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La magie de Noël féministe d’India Desjardins

India Desjardins a écrit le scénario du film «23 décembre». Photo: JF Galipeau/Métro

L’engouement autour de 23 décembre, qui prend l’affiche cette semaine, résonne partout comme les cloches à la messe de minuit. C’est qu’un film de Noël québécois, c’est presque aussi rare que de la neige en juillet. Mais l’autrice et scénariste India Desjardins a relevé le défi avec sa comédie romantique qui souffle un vent de magie. 

Réalisé par Miryam Bouchard (Lignes de fuite, Mon cirque à moi) et mettant en vedette Virginie Fortin, Catherine Brunet, Sacha Charles, Guylaine Tremblay ainsi que Bianca Gervais, 23 décembre est un film choral d’histoires interreliées aussi réjouissantes qu’invraisemblables.  

Pourtant, c’est une anecdote bien réelle qui a inspiré India Desjardins, qui a porté ce projet pendant plus d’une décennie. Pour Noël, en 2011, l’autrice et sa sœur ont convaincu leur père, un résident de Québec, de louer un chalet dans Charlevoix, où vivait leur mère. Si un malaise cardiaque du beau-père et un transport vers l’hôpital de la Vieille Capitale ont complètement chamboulé le réveillon, c’est aussi ce qui est devenu la prémisse du film.  

«J’ai été témoin de hasards et de chassés-croisés qui ne seraient pas survenus sinon, raconte India à Métro. Je voyais ça arriver et je me disais que ça n’avait pas de bon sens, que ça avait l’air d’un film.» L’autrice, qui s’est fait connaître avec la série de livres Aurélie Laflamme, a lancé son projet sur-le-champ.  

Falalalala féministe 

Si ça a pris autant de temps pour que 23 décembre arrive sur les écrans, c’est d’abord et avant tout parce qu’India Desjardins a été, de son propre aveu, son «premier obstacle». Elle entendait déjà les critiques et vivait avec le syndrome de l’imposteur, mais surtout, elle s’était imposé un défi de taille: faire une comédie romantique où les personnages féminins ne seraient pas définis par leur histoire d’amour. 

«J’aime les films de Noël, mais j’avais envie d’en faire un où les filles ne sont pas obligées de renoncer à des choses importantes dans leur vie. Je voulais rester romantique, mais sans les amours toxiques», résume India, qui a justement signé l’an dernier l’essai Mister Big ou la glorification des amours toxiques, publié chez Québec Amérique. Pas question d’en montrer dans son film de Noël! 

Déjà mue par des valeurs féministes, India Desjardins s’est posé des questions tout au long de l’écriture et même après. Dans son scénario, elle a précisé qu’elle ne voulait pas voir la femme enceinte (jouée par Catherine Brunet) lire un livre sur la maternité, tandis qu’au montage, elle a fait retirer une phrase qui reproduisait le modèle de la fille qui dit tout le temps non et qui finit par céder. 

Résultat: le film de Noël qu’elle voulait voir. Un peu cliché, mais bien assumé, avec un humour familial et tous les codes qui font de ce genre de productions un succès, incluant les violons qui accompagnent l’incontournable baiser de la fin.  

  • Stéphane Rousseau joue dans le film 23 décembre
  • Guylaine Tremblay et Michel Barrette jouent dans le film 23 décembre
  • Catherine Brunet joue dans le film 23 décembre
  • Christine Beaulieu joue dans le film 23 décembre
  • India Desjardins et la distribution de son film 23 décembre

Vieillir en beauté… ou pas! 

L’essai d’India Desjardins partait de Sex and the City, série que l’autrice adore, même si elle est capable de voir que plusieurs éléments ont mal vieilli. Et ce n’est pas impossible que ça arrive avec 23 décembre… même que c’est, à ses yeux, souhaitable! 

«J’espère qu’il y a certaines scènes qui vont mal vieillir! J’espère qu’à une certaine époque, les gens vont être surpris que ça ait fait encore partie de nos conversations», lance India, qui considère que ça impliquerait une évolution sociale.  

Autrement dit, quand il y a des valeurs progressistes dès le départ, même si des éléments sont vraiment de leur époque, l’œuvre vieillit mieux que si elle était plus conservatrice à la base. On peut penser à Bridget Jones, livres et films toujours cultes, mais aujourd’hui vus comme grossophobes, qui ont à l’époque ouvert un dialogue sur la perception négative que des femmes ont de leur corps, croit India. 

Peut-être qu’un jour, une autrice féministe écrira un essai dans lequel elle montrera les failles de 23 décembre. Mais dans nos yeux de 2022, il s’agit d’un rare film de Noël mettant en vedette des femmes sans qu’une seule d’entre elles doive «renoncer à sa carrière pour aller faire des biscuits pour un veuf», blague la scénariste, adepte des productions des Fêtes de type «Hallmark». 

«Dans tout ce que je vais faire dans ma vie, je vais toujours me battre pour la représentation des personnages féminins forts. Je vais toujours me battre contre cette impression que, pour rejoindre le public, il faut rejoindre les hommes», s’emporte India Desjardins, convaincue que la gent masculine est capable d’aller voir des femmes au cinéma. Et vous savez quoi? Les gars risquent même d’aimer ça!  

Le film sort en salle le 25 novembre prochain. 

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