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Trois raisons de voir le documentaire «Une fois c’t’un Noir»

Sept humoristes participent au documentaire «Une fois c't'un Noir» Photo: Bell Média

«Une fois c’t’un Noir». Ce début de blague de très mauvais goût, Normand Brathwaite, Anthony Kavanagh, Michel Mpambara, Boucar Diouf, Eddy King, Erich Preach et Garihanna Jean-Louis l’ont trop souvent entendu.

Dans le documentaire du même nom, ces humoristes témoignent de l’évolution de la place des Noir.e.s en humour au Québec. Voici trois bonnes raisons de le visionner.

Pour mesurer le chemin parcouru

Bien qu’il ait incarné le premier personnage noir à la télévision québécoise dans Chez Denise à la fin des années 1970, ce qui est historique en soi, Normand Brathwaite reconnaît qu’il y jouait «l’Haïtien de service».

Pour le public de l’époque, il était «le p’tit Noir», se souvient-il. Ce rôle a néanmoins ouvert la porte des mythiques Samedi de rire à celui qui devint plus tard l’animateur vedette de Piment fort puis de Belle et Bum.

À un moment ou à un autre de leurs carrières, les humoristes noir.e.s du Québec ont fait face au racisme. Parlez-en à Anthony Kavanagh, qui raconte dans le documentaire avoir souvent reçu des «compliments» de spectateurs lui disant: «T’es le seul Noir que j’aime.»

Lorsqu’il a commencé à animer Des kiwis et des hommes en 2007, Boucar Diouf recevait des tonnes de courriels critiquant son accent. «On comprend rien de ce que tu dis», lui reprochait-on.

Eddy King s’est quant à lui carrément fait refuser l’admission à l’École nationale de l’humour parce qu’il faisait de l’humour soi-disant «ethnique», créneau déjà occupé par Rachid Badouri, lui a-t-on dit.

Pour mettre en lumière l’absence de femmes

Les femmes noires brillent par leur absence dans l’industrie de l’humour au Québec. Ça se reflète dans Une fois c’t’un Noir, qui ne donne la parole qu’à une seule humoriste noire, Garihanna Jean-Louis.

Encore peu connue du grand public, l’humoriste d’origine haïtienne est la première femme noire diplômée de l’École nationale de l’humour. La directrice générale et fondatrice de l’établissement, Louise Richer, lui a personnellement offert une bourse il y a quelques années.

Garihanna Jean-Louis raconte s’être souvent sentie «pas à sa place» et «incomprise» lors de ses études, et ce, simplement parce que le vécu qu’elle racontait dans ses numéros était différent de celui de la majorité.

Souvent, je me suis sentie invalidée.

Garihanna Jean-Louis, qui dit être considérée comme «trop québécoise» pour le public haïtien et «trop haïtienne» pour le public québécois.

Étant une des rares femmes noires dans l’industrie de l’humour au Québec, Garihanna a encore aujourd’hui l’impression d’être invitée sur des plateaux pour que soit atteint un quota. «Je remplis deux cases: la personne racisée et le sexe féminin.»

Son témoignage montre qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire.

Pour célébrer la solidarité

Basé sur des entrevues menées par le comédien Frédéric Pierre avec chacun.e des humoristes nommé.e.s plus haut, Une fois c’t’un Noir permet de prendre conscience de la solidarité qui existe dans cette industrie, malgré sa nature compétitive.

Ainsi, Anthony Kavanagh se rappelle avoir été inspiré en voyant Normand Brathwaite dans Chez Denise, malgré les clichés que véhiculait son personnage.

Un exemple éloquent de cette solidarité est celui d’Erich Preach. Alors qu’il était portier au Bordel, Mike Ward l’a spontanément fait monter sur scène. Depuis, il fait les premières parties du célèbre humoriste en plus de connaître un succès monstre sur YouTube avec son acolyte Aba.

Le documentaire permet aussi de renouer avec Michel Mpambara, qui a connu un succès monstre au début des années 2000 avec le spectacle au puissant titre Y’a trop de blanc au Québec. Boucar Diouf qualifie l’humoriste de «constructeur de ponts» et regrette qu’on le voie trop peu depuis quelques années.

Une fois c’t’un Noir se conclut sur une courte réflexion sur l’apport des humoristes noir.e.s au Québec qui aurait gagné à être approfondie. Car comme le mentionne Boucar Diouf, l’humour réussit à «faire tomber des barrières et à ouvrir les yeux».


Une fois c’t’un Noir sera offert sur Crave dès le 4 février. Le documentaire sera aussi diffusé le 20 février à 21h à Noovo et Canal D.

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