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The Book of Mormon: quand le génie sonne à la porte

Photo: Yves Provencher/Métro

Les réalisateurs de South Park, Trey Parker et Matt Stone, présentent avec Robert Lopez une comédie musicale tout aussi hilarante que géniale avec The Book of Mormon.

C’est sur une scène imitant la forme du temple mormon de Salt Lake City que nous rencontrons Elder Price (Gavin Creel), l’élu, le «meilleur mormon de tous les temps» autoproclamé, qui ne veut que deux choses: changer le monde et être envoyé en mission dans son endroit favori au monde… Orlando, en Floride.

Il sera jumelé à Elder Cunningham (Christopher John O’Neil), un mormon clairement moins que parfait, un menteur compulsif (mais attachant) qui n’a pas d’amis et n’a jamais lu la Bible mormone. Tous deux sont envoyés convertir l’Ouganda à leur religion, mais ils découvriront assez vite que «l’Afrique n’a rien à voir avec Le Roi Lion», comme le remarque Elder Cunningham.

À travers un répertoire impressionnant passant sans effort du numéro de claquettes à l’opéra rock, en passant par le montage style années 1980 et le métal (ça marche à merveille, faites-nous confiance), Parker et Stone nous présentent le monde cloîtré et naïf des missionnaires de l’Utah.

Le recours aux stéréotypes, qui aurait pu être facile, est utilisé ici à merveille pour peindre les tensions entre l’inconscience bienveillante des mormons, qui ne veulent que propager la parole de leur prophète, et les pauvres Africains qui ont une relation… disons très particulière avec le Créateur. Nous vous laisserons le plaisir de découvrir la traduction de «Hasa Diga Eebowai», version ougandaise du fameux Hakuna Matata du Roi Lion.

«Non, c’est que j’ai des asticots dans le scrotum!» – Un villageois, lorsqu’Elder Price lui demande si le sentiment qui le secoue la nuit est ​né de sa volonté de découvrir Dieu

Les mormons sont peints ici sans grande méchanceté comme des nerds joviaux, sincères mais insouciants de l’absurdité de prêcher la Bonne Parole dans une terre où le général Butt Fucking Naked veut exciser toutes les jeunes femmes et où la plupart des habitants n’ont même pas de souliers. Parker et Stone se moquent de tous ceux qui prennent la religion trop au sérieux – croyants ou non. En résulte une pièce – et c’est dire beaucoup, étant donné l’impressionnant lexi­que de vulgarités déployé par les auteurs – somme toute touchante par moments.

De la première chanson, qui défile sur une mélodie de sonnettes, à la conclusion aux airs tribaux, la pièce est digne de n’importe quelle mégaproduction. Le jeu, l’interprétation, les décors, les chorégraphies: tout est digne de rivaliser avec le grand Broadway. À voir, et à revoir.

The Book of Mormon
À la Salle Wilfrid-Pelletier
Jusqu’à dimanche

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