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SNC-Lavalin: de Pablo Escobar à la dictature libyenne

Vincent Larouche à Tout le monde en parle. Photo: Capture d'écran

Le livre La saga SNC-Lavalin : un thriller géopolitique retrace les déboires de l’entreprise québécoise d’ingénierie SNC-Lavalin qui s’est rendue coupable de corruption. Le journaliste Vincent Larouche dévoile comment l’arrestation d’un lieutenant du baron de la drogue colombien, Pablo Escobar, ou la chute du régime dictatorial libyen de Mouammar Kadhafi, ont mené à la révélation du scandale de la corruption.

Le journaliste Vincent Larouche, s’est efforcé de retracer les événements charnières qui ont permis de révéler au grand jour le scandale. Le point de départ arrive avec l’arrestation de José Manuel Ramos, un homme de main du trafiquant de drogue colombien, Pablo Escobar.

«Au début des années 90, un groupe d’enquêteurs américain arrêtent ce lieutenant de Pablo Escobar et réalisent une saisie record de cocaïne. Ils lui ont dit : « Écoute, la drogue on l’a, ce qui nous intéresse, c’est la route de l’argent »», explique Vincent Larouche en entrevue à Tout le monde en parle. En échange d’une réduction de sentence, celui-ci accepte de devenir leur informateur et de les aider à trouver «la trace de l’argent». Petit à petit, l’homme collabore aussi avec les autorités suisses, et le nom de SNC-Lavalin ressort dans leurs investigations sur des allégations de pot-de-vins.

C’est la chute du régime libyen qui a entraîné la révélation des agissements de corruption perpétrés par des employés de la firme. Le journaliste explique que SNC-Lavalin «a déroulé le tapis rouge pour charmer» un des deux fils de Mouammar Khadafi afin de limiter les «problèmes de paiements et faire des bons profits» concernant les ouvrages que la société réalisait en Libye. Des dizaines de millions auraient été dépensés en yachts, escorts, drogue etc.

«La Libye représentait une énorme proportion de leurs revenus, avec des marges de profits plus grosses que dans d’autres pays grâce à leur relation privilégiée avec deux fils de Khadafi. Cela leur a permis d’obtenir des contrats sans appel d’offre»

Vincent Larouche, auteur de La saga SNC-Lavalin : un thriller géopolitique

Mais lorsque le régime est tombé, «cela a entraîné la chute» de SNC-Lavalin. «Tout ça, c’était rendu trop gros. Ça commençait à fuir de partout et la compagnie a décidé de se dissocier de ces employés délinquants et a coupé les ponts avec eux.» La société s’est empêtrée dès lors qu’elle a accepté de rétribuer des «agents commerciaux» via des «compagnies coquilles dans des paradis fiscaux».

«Ils avaient des agents commerciaux, ou des consultants disons, qui les aidaient à obtenir des contrats dans plusieurs pays. Mais certains demandaient à être payés via des paradis fiscaux. Le fait qu’on accepte de payer des consultants dont on ignore [tout], ça fait qu’on ne peut pas vérifier qui se cache derrière la compagnie, on peut pas vérifier si c’est en fait un corrupteur qui donne de l’argent à un gouvernement. Ça ouvre la porte à toute sorte de manœuvre criminelle», explique Vincent Larouche.

Vincent Larouche, auteur de La saga SNC-Lavalin : un thriller géopolitique

Le livre mentionne que la société a continué à faire des pots-de-vins sur le territoire canadien. L’ex-président de la compagnie, Jacques Lamarre, a toujours nié être au courant de ces agissements de corruption. Il n’a pas été accusé même si des enquêteurs de la GRC estimaient le contraire. «Les procureurs ont jugé que la preuve n’était pas assez solide, car les personnes qui le dénonçaient étaient elles-mêmes des personnes qui n’avaient pas une feuille de route très crédible. Si on écoute sa version [il dit] ne pas avoir vu tout ce qui se passait sous son nez quand il dirigeait. Les montants versés étaient d’une ampleur gigantesque, explique M. Larouche».

«Un livre passionnant, captivant mais tellement violent qui relate les déboires de ce fleuron du génie québécois», selon les mots de l’animateur de Tout le monde en parle, Guy A. Lepage.

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