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Alternance travail-études : Un mariage qui séduit de plus en plus

Nathalie Villeneuve - Métro

L’étiquette «Alter­nance travail-études» (ATE) ou «enseignement coopératif» se retrouve sur une variété impressionnante de parcours, du niveau secondaire au deuxième cycle universitaire et de l’ébénisterie au génie électrique, en passant par la traduction, la pharmacologie, les études environnementales et le secrétariat.

Selon Service Canada, des recherches démontrent que les étudiants qui combinent leurs études à une expérience de travail rémunérée ont un taux d’emploi plus élevé que les autres diplômés, sont moins endettés et un taux d’abandon moins élevé. Ce type de parcours leur permet également d’améliorer leurs relations humaines tout en augmentant leur confiance en eux-mêmes et leur indépendance.

Progression constante
Des données compilées en 2007 par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) indiquent que le nombre de programmes d’ATE a plus que doublé, entre 2000 et 2006, dans les établissements collégiaux du Québec. En 2006, ils attiraient près de 4 000 étudiants, soit 50 % de plus qu’en 2000.

À l’Association canadienne de l’enseignement coopératif (ACDEC), qui offre des services professionnels aux établissements collégiaux et universitaires qui dispensent de l’enseignement coopératif, le nombre de membres est en progression constante.

En 2007, l’ACDEC dénombrait 80 000 étudiants dans 80 institutions. «Mais il y en a plus. Cela tient compte que les étudiants inscrits dans les institutions qui sont membres», note Carole Cox, directrice administrative de l’Association.

Gagnant-gagnant
La formule contente tout le monde, explique Denis-Robert Elias, directeur du service des stages et du placement à l’Université de Sherbrooke, où l’enseignement coopératif est implanté depuis 43 ans. «C’et une grosse machine», qui attire 4 000 étudiants dans 36 programmes, rodée par une équipe de 50 spécialistes, coordonnateurs et accompagnateurs, qui contribuent à jumeler employeurs et étudiants. Les étudiants gagnent de l’expérience en milieu de travail, et les entreprises sont assurées d’une dotation future en main-d’Å“uvre, résume M. Elias.

Les enseignants aussi y trouvent leur compte quand l’étudiant revient d’un stage avec une maturité nouvelle, explique-t-il. «Au retour, l’étudiant a beaucoup de questions, il comprend plus de quoi on parle, il a vu la réalité», corrobore Lucie Martel, directrice adjointe du Réseau de la formation professionnelle à la Commission scolaire de Montréal.

C’est cette plus-value que l’Université de Sherbrooke compte développer encore davantage, avec une nouvelle approche qui sera dévoilée en septembre.

On mettra l’accent sur l’encadrement de la formation en milieu de travail. «On essaie de faire en sorte que les étudiants soient capables d’être critiques, d’évaluer la situation, d’aller au-delà de la commande, de regarder toutes les facettes.»

Pour le directeur, l’enseignement coopératif n’est pas une vogue, mais bien une nécessité. «Les jeunes d’aujourd’hui ont beaucoup de connaissances, mais moins de maturité. Nous, on vivait autre chose, il fallait qu’on se débrouille, estime l’homme de 60 ans. Pour acquérir de la maturité, c’est important de faire des stages.»

 

La récession n’est pas dramatique

Si la morosité économique n’est pas sans effets sur le placement des étudiants inscrits aux programmes d’alternance travail-études, elle n’a pas d’effets dramatiques. «En aérospatiale, à l’automne dernier, on mettait tout le monde à la porte. C’était difficile, de placer nos élèves», admet Lucie Martel, directrice adjointe du Réseau de la formation professionnelle de la CSDM.

Vigilance de mise
Dans certains domaines qui connaissent une pénurie de main-d’Å“uvre, cependant, la vigilance est toujours de mise, selon la Commission scolaire. Certains em­plo­yeurs sont tentés d’embaucher des étudiants qui n’ont pas terminé leur formation. Dans ce cas, «on coupe les contacts», assure Mme Martel.

À l’Université de Sherbrooke, Denis-Robert Elias trace un bilan positif de l’année 2008-2009. «On a eu malgré tout 98,8 % de placement. C’est un peu plus dur, mais on arrive quand même à placer nos étudiants, et on a d’aussi bons stages.»

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