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Lost: un album comme héritage 

Père de trois enfants, Lost réfléchit depuis un moment à l’idée de l’héritage. Photo: Julio Alejandro

Le rappeur montréalais Lost, membre du collectif 5sang14, sort vendredi Héritage, un long et riche album de 22 chansons aux styles variés. Il y explore la notion de legs, sans délaisser pour autant ses sujets de prédilection : la famille, l’amour, la rue. 

Père de trois enfants, le rappeur réfléchit depuis un moment à l’idée de l’héritage. Pour lui, c’est important de penser à la trace qu’on laisse en tant qu’être humain sur cette terre, pour sa famille et pour les générations à venir. D’où le titre de son album.  

« Que ce soit des biens matériels ou encore des valeurs ou des leçons de vie, je pense souvent à ce que je vais laisser à mes enfants », confie-t-il à Métro en entrevue. 

Et comme c’est le cas de la plupart des rimes de Lost, le titre Héritage porte un double sens. « Je me suis dit que si j’avais un dernier album à faire, si on devait se souvenir de moi pour un seul album, je voudrais que ce soit celui-là. » 

Un album aux sons variés 

C’est pour cette raison qu’il a donné tout ce dont il est capable pour cet album. On retrouve un éventail de chansons sur Héritage: des pièces de rap pures et dures, aux propos parfois crus et parfois politiques, jusqu’à des chansons plus romantiques aux sonorités africaines et même latines.  

« Je suis quelqu’un qui aime et qui écoute toutes sortes de musique. Tous les spectres du hip-hop et du RnB dans toutes les langues possibles, italien, espagnol, arabe. Tant que ça me parle, j’y vais, peu importe le style », dit le rappeur d’origine camerounaise.  

S’il touche à autant de styles, c’est que le rappeur estime être capable de le faire. « J’ai acquis assez d’expérience au fil de ma carrière pour savoir que je peux jouer sur plusieurs tableaux. » 

Les personnes qui sont familières avec la musique de Lost le savent : même au sein d’une seule chanson, le rappeur est capable de changer sa voix, comme en passant d’un rap agressif, presque grogné, à une douce voix mélodieuse. « C’est ma signature », confirme le rappeur. 

Ces variations de styles de musique et de timbres de voix permettent à Lost de faire un album de pas moins de 22 chansons, chose très rare dans le milieu, sans qu’on ne s’ennuie ou qu’il n’apparaisse redondant. 

Lost. Photo: Julio Alejandro

L’expérience parle 

Même s’il revient avec Héritage sur plusieurs thèmes récurrents dans sa discographie – tous des sujets vécus, inscrits en lui et qui lui tiennent à cœur -, le rappeur essaie de les traiter de façon différente chaque fois.  

« C’est normal que d’une année à l’autre mon discours change, car ma vision change », affirme le rappeur qui dit gagner en maturité et en sagesse. 

« Ma vie aujourd’hui est beaucoup plus facile qu’avant, déclare celui qui a baigné dans les milieux interlopes et purgé des peines de prison. J’essaie de redonner comme on m’a donné. Je ne prétends pas être le plus sage, mais si j’ai un auditoire, je crois qu’il faut dire des choses constructives. »  

La plume de Lost trouve un brillant équilibre, ne tombant jamais dans la glorification de la rue ni dans la morale. Il livre plutôt des constats, en toute authenticité, basés sur un vécu chargé. Pour lui, il est beaucoup plus intéressant pour un jeune d’écouter l’expérience de certaines personnes que de se faire dire quoi faire. 

« Moi-même, je suis quelqu’un qui aime prêter l’oreille aux personnes. Quand je vais dans mon pays [le Cameroun], j’aime bien m’assoir en terrasse et écouter les vieux parler. Tu comprends qu’il y a des choses qui se répètent. Tu vas trouver des gens qui passent ou ont passé à travers les mêmes épreuves que toi. » 

Un mouvement en marche 

Ce mouvement de rap, qualifié parfois à tort et à travers de « street », a une plus grande visibilité depuis quelques années. Connaisseur Ticaso et Souldia, deux rappeurs dont le vécu comporte des similarités avec celui de Lost, ont remporté en 2021 et 2022 le Félix de l’album hip-hop de l’année.  

« Oui, le mouvement a une meilleure vitrine, mais c’est la force des choses, parce qu’il est en train de prendre une telle ampleur qu’on ne peut plus l’ignorer », croit Lost, qui s’implante tranquillement dans l’industrie.  

« Il y a encore du chemin à faire, parce qu’il y a encore tant de préjugés. Heureusement, il y a aussi beaucoup de gens qui comprennent le fond de ce qu’on fait et non juste la surface. On avance, mais on n’est pas encore arrivé. » 

Lost sera en spectacle le 9 juin prochain au MTelus dans le cadre des Francos. 

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