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Ces Américains qui dénigrent les universités

Photo: Métro
Pascal Lapointe - Agence Science-Presse

Aux États-Unis, les électeurs du parti républicain ont, pour la première fois, une opinion majoritairement négative de l’impact des collèges et des universités sur
leur société.

Si la méfiance, voire l’hostilité, à l’égard des institutions en général, ou de « l’establishment », ressort de plus en plus des sondages depuis quelques années, plusieurs observateurs ont été surpris d’apprendre que les institutions d’enseignement s’ajoutaient à la liste.

Selon un sondage du Pew Research Center effectué en juin et publié récemment, 58% des républicains ont une opinion négative des collèges et des universités – et seulement 19% des démocrates, ce qui totalise tout de même plus du tiers des Américains.

Cette proportion est en croissance, puisqu’ils n’était «que» de 45% l’an dernier chez les républicains. C’est moins que l’opinion négative que se font les républicains des « médias nationaux » (85%) – contre 46% des démocrates –, mais c’est plus que l’attitude négative à l’égard des syndicats (46% des républicains) et des églises (que 14% des républicains perçoivent négativement, contre 36% des démocrates).

L’écart partisan à l’égard de ces autres institutions ayant continué de s’accroître d’année en année, collèges et universités étaient peut-être voués à franchir tôt ou tard la barre des 50%. Mais, selon les auteurs de l’étude, «les attitudes des républicains sur les impacts des collèges et des universités ont changé de façon significative dans un laps de temps relativement court» : de 37% d’opinions négatives en 2015, la proportion est passée à 45% en 2016, puis à 58% cette année. Et c’est encore plus fort chez ceux qui s’identifient comme « républicains conservateurs » (65% d’opinions négatives).

À ceux qui seraient tentés d’y voir une réaction aux manifestations anti-Trump sur les campus, le journaliste David Graham rétorque dans The Atlantic que les campus se font reprocher par les mouvements conservateurs d’être des nids de gauchistes depuis les années 1960. Trump lui-même pourrait être un facteur de l’accélération, mais ce serait écarter un peu vite le fait que cette accélération avait commencé bien avant sa campagne.

Toutefois, quelle qu’en soit la raison – ou les raisons –, si plus du tiers des citoyens de la première puissance mondiale et près des deux tiers des partisans du parti politique au pouvoir considèrent que ces institutions ont un impact négatif sur leur propre pays, il est difficile de ne pas imaginer que cela se traduira tôt ou tard par une baisse des inscriptions dans les universités.

Tout comme il est difficile de ne pas faire un lien avec une certaine attitude anti-intellectuelle qui semble elle aussi en croissance depuis des années. Pour l’économiste Paul Krugman, «les républicains ont changé dans l’ère Trump ; ce qui était déjà une souche solide d’anti-intellectualisme est devenu complètement dominant… À présent, quiconque pointe des faits évidents – les immigrants n’ont pas amené un règne de terreur, les emplois dans le charbon ne reviendront pas, Trump a perdu le vote populaire – est l’ennemi. En fait, j’avance que l’anti-intellectualisme a été, à sa façon, un facteur aussi important dans l’élection que le racisme.»

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