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Le b.a.-ba d'une bonne initiation

Lorsque l’on demande aux étudiants de quoi ils se souviennent à propos de leur dernière initiation, beaucoup répondent d’office : «la quantité d’alcool ingurgitée». Ces dernières années, plusieurs universités ont fait parler d’elles en raison d’une consommation d’alcool excessive, ou de bizutages en tous genres.

Hubert Stacy, directeur général d’Educ’ Alcool, concède tout de même que la situation s’est améliorée. «Ce n’est plus comme il y a 2 ans, à Polytechnique, où l’on avait gagné le 1er prix mondial de la beuverie. On nous avait dit que ce n’était rien puisqu’on avait distribué des billets de bus ; c’est comme si on autorisait tout lorsqu’on ne conduit pas…»

Le directeur du comité d’organisation des initiations à Polytechnique (Polyparty), Olivier Boisvert, a décliné nos demandes d’entrevues, faisant référence à «la mauvaise presse faite aux initiations ces dernières années.» Pour autant, la plupart des établissements que nous avons pu interroger ont choisi de resserrer les règles concernant ce type d’événements. En plus de posséder un règlement intérieur encadrant la consommation d’alcool et concernant les questions de respect à autrui, plusieurs écoles comme HEC, le Cégep du Vieux Montréal ou encore l’Université Laval demandent désormais aux étudiants de leur soumettre le plan des activités qu’ils souhaitent organiser.

À l’Université McGill, la direction a réuni, pour la première fois cette année, étudiants et services administratifs autour d’une même table.  «Auparavant, l’université, les facultés, les comités étudiants et les résidences universitaires organisaient tous leurs propres initiations. Nous voulions désormais planifier les activités ensemble», explique Jana Luker, directrice des services aux étudiants. L’Université McGill a notamment créé une formation destinée aux étudiants organisateurs pour leur expliquer les différentes réglementations.

À HEC, l’attention a également été portée sur la sécurité des personnes et sur un aspect insoupçonné: les allergies alimentaires. «Cela peut paraître tout bête, mais nous essayons de bannir l’utilisation des allergènes les plus courants, qui pourraient atterrir sur la tête de certains étudiants», rappelle Jean-François Ouellet, directeur du BAA de HEC. Partout, les universités affirment qu’elles ne tolèrent pas que les étudiants soient forcés à participer à une activité.

Et encore moins qu’ils soient con­traints à boire de l’alcool. À HEC, les organisateurs ont mis en place de petits «trucs» pour limiter la consommation, comme le fait de proposer systématiquement des boissons non alcoolisées, d’obliger les étudiants à ramener leur verre à un point central avant d’être resservis, ou de ne pouvoir acheter qu’un seul verre à la fois. «Plusieurs membres de la direction sont aussi présents lors des circuits d’initiations organisés sur le campus, ajoute M. Ouellet. Cela donne du poids aux arguments des organisateurs face aux étudiants.»

La plupart du temps, ce sont bien sûr les activités organisées hors du campus qui sont les plus délicates à encadrer. «Il est plus difficile de savoir ce qu’il s’y passe», résume Alain Lamarre, directeur des services aux étudiants du Cégep du Vieux Montréal. Plusieurs personnes tel­les que Jean-François Ouellet à HEC, affirment qu’il est nécessaire de «relativiser».

«Habituellement, tout se passe très bien! Les étudiants sont des personnes majeures et vaccinées qui sortent dans un endroit public!» D’autant plus que pour Jana Luker, les problèmes d’alcool et de bizutage ne sont pas spécifiques aux initiations : «On les retrouve surtout dans les clubs de sport ou les résidences étudiantes.»

«Aucun problème majeur»
À l’issue des initiations, l’Université Laval va jusqu’à remettre des questionnaires aux élèves pour connaître leur opinion. «Certains étudiants se plaignent parfois des coûts à débourser pour acheter leurs costumes», analyse Linda Larouche, directrice de la direction des services aux étudiants de l’Université Laval. Selon elle, les jeunes sont sensibilisés au développement durable et ne veulent plus gaspiller du papier ou des Å“ufs.

Mme Larouche ne note qu’une seule intervention «pour des problèmes d’alcool» l’année dernière, dans laquelle des étudiants portant des maillots de bain par temps froid ont été sommés de se couvrir… «On assiste parfois à des actes qui peuvent manquer de respect, comme le fait d’inviter les étudiants à se colorer le derrière…, résume-t-elle. Mais globalement, les jeunes sont désormais plutôt bien sensibilisés face à l’alcool.»

À l’UQÀM, aucun problème majeur n’a été signalé non plus. Une simple révision des horaires des activités sera menée car «l’année dernière, des étudiants avaient boycotté les cours pour participer aux initiations», explique Amandine Fournié, nouvelle coordonatrice à la vie étudiante de l’Association des étudiantes et étudiants en science politique de l’UQÀM. Selon elle, les initiations québécoises sont beaucoup moins violentes et moins dégradantes que les initiations qui se déroulent à l’étranger, en France notamment. À l’Université de Montréal, la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAECUM) n’a pas retourné nos appels.

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