Andrew Bird et un Théâtre Corona aux oiseaux
Sur disque, entendre Andrew Bird siffler avec la justesse du pinson et manier le violon (entre autres) avec virtuosité est impressionnant. Sur scène, ce l’est encore davantage, on a pu en juger une fois de plus au Théâtre Corona lundi soir. Habitué de Montréal, le prolifique musicien de Chicago venait y présenter son 13e album fraîchement paru, Are You Serious?
Un disque sur lequel des textes moins abstraits, plus ouvertement personnels qu’à l’habitude se marient à des mélodies joyeuses qui portent tout de même la griffe reconnaissable de Bird, comme en témoigne la pièce d’ouverture (qui a aussi débuté le concert), Capsized. Entouré de ses trois musiciens, l’élégant multi-instrumentiste de 42 ans s’accompagnait du violon comme d’un ukulélé, avant de gratifier la foule d’un laconique mais chaleureux «bonsoir!» en français.
Pour la joie des fans de la première heure, il a enchaîné en allant piger dans son répertoire de 2005 avec une version revampée de A Nervous Tic Motion of the Head To the Left (Andrew Bird & the Mysterious Production of Eggs), qui lui a permis de faire entendre son fameux sifflotement, puis Tenuousness, tirée de Noble Beast (2009), et Lusitania, chanson du disque de 2012 Break It Yourself.
Néanmoins, outre ces incursions (et quelques autres en fin de soirée) dans le vaste catalogue de Bird, ce sont les chansons du nouveau disque qui ont primé, l’artiste les ayant d’ailleurs presque toutes interprétées, incluant Left Handed Kisses, habituellement en duo avec Fiona Apple, mais en solo au spectacle pour les besoins de la cause. Et c’est tant mieux, parce que même si le perfectionniste musicien a dû à plus d’une reprise recommencer une pièce du début pour ajuster un instrument, c’est en jouant ces nouveaux morceaux, pas encore entièrement apprivoisés, qu’il semblait avoir le plus de plaisir.
Sans doute à cause de l’humour et de la légèreté qui règnent dans celles-ci, comme l’entraînante Puma, sur laquelle il évoque pourtant les traitements de radiothérapie de sa femme, qui a été atteinte d’un cancer (“She was radioactive for seven days/how I wanted to hold her anyways/But the doctors, they told me to stay away” – “Elle était radioactive pendant sept jours/J’aurais voulu la tenir contre moi quand même/mais les médecins m’ont dit de me tenir loin”).
Généreux, Andrew Bird avait offert une bonne quinzaine de pièces avant le rappel – et est revenu sur scène pour pas moins de quatre chansons supplémentaires. Réunis à trois autour d’un micro, ses musiciens et lui ont notamment proposé une reprise très réussie de Harvest de Neil Young. La soirée s’est terminée avec The New Saint Jude, tirée de Are You Serious, Bird répétant le refrain “I’ve been feeling so much better” (“Je me sens tellement mieux”); des paroles qui faisaient écho au sentiment ambiant après près de deux heures de musique qui fait du bien.