Cette abbesse a vécu au XIIe siècle. Elle a eu des visions dès son très jeune âge, et est devenue puissante grâce à celles-ci. C’est aussi une philosophe de la guérison et du plaisir féminin. Il y a comme une pulsion de vie qui semble animer son travail», commente Helena Deland qui a découvert ses cantiques de l’extase sur les conseils d’Ouri.

Pour la paire, cette Hildegard représente donc ce vers quoi elle aspire, tant musicalement que dans les thèmes. «Son espérance mystique et son féminisme proposent une perspective joyeuse et légère, contrairement à ses contemporains qui exploraient plutôt des sujets extrêmement sombres et lourds à travers leurs compositions», ajoute Ouri. Selon elle, l’utilisation de la voix et des instruments classiques «ramène quelque chose d’assez compréhensible, mais de très vivant et expérimental».

Avec Hildegard — on parle du duo 100% féminin cette fois — l’occasion est aussi donnée de faire entendre les femmes en musique tout en restant inclusif. «C’est génial de travailler avec des hommes, mais il est également important de montrer de c’est possible et tendre la main à celles qui ont envie de le faire. Il n’y a pas besoin de se mettre de pression», dépeint Ouri.

Vibrer ensemble

«Ce qu’on partage est tellement multiple et profond! L’excitation qu’on entend dans notre musique vient de là: se retrouver entre femmes et en être inspirées, rapporte Helena Deland. Début vingtaine je ne comprenais pas vraiment pourquoi il y avait des endroits privilégiés, n’en ayant jamais connu. C’est intéressant maintenant de n’avoir aucun doute sur la pertinence de ces expériences-là.»

Pour la suite, Ouri envisage de continuer à puiser dans leur énergie, mais de manière différente peut-être. «Hildegard nous a tellement amené à chacune. On a envie de voir comment on peut surpasser les prochains défis qui vont se présenter à nous». Helena Deland se souvient pour sa part de l’inspiration, de la liberté et du courage procuré par le groupe, mais aussi de la capacité à créer ensemble, bien au-delà de leurs limites et de leurs croyances.

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