20 ans de «Star Académie»: des souvenirs plein la tête
La première cohorte de Star Académie s’est réunie mercredi pour célébrer ses noces de porcelaine et se remémorer ce projet télévisuel qui a marqué le Québec.
La bonne humeur régnait dans un restaurant de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, alors que les retrouvailles des ancien.ne.s académicien.ne.s, qui lancent du même coup une nouvelle chanson, battaient son plein.
«C’est complètement irréel de penser qu’on est tous ici, 20 ans plus tard, admet un trémolo dans la voix Marie-Élaine Thibert, qui est devenue célèbre grâce à cette populaire émission de variétés. C’est excitant et ça me rend nostalgique.»
Les participant.e.s ne se sont parfois pas vu.e.s depuis 18 ou 19 ans. Ils et elles se retrouvent avec le sourire en se faisant des accolades, comme si le temps était suspendu. Les langues ne tardent pas à se délier et les souvenirs à resurgir.
«Tout a commencé ici, lance fébrilement Émily Bégin. Avec eux, ma gang, ma famille. La vie va trop vite.»
Un succès mémorable
Il y a deux décennies jour pour jour était diffusée sur les ondes de TVA une émission où le public était appelé à voter pour leur chanteur.euse favori.te. Créée par Stéphane Laporte et animée par Julie Snyder, Star Académie allait devenir un show culte, faisant découvrir les talents de Marie-Mai et Wilfred LeBouthillier tout en engendrant six cuvées supplémentaires.
«C’était en 2003 et il y avait la guerre en Irak, se rappelle Suzie Villeneuve. On a eu un impact positif dans la vie des gens en leur faisant oublier le conflit. Nos exploits étaient en gros plans dans les journaux.»
Les dimanches, les lieux publics étaient déserts et les gens se réunissaient autour du téléviseur pour soutenir ces artistes qui faisaient partie de la famille. Personne ne s’attendait à un tel triomphe. Surtout que la téléréalité n’était pas ancrée dans les habitudes du Québec.
Nous sommes rentrés dans les maisons et nous sommes restés longtemps dans le cœur et la tête des gens.
Marie-Élaine Thibert
Le succès fut instantané. Lors de la tournée qui suivit l’émission, les membres ont eu besoin de gardes du corps pour aller magasiner et des hôtels entiers leur étaient réservés. «On était comme les Beatles, se remémore Émily Bégin. Les gens n’étaient pas violents, mais c’était intense. Ils nous couraient après.»
Une odyssée qui a permis de remettre la musique québécoise au premier plan. Et de préparer ces êtres de 20 ans pour la suite des choses.
«Ce fut une expérience humaine extrêmement puissante, confirme Suzie Villeneuve. Tout était accentué, que ce soit les joies, les peurs, les insécurités. Je n’ai aucun regret. Mais on était tout petit, tout jeune. On manquait peut-être un peu d’outils pour vivre autant d’intensité, ce qui explique pourquoi j’ai quitté à la quatrième semaine, parce que je sentais la pression trop élevée… Cette expérience m’a permis de me connaître et d’être qui je suis aujourd’hui.»
Elle a également permis aux émissions de variétés d’atteindre un niveau inégalé de popularité qui sera difficile à reproduire dans l’avenir…
«C’est une aventure qu’on ne revivra plus jamais, pense Marie-Élaine Thibert. Les gens écoutent La voix et Star Académie et ils aiment ça. Ce sont de belles émissions, léchées, intéressantes. Mais on est rendus habitués, alors qu’en 2003, c’était nouveau, spécial. Il faudrait quelque chose qui arrive et qui fesse fort, qu’on ne connaît pas au Québec, pour revivre un truc comme ça.»