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Osheaga: le jour 1 en concerts

Charlotte Cardin à Osheaga Photo: Gracieuseté, Tim Snow

Le festival d’arts et de musique Osheaga, qui en est à sa 16e édition, a donné son coup d’envoi vendredi au parc Jean-Drapeau, où il bat son plein jusqu’à dimanche. Charlotte Cardin, Joey Bada$$, L’Impératrice, Soccer Mommy, Dope Lemon et Easy Tiger comptent parmi les artistes qui ont fait vibrer Métro vendredi. Comptes rendus.

Charlotte Cardin, scène de la Montagne, 20 h 20

Il y avait à peine 48 heures que Charlotte Cardin s’était fait demander si elle pouvait remplacer (presque) au pied levé rien de moins que la co-tête d’affiche du vendredi soir, la « queen » (comme l’a qualifiée Charlotte) Aya Nakamura, Franco-Malienne qui n’a pu se produire pour « des raisons de santé », a annoncé Osheaga mercredi.

Foulant une scène ayant pour seul apparat un piano à queue argenté, la dynamique autrice-compositrice-interprète québécoise, qui a alterné tout au long du concert guitare électrique, clavier et piano, a entamé sa prestation avec Looping, l’un des extraits de son prochain album, 99 Nights, qui paraîtra le 25 août.

Une question pour vous, Osheaga : who’s feeling horny tonight

Charlotte Cardin à la foule avant d’interpréter 99 Nights

L’artiste à l’ascension fulgurante depuis son mini-album de 2016 Big Boy s’est montrée généreuse en nouvelles pièces, interprétant également Confetti et Jim Carrey, en sus de trois pièces pour l’heure inédites. Dont possiblement sa « favorite du disque », Next To You, chanson pianistique très personnelle qu’elle a coécrite avec son ami Patrick Watson — elle a d’ailleurs louangé l’auteur-compositeur-interprète montréalais devant la foule — lors d’une période houleuse de sa vie personnelle, a-t-elle confié.

Charlotte Cardin a également dévoilé Puppy et Someone I Could Love, qui relate « une date imaginaire » que Charlotte aurait eue avec un pair du secondaire qu’elle a croisé par hasard. « Mais quand es-tu devenu si beau? », a-t-elle raconté au sujet du morceau.  

Évidemment, le public a eu droit à tous les succès de son premier album, Phoenix, qui ont pratiquement déjà atteint le statut d’hymne : Meaningless, Passive Aggressive, Daddy, Sex to Me (sur laquelle s’est voluptueusement déhanchée la créatrice) et Phoenix.

Avant de jouer seule au piano les premières notes de sa poignante ballade Anyone Who Loves Me, Charlotte a doucement convié le public à la chanter avec elle, ce qu’il s’est empressé de faire. « Tell me what you want me to do, I’ll do it for you, I’ll do it for anyone who loves me », l’a accompagnée le chœur osheaguien, ce qui a manifestement ému l’acclamée artiste, ses grands yeux bleus scintillant sur les écrans géants.

Dirty Dirty a évidemment été au programme, à l’instar de Main Girl, qu’elle a finalement eu le temps d’interpréter, concluant dans l’osmose cette soirée « magique », s’est exclamée l’artiste, réjouie. « I love you Montréal pour toujours! », a affectueusement conclu Charlotte Cardin avant de quitter la scène sous un tonnerre d’applaudissements.

Pour voir Charlotte Cardin en concert, c’est ici.  

Joey Bada$$, scène Verte, 21 h 50

Pendant qu’une majorité de festivalier.ère.s dansait sous l’électro des têtes d’affiche Rüfüs Du Sol en fin de soirée, une autre portion, plus réduite mais tout de même importante, s’était plutôt dirigée vers la scène Verte pour voir le rappeur new-yorkais Joey Bada$$.

On pouvait reconnaître plusieurs vrai.e.s fans dans l’assistance, autant des fidèles qui étaient là lors de son dernier spectacle à Osheaga en 2014 que de plus jeunes adeptes, certain.e.s ayant à peine atteint la majorité, à la grande surprise de l’artiste.

Malgré une migraine avouée l’empêchant de performer au maximum de ses capacités, le rappeur a offert un excellent show hip-hop avec une aisance impressionnante, puisant dans son répertoire des morceaux de rap plus classiques, souvent engagés, suivis de ses pièces plus romantiques, notamment Show Me et Love is Only a Feeling.

Joey Bada$$ a clos la première soirée d’Osheaga en force devant un gros mosh pit avec les morceaux The Rev3nge puis Devastated, les effets de la migraine visiblement dissipés. 

