Soutenez

La valeur des formations manuelles

Cette affirmation paraîtra surprenante aux lecteurs de cette chronique, mais si j’avais à recommencer mes études, je débuterais une formation professionnelle ou technique plutôt que de fréquenter l’université. En effet, plusieurs de mes chroniques passées encourageaient la poursuite d’études universitaires pour deux bonnes raisons. Premièrement, je crois que tous devraient actualiser leur potentiel d’apprentissage. Pour la plupart d’entre nous, cela veut dire fréquenter le collège et l’université. Deuxièment, le nombre d’emplois qui exigent une formation avancée a augmenté au cours des dernières décennies, une tendance qui se maintiendra sans doute.

Mais alors, pourquoi compléter une formation technique ou professionnelle avant d’aller à l’université? N’est-ce pas un détour inutile? Tout d’abord, on peut évoquer la flexibilité que cela apporte. J’ai toujours été impressionné par les employés de bureau mis à pied qui pouvaient retourner à un métier manuel. Dans un contexte économique incertain, posséder un second métier permet souvent de retomber sur ses pattes, quitte à reprendre son emploi perdu lorsque le marché s’améliorera. 

Aussi, les universitaires n’ont eu que trop peu d’occasion d’accomplir des tâches manuelles. Ils n’en comprennent donc pas les exigences bien qu’ils doivent souvent les gérer. Voilà pourquoi tant de travailleurs se plaignent que leur charge de travail est trop lourde! Leurs gestionnaires ne peuvent pas évaluer la charge acceptable pour un emploi donné!

Mais la raison principale peut être simplement le plaisir qu’apporte le travail manuel. Depuis la révolution industrielle, le travail de l’esprit a toujours été présenté comme supérieur au travail des mains, décrit comme sale et ennuyeux. Pourtant, ce dernier provoque une satisfaction immédiate. À la fin d’une journée de travail, l’ouvrier est toujours en mesure d’apprécier la qualité et l’utilité des résultats de ses efforts. C’est loin d’être le cas dans bien des emplois plus «intello».

C’est justement l’argument principal de Matthew B. Crawford, dans Shop Class as Soulcraft: An Inquiry Into the Value of Work, un livre qui fait énormément jaser. Crawford a abandonné une carrière académique en philosophie politique pour devenir réparateur de motocyclettes. S’il admet que les faibles débouchés pour les philosophes expliquent en partie ce changement inusité de carrière, l’auteur décrit aussi dans son livre sa découverte de la valeur et de l’importance du travail manuel.

Il nous montre également que la distinction entre travail manuel et intellectuel est artificielle, puisqu’un bon ouvrier possède de nombreuses connaissances. Voilà qui justifie bien la création de passerelles entre les formations! Il faudra en reparler!

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.