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Catherine-Anne Toupin, actrice complète

Photo: François Brunelle

Bien connue des téléphages, la comédienne Catherine-Anne Toupin nous parle de sa passion du jeu et des rôles qui l’ont marquée.

Dans la foulée du succès de nos entrevues «tourne-disque» où nous demandons à des artistes de la scène musicale de nous parler de leurs coups de cœur et de leurs idoles, Métro se lance aujourd’hui dans la même formule, mais cette fois avec des comédiens. Pour briser la glace, nous avons invité la très célébrée Catherine-Anne Toupin (Unité 9, Mémoires vives, Caméra café) à nous parler des rôles qui la font vibrer.

Dès ce mercredi soir, vous allez jouer dans L’esprit de famille chez Duceppe. Parlez-nous de votre personnage.
Elle est formidable, cette petite Nicole! Ce n’est pas le genre de personnage que je joue habituellement. Il s’agit d’une femme à la maison qui n’a pas de vie personnelle. Elle existe seulement pour son mari, et sa seule passion semble être de cuisiner. Elle est fragile et n’a aucune confiance en elle. Elle voudrait énormément être aimée de ses belles-sœurs, mais ne sait pas trop comment s’y prendre. Elle se met constamment les pieds dans le plat. Je crois qu’elle fera beaucoup rire, car elle est très niaiseuse, mais qu’elle saura attendrir les spectateurs aussi.

Vous avez été appelée à remplacer Suzanne Clément dans la télésérie Unité 9. De quelle façon avez-vous abordé le rôle de Shandy?
Avec énormément d’humilité. Je crois que mon travail consistait à m’effacer le plus possible afin de redonner au public le personnage qu’il avait tant aimé. Je devais donc poursuivre le travail de Suzanne. En ce sens, je voulais me baser le plus possible sur ce qu’elle avait fait : son énergie, sa violence, sa démarche, certains tics qu’elle avait donnés au personnage… J’avais écouté la série et je l’ai revisionnée afin d’étudier chacune des scènes où on la trouve, histoire de mieux comprendre ses motivations, d’où elle vient…

Quelle est l’actrice qui vous a donné le goût d’exercer cette profession?
Ce n’est pas une actrice en particulier. J’ai découvert le jeu à travers le cinéma. Ma grand-mère écoutait beaucoup de films des années 1930, 1940 et 1950. C’est elle qui m’a initiée, alors que j’étais très jeune, au vieux cinéma hollywoodien. Ma première passion, ç’a été les films de cette époque en général et Autant en emporte le vent en particulier. Ce film, j’ai dû le voir une cinquantaine de fois avant l’âge de 13 ans! Vivien Leigh, qui jouait le rôle principal, a peut-être été mon premier modèle.

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Quel rôle vous a le plus marquée en tant que comédienne?
Hum, excellente question. Je répondrais Mélissa Brillant dans Les hauts et les bas de Sophie Paquin parce que c’est le rôle qui m’a mise au monde, tant sur le plan du public que dans le milieu. Avant ça, j’avais fait beaucoup de théâtre, mais ce dernier touche un public beaucoup plus restreint. Ce rôle a été formateur et m’a fait découvrir le jeu pour la télévision. J’ai été merveilleusement dirigée par le réalisateur Claude Desrosiers. La bande était merveilleuse et je conserve d’excellents souvenirs de cette période.

Le rôle dont vous rêvez?
Il y en a plusieurs. Au théâtre, je dirais le personnage de Martha dans la pièce Qui a peur de Virginia Woolf?.

Votre acteur masculin préféré?
Marc Béland. On le voit un peu moins sur scène maintenant, mais je l’ai vu jouer au théâtre à plusieurs reprises. C’est vraiment un des acteurs qui m’a donné le goût de me dépasser moi-même. Il est toujours extraordinaire. Que ce soit à la télé dans Annie et ses hommes ou dans le rôle de Caligula au théâtre, c’est toujours un très grand acteur.

Et au féminin?
J’ai un grand faible pour Cate Blanchett. C’est une femme qui a commencé au théâtre et qui dirige maintenant le Sidney Theatre Company, avec son mari [l’écrivain Andrew Upton]. Elle a un jeu empreint d’humanité et de virilité. En même temps, elle ose. Elle ne se tient jamais dans le confort. Ses performances sont parfois à la limite de la justesse, pourtant elle demeure toujours juste. C’est une actrice complète.

Quel conseil donneriez-vous à une apprentie actrice qui se demande si elle a la vocation?
Je lui dirais qu’il faut faire très attention à ne pas confondre le fait de vouloir devenir une vedette et celui de vouloir devenir une actrice. Si on veut jouer à la télévision pour devenir une star, on va être très malheureux. C’est un milieu hyper difficile où il n’y a que quelques vedettes; la majorité des acteurs ne le seront jamais. Ainsi, cette jeune personne pourrait passer sa vie à courir après quelque chose de vide qui ne la nourrirait jamais.

Alors que le chanteur Renaud souhaitait devenir comédien, il a demandé à son ami Coluche, du Splendid, s’il devait suivre des cours. Ce dernier lui a répondu : «Si tu as le talent, ça ne sert à rien. Et si tu n’as pas le talent, ça ne sert à rien non plus.» D’accord?
Non. On peut avoir un talent de base, mais il doit être travaillé. De nouvelles recherches scientifiques soutiennent que nous ne sommes pas compétents avant d’avoir passé 10 000 heures à travailler dans un domaine! Pour moi, le travail est plus important que le talent.

L’esprit de famille
Au Théâtre Jean-Duceppe
Jusqu’au 8 février

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