L’Impératrice, scène Verte, 18 h 15

Le mélange de pop, nu-disco et électro du groupe français L’Impératrice a rapidement su charmer le public de la Scène Verte en fin d’après-midi et a réussi à le faire bouger jusqu’à sa dernière note. C’est que L’Impératrice présente une musique et un spectacle réjouissants, irrésistiblement groovy et dansants.

Le plaisir du groupe sur scène est évident et donc, sans surprise, contagieux pour la foule. En plus de chanter avec sa magnifique voix cristalline, Flore Benguigui est très expressive et charismatique sur scène, enchaînant les petits mouvements de danse sur des chorégraphies toutes simples, toujours amusantes. Un spectacle festif dont on sort le sourire aux lèvres.

Soccer Mommy, scène de la Rivière, 16 h 05

Soccer Mommy, autrice-compositrice-interprète de Nashville, est apparue sur la grande scène de la Rivière à 16h05, avec son air grave et son rock paradoxalement lourd et planant à la fois.

Si Sophia Regina Allison, de son vrai nom, offre une présence scénique assez discrète – ses interventions sont courtes et peu fréquentes – son rock, lui, déménage. Du moins, plus sur scène que sur ses albums, l’artiste faisant surtout dans la musique personnelle plutôt triste.

La musicienne et ses acolytes se sont permis plusieurs envolées de rock pesant à la fin de certains morceaux, enrichissant une musique déjà séduisante. Un spectacle qui nous donne maintenant envie de la revoir, peut-être dans un contexte plus intime.

Dope Lemon, scène de la Rivière, 14 h 40

Le soleil dorant la peau des festivalier.ère.s d’Osheaga était de circonstance pour accueillir le surf rock aux influences psychédéliques du décontracté Dope Lemon, que l’on connaît également en tant que moitié du duo Angus and Julia Stone. Les projections animalières au style psych et l’énorme sphère orangée incandescente animant l’arrière-scène ont d’ailleurs fort bien agrémenté le spectacle.

Élégamment vêtu d’un chandail rayé matelot grenat conjugué à un veston et pantalon foncés (les trois autres musiciens arborant inversement vestons grenat et chandails sombres, produisant un joli effet), l’Australien, qui a effectué un long vol pour se rendre à Montréal, a amorcé sa prestation avec deux chansons plus pesantes et stoner de son répertoire, comptant trois albums. Un nouveau, Kimosabè, verra d’ailleurs le jour le 29 septembre.

Dope Lemon s’est ensuite adouci, faisant planer (ou surfer) les spectateur.trice.s, déjà nombreux.euses en ce début de journée, avec des tounes puisées dans ses précédents albums, dont Hey You, tirée de Smooth Big Cat (2019), qui a donné lieu a un solide solo de guitare.

Pour l’anecdote, Dope Lemon et sa bande ont dû emprunter les instruments du groupe The Flaming Lips, qui jouait plus tard cette journée-là, a inopinément confié Angus Srone à Métro dans la tente des médias. Bien que notre bien-aimée Uptown Folks n’ait pas été au programme, le musicien a inauguré de très cool manière notre journée.

Easy Tiger, les Sessions Sirius, 18 h 15

Parmi la délégation québécoise vendredi figurait Easy Tiger, groupe propulsé à la voix et aux guitares par Gabrielle La Rue (ex-membre de NOBRO) et à la basse par Sarah Dion (qui se déchaîne au sein des Shirley et de NOBRO). Accompagnées de la guitariste Éléonore Pitre et d’Alex McMahon, réalisateur renommé ici aux rênes de la batterie, elles ont présenté l’intégralité de leur savoureux Breakfast in Bed, mini-album paru au printemps 2022, qu’elles décrivent en ces termes irrésistibles : « la trame sonore officielle d’un bar tiki bondé de cowboys buvant des margaritas ».

On n’a pas un gros set, mais on va vous les envoyer dans la gueule! 

Gabrielle La Rue

Toothbrush, Midnight Snack, Chemtrails, Havre St-Pierre, Breakfast in Bed, Ibiza : les mélodies accrocheuses d’Easy Tiger scintillent et rockent à la fois — les guitares savent se faire mordantes —, elles appellent au déhanchement, puisant tantôt dans le country-folk, s’abreuvant tantôt à une pop solaire inspirée des années 80 qui donne envie de s’évader sur la route.

« On aime dire qu’on fait du blue jean rock : on y est allées! », a dit la guitariste, qui a confié réaliser un rêve en jouant à Osheaga, avant de « casser » I Don’t Mind, chanson qui se retrouvera sur un prochain album, aux racines plus countryesques, peut-on interpréter à l’aune des deux nouvelles pièces entendues, dont Pink Limonade. Opus que l’on ne manquera pas de dévorer à sa sortie.

Easy Tiger donnera un concert acoustique le 9 août à la Place d’Armes.

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