Sur la route avec Leif Vollebekk
L’auteur-compositeur-interpète Leif Vollebekk se vide les tripes sur son très nourrissant nouveau disque, North Americana.
Ce musicien discret n’a que 27 ans, mais il se dégage une grande sagesse de North Americana. Le second album du multi-instrumentiste montréalais Leif Vollebekk propose des arrangements rustiques de roots et de blues, des textes intemporels livrés avec une simplicité désarmante et un timbre légèrement rauque qui sert d’antidote à l’invasion planétaire de l’Auto-Tune. Ce troubadour du circuit folk nous met du baume au cœur avec ses petites tranches de vie honnêtes, empreintes de nostalgie.
Contrairement à son premier disque, Inland, fruit d’un travail solitaire qui s’est échelonné sur plusieurs années, le contexte entourant la création de North Americana a été bien différent. «Pour le premier, je me suis lancé lorsque j’avais une dizaine de chansons avec lesquelles je voulais faire un disque, se souvient Vollebekk. C’était un peu éparpillé. Le nouveau, je l’ai surtout composé pendant mes tournées, entre mes shows. Quand je réécoute le premier album, j’ai vraiment l’impression que j’étais dans mon petit monde, que ça se passait dans ma tête. Le nouvel album, c’est plus des chansons de rue, des chansons urbaines. J’ai mis beaucoup plus l’accent sur l’écriture.»
S’inspirant des Joni Mitchell, Neil Young et autres artistes qui s’inscrivent dans la tradition du grand répertoire américain de la chanson, Vollebekk a puisé dans cet héritage d’œuvres portant sur l’errance et la contemplation. Il nous livre maintenant ses propres odes à l’amour, à l’amitié, à la mort et aux soirées bien arrosées. «J’ai pris comme point de départ des classiques de la chanson folk nord-américaine. Ça touche un peu au country Americana, mais aussi au Dylan et au Lou Reed des années 1970. Des albums enregistrés en direct, sur bande, de façon spontanée et crue.»
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C’est donc sur la route, entre quatre studios – les mythiques repaires montréalais que sont Breakglass Studios et Hotel 2 Tango, l’illustre studio parisien (et ancien manoir du XIXe) La Frette ainsi qu’un studio new-yorkais où il a travaillé en compagnie de Tom Gloady (Patti Smith, Sigur Rós) –, que cette quête personnelle a pris forme ainsi que tout son sens. Bien qu’il n’ait élu domicile nulle part pour donner vie à ces jolies ballades mélancoliques, Vollebekk dénote un fil conducteur dans cette aventure : l’exercice d’apprendre des chansons de ses musiciens préférés en cours de route.
«À l’époque, je le faisais pour apprendre à jouer de la guitare; ça me permettait d’apprivoiser certaines structures. Lorsque j’ai eu un manque d’inspiration en tournée, j’ai décidé d’apprendre plusieurs chansons que j’aime, comme du Tom Waits – pas juste les écouter, mais les apprendre, en comprendre tous les accords. Et tout d’un coup, j’ai recommencé à écrire.
Pour Vollebekk, la redoutable panne d’inspiration survient habituellement lorsqu’un musicien se met à écrire à propos… d’écrire des chansons! «Tu composes toujours à propos de ta vie, mais si ta vie se résume à écrire des chansons, c’est le début de la fin! (Rires) J’étais quasiment rendu là, donc il fallait que j’aille me nourrir ailleurs!»
Leif Vollebekk
Au Cabaret du Mile-End
Samedi à 21 h
Première partie : Jennifer Castle