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«L’Agence»: dans les coulisses des drags de Midor

Crystal Starz, Ciatha Night, Michel Dorion, Miss Butterfly ainsi que Velma Jones/Johnny Jones sont les drag-queens et drag-king au cœur de la série documentaire « L’Agence », diffusée dès le 26 juin sur Moi et cie.   Photo: Bertrand Exertier

Des adeptes de drag dans la salle? Dès lundi prochain, le docuréalité L’Agence, présenté sur Moi et cie à 21 h, braquera les projecteurs sur les dessous de cet art flamboyant! 

Au fil de 12 épisodes d’une demi-heure, l’on suit la légende québécoise de la drag Michel Dorion, qui sillonne la province juché sur ses talons hauts depuis maintenant 35 ans. Celui qui est reconnu notamment pour sa personnification de Céline Dion a cofondé en avril 2022 la première agence de drag et de production de spectacles au Québec, Midor.  

Florissante, son agence en plein essor représente aujourd’hui une dizaine d’artistes, dont la vedette Miss Butterfly, la recrue Crystal Starz, la polyvalente Velma Jones/Johnny Jones, l’ambitieuse Ciatha Night et la chaleureuse Chouchoune, les pétulantes protagonistes de L’Agence.  

« On ne voit pas tous les types de drags, mais on comprend déjà un peu mieux les différents personnages », souligne en entrevue avec Métro le mentor et agent, qui souhaite que la série contribue à mieux faire comprendre cet univers haut en paillettes.  

Drags sans fard  

Entraînant les spectateur.trice.s dans les coulisses du métier de drag, queen comme king, L’Agence montre évidemment les protagonistes à l’œuvre sur scène — eux qui ont pour la plupart un parcours en danse, couture, théâtre, design, etc., relève Velma Jones. Mais on les découvre surtout dans la vie de tous les jours, sans fard.  

La grande majorité exerce d’ailleurs un autre métier, comme Hugo Simard alias Ciatha Night, qui troque ses bottes à cap d’acier le jour contre ses talons compensés le soir, ou Ariane Laguë-Barrette, qui coiffe sa clientèle avant de se parer des perruques surdimensionnées de Velma Jones ou de la moustache scintillante de Johnny Jones.  

L’incursion dans les dessous de la scène occasionne des moments aussi cocasses que touchants lorsque s’épanchent les artistes. « Il y a une belle gamme d’émotions dans le docu, souligne Michel Dorion. Il y a vraiment de beaux moments. »  

Ce qui n’empêche pas les drags, avec leur théâtralité caractéristique, de se narguer de temps en temps. Les petites épopées composant le quotidien des drags — qui ne tarissent pas d’humour! — donnent en effet lieu à des moments fort distrayants.  

On peut vous garantir que trois drags qui embarquent dans une voiture compacte pour aller se produire à Valleyfield, ça en fait des tenues, des perruques et des accessoires à emporter! Et des loges qui sont en fait des pièces un brin exiguës pour recevoir autant de stock, ça arrive! 

Si Michel Dorion ne peut révéler d’autres aventures (ou mésaventures) qui attendent les drags dans L’Agence, il assure que l’on ne sera pas déçu. Car ce n’est pas que sur scène que les drags en voient de toutes les couleurs! 

Faire comprendre la diversité  

Selon Michel Dorion, faire comprendre l’éventail des styles pas du tout monolithique de drags — des plus salaces à celles pouvant animer une fête de quartier — constitue probablement un défi majeur auquel font aujourd’hui face ces artistes. « L’incompréhension, l’inconnu font peur », indique celui qui peut personnifier tant Dua Lipa que Mireille Mathieu. 

« La drag, c’est comme l’humour ou le cinéma : tu choisis le type que tu veux voir. Si quelqu’un n’aime pas les films d’action, il ne va pas en voir, c’est tout. Ça polarise, la drag, mais c’est que des gens pensent que c’est toute la même chose. Je crois que la série peut aider à démystifier ça. » 

Prenons l’exemple de la drag queen Barbada et son Heure du conte destinée aux enfants, qui a soulevé l’ire de résident.e.s dans certains quartiers de Montréal et des environs au cours de la dernière année. 

« On l’explique souvent : il n’y a pas de complot, personne n’oblige personne à assister à ces moments-là », rappelle Michel de sa voix douce. 

« Ce n’est pas donné par une drag hypersexualisée, provocante, à moitié dénudée, poursuit-il. Il y a des drags de ce type, limite vulgaires pour certaines personnes, mais il y a un public qui aime ça. »  

Bref, des drags, il y en a pour une diversité de publics. « Et il se peut que des gens n’aiment aucun type de drag, et c’est bien parfait, on n’est pas là pour forcer quiconque à aimer cette forme d’art, indique Michel. Mais je pense que ça peut se faire dans le vivre et laisser-vivre. » 

Et faire rayonner l’art de la drag partout au Québec constitue l’une des vocations de l’agence Midor. 

Il est épatant de voir l’accueil chaleureux réservé aux drags hors de Montréal dans L’Agence. Car oui, la drag existe partout au Québec depuis longtemps, rappelle Michel, qui constate tout de même que la demande en région s’est accrue face à la démocratisation croissante de cet art, beaucoup plus médiatisé aujourd’hui que naguère.  

La loge que partagent Miss Butterfly et Chouchoune. Photo : Québecor Contenu

Conseils de mentor 

Comme mentor, quels conseils Michel Dorion prodiguerait-il à des recrues pour perdurer dans le métier? À ses yeux, la polyvalence est reine. « Ne pas se cantonner dans un style de numéro. C’est plus facile d’avoir des contrats quand tu as beaucoup de cordes à ton arc », fait-il remarquer. 

Sans compter que « ça permet d’évoluer ». « Ma drag a évolué plusieurs fois en 35 ans, et je continue à tester des choses, à améliorer des trucs dans mon maquillage. J’apprends encore. » 

Afin de continuer « à courir et danser sur des talons hauts » comme il le fait avec passion depuis plus de trois décennies, le copropriétaire du bar Le Cocktail se souhaite la santé. « C’est physiquement exigeant! Il faut que je sois en forme. » 

Et pourquoi pas une deuxième saison? badine-t-il. À ses dires, il y a abondamment de matière pour diffuser encore plus de moments de la vie des attachantes et exubérantes drags de Midor!  

Le Cocktail pourrait remballer sa terrasse

À l’instar d’autres bars et restaurants du Village, Le Cocktail, que dirige Michel Dorion, envisage de fermer sa terrasse alors que s’amorce la saison estivale. La Ville de Montréal « se montre incapable de fournir un environnement qui soit accueillant, paisible et convivial dans notre voisinage », a indiqué l’établissement il y a quelques jours sur sa page Facebook

Il indique compter sur la médiatisation de la situation afin d’éviter « cette solution de dernier recours ». 

L’hiver dernier, face aux nombreuses difficultés qui affligent le quartier — criminalité, déclin économique, itinérance… —, les membres de la Société de développement commercial du Village lançaient de nouveau un cri du cœur.  

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