«Unique et plurielles»: huit entrepreneures immigrantes à découvrir
Souhaitant pallier au manque de visibilité des femmes dans la sphère publique et médiatique du Québec, la stratège marketing et communication Ania Ursulet a décidé de lancer en 2022 le projet Unique et plurielles, qui vise à faire rayonner les femmes entrepreneures sur les réseaux sociaux. Sa deuxième édition, lancée la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, met en lumière huit femmes entrepreneures issues de l’immigration.
Créée en collaboration avec la photographe Karène-Isabelle Jean-Baptiste, la première édition de cette campagne a mis l’accent sur le féminin en tant qu’identité de genre.
«Alors que 98% du tissu économique du Québec est formé de petites et toutes petites entreprises, les travailleuses autonomes et les solopreneures n’ont aucune visibilité. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre l’accent sur elles cette année», dit Mme Ursulet, qui accompagne depuis plusieurs années les femmes entrepreneures dans la création de leur image de marque et l’établissement de leur offre de services.
L’entrepreneure française d’origine martiniquaise souligne le manque général de représentation des femmes, mis en lumière par le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat et le Radar de la parité de l’organisme Femmes Expertes, qui permet de suivre en temps réel la proportion de femmes et d’hommes cités dans les six plus grands médias francophones au Canada.
Quand on parle des femmes dans l’espace public, on le fait souvent sous un spectre négatif ou des statistiques. Avec ce projet, je tiens à faire rayonner les femmes d’une manière positive.
Ania Ursulet, établie au Québec depuis 2012
Métro s’est entretenu avec deux fondatrices de microentreprises, ayant participé à la campagne Unique et plurielles, qui tiennent à mettre le bien-être d’autrui au cœur de leurs activités.
Aider d’autres à prendre les rênes de leur vie
Miruna Nica sait que l’équilibre est l’ingrédient essentiel pour avoir une vie personnelle et professionnelle satisfaisante. C’est pourquoi elle tient à sensibiliser les entrepreneurs sur l’importance de vivre quotidiennement en alignement avec leurs valeurs.
«L’alignement entre actions et valeurs manque beaucoup chez les entrepreneurs aujourd’hui, qui s’écroulent à petit feu», dit la fondatrice de l’entreprise Miruna Inspires, qui a décidé de quitter sa carrière en gestion des organisations et des ressources humaines pour se consacrer au coaching individuel et organisationnel.
D’un côté, on dit qu’on valorise beaucoup la santé, mais de l’autre, on voit des agendas très chargés, qui priorisent continuellement les actions [au détriment] des valeurs.
Miruna Nica, entrepreneure originaire de la Roumanie
«Le rythme accéléré du monde nous influence. On oublie qu’il est possible de s’arrêter et de choisir un rythme qui convient à notre corps, à notre esprit et à notre famille», exprime celle qui tient à aider ses clients à changer leur perception du «farniente».
«Se reposer, ce n’est pas rien faire. Même les athlètes de haute performance ont des cycles de repos et de régénération», fait-elle valoir.
Mme Nica a lancé le 14 avril le programme Entreprendre en équilibre, un parcours de sept semaines destiné aux entrepreneurs, solopreneurs et artpreneurs qui souhaitent développer leurs activités en respectant l’équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle.
Soutenir les mamans
En 2021, Sally Guga s’est retrouvée au dépourvu lorsque sa fille cadette a été hospitalisée à Montréal pendant près d’un mois à la suite d’un accident.
«J’étais épuisée physiquement, mentalement et émotionnellement, mais les gens dans mon entourage ne savaient pas comment m’aider parce que je ne le savais pas moi-même», explique-t-elle.
Bien que Mme Guga n’ait pas pu compter sur le même soutien qu’elle aurait pu avoir aux cotés de sa famille au Kenya, elle a fort apprécié les repas prêt-à-manger que les gens de son entourage lui ont offert.
«C’était un cadeau précieux parce que cela m’a permis de m’occuper de ma fille», dit la mère de famille, qui souligne l’importance s’avoir un réseau qui donne aux mères l’espace mental dont elles ont besoin pour s’occuper de leurs enfants.
En Afrique on dit que pour élever un enfant, il faut tout un village, et c’est vrai.
Sally Guga, établie à Montréal depuis 14 ans
La résidente de Villeray décide donc de lancer son entreprise Herawa en 2022: «un village virtuel» qui permet aux mamans et futures mamans de recevoir en cadeau des services de préparation des repas, de gardiennage et d’entretien ménager préalablement choisis par elles sur la plateforme de registre de cadeaux.
«Les services d’aide pour cuisiner ou nettoyer ne sont pas toujours abordables, et les services offerts par le CLSC aux nouvelles mamans sont souvent orientés vers le bébé, et non la mère», déplore le nouvelle entrepreneure, qui souhaite attirer des fournisseurs prêts à offrir des rabais sur leurs produits ou services sur sa plateforme.
«Je veux que [ma plateforme] soit l’UBER des services pour les mamans, car ce problème n’existe pas seulement à Montréal. Il existe aussi ailleurs au Canada et dans tous les pays développés», soutient Mme Guga.
Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.