«Pourquoi pas»: Philippe Laprise sait enfin à quel «sein» se vouer
Philippe Laprise peaufine à nouveau son talent de conteur dans Pourquoi pas, son quatrième one man show, qui vient couronner plus d’une décennie de carrière et de spectacles à succès (Je peux maintenant mourir en 2010, Plus sexy que jamais en 2015 et Je m’en occupe en 2018).
L’humoriste a inauguré son dernier-né avec aplomb en grande première au Monument-National, à Montréal, lundi soir. La salle était conquise d’avance, et il faut dire que l’homme du jour était particulièrement en verve et en forme.
Lui qui se spécialise dans l’anecdote rigolote plutôt légère continue dans la même veine avec Pourquoi pas, peut-être la plus aboutie, la plus fournie et consistante de ses prestations, au contenu le plus solide, avec le fil conducteur de la maladie et de la soif de vivre comme thèmes principaux.
Notons que sa précédente tournée, Je m’en occupe, avait connu un brusque arrêt à cause de la pandémie, et qu’au lieu de repartir sur ses vieilles bases, notre gaillard a plutôt choisi de pondre du nouveau matériel. Il faut dire que le premier confinement et son lot d’émotions lui ont procuré abondamment d’idées.
Même si le gag n’est pas toujours à s’époumoner de rire, même si le ton demeure gentil et candide, son style ne s’essoufflera jamais parce qu’il puise dans l’humain, et Philippe Laprise a le cœur à la bonne place, ça s’entend dans chacune de ses lignes. Sympathique, attachant, rassembleur (Pourquoi pas s’adresse vraiment aux 7 à 77 ans): on aurait besoin de davantage de Philippe Laprise dans notre monde s’entredéchirant.
Angoissante mammographie
Cette fois, Laprise relate ne pas avoir su à quel «sein» se vouer pendant la première année de la pandémie, un bobo l’ayant mené à subir une mammographie dont il rend compte avec moult détails et la belle folie dont lui seul a le secret.
On peut dire que le bonhomme a le don de dédramatiser les situations anxiogènes. On imagine qu’à l’époque, l’expérience n’a pas dû être particulièrement agréable à traverser, mais sur scène, un an et demi plus tard, exposée à la sauce Laprise, c’est du bonbon.
Quelques autres tranches de vie viennent égayer ces 90 minutes de monologue sans entracte – «Phil» ayant choisi de noyer la douleur de l’incertitude dans mille et un plaisirs plus ou moins immatures au fil des mois –, mais dont la boucle se referme avec cet épisode de santé.
Plus Philippe Laprise vieillit, plus il rappelle l’un de ses prédécesseurs, Jean-Marc Parent. Même énergie, mêmes souvenirs précis, même détail dans le récit, même capacité à nous faire ressentir l’émotion et le moment, une vive qualité.
Qu’il rapporte donc avoir affronté son examen médical par le biais de Zoom, qu’il se remémore (très efficacement) les tests qui lui ont fait craindre un cancer, qu’il nous fasse partager l’attente interminable du diagnostic, qu’il se confie sur sa peur de mourir tout nu (un drame terrible pour une personne connue), qu’il revienne sur un épisode de pêche au saumon, qu’il nous apprenne avoir adopté «un host*e de chien» dans la foulée de la pandémie (et qu’il a failli «tuer», on n’en dit pas plus!) ou qu’il épilogue enfin sur les fameux résultats de ses bilans médicaux, finalement moins tragiques que ce qu’il anticipait (un indice: gynécomastie, ou «sein qui se développe»), notre anxieux et «TDAH» quadragénaire image ses hauts et ses bas avec couleur et sans trop de longueurs.
Et le papa de trois enfants qu’il est intègre bien sûr les réactions et mimiques de sa petite famille à ses épreuves et défis, ce qui ajoute au caractère convivial de toute l’affaire.
Philippe Laprise présente Pourquoi pas en tournée partout au Québec. Visitez son site web pour plus d’informations.