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Travailleur de rue: la rue comme bureau

Des  condoms, des guides de référence, des seringues, des pinces pour le ramassage des vieilles pipes artisanales, des tampons d’alcool… Marilyne, 27 ans, quitte tous les soirs le 1280, rue Ontario Est, à Montréal, avec tout ce matériel dans son sac à dos et arpente l’arrondissement de Ville-Marie. Elle s’arrête ici et là, discute avec des gens : des jeunes, des travailleuses du sexe, des mendiants, des gens qui l’interpellent.

La jeune femme, qui vient de terminer un certificat en intervention, est travailleuse de rue depuis cinq mois. Par ailleurs, depuis un an et demi, elle a travaillé à différents projets pour Spectre de rue. Cet organisme tente, depuis 1990 de prévenir et de réduire la propagation des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), du VIH/sida et des diverses formes d’hépatite auprès des personnes ayant des problèmes de toxicomanie, de prostitution, d’itinérance et de santé mentale.

 Marilyne parle de son emploi comme étant un choix de carrière. La seule chose qui l’agace un peu est que le poste dépend nécessairement des subventions, qui peuvent être coupées sans préavis. Sinon, son boulot  lui permet, dit-elle, de faire un travail de proximité et d’être en première ligne, ce qu’elle adore.

Altruisme
«J’avais envie, de façon altruiste, de faire un métier  où je pourrais aider mon prochain, où il y aurait des liens de confiance, raconte Marilyne. C’est agréable de voir que les personnes avec qui tu travailles t’accordent une telle confiance.» «En fait, ce qui me motive dans mon travail, c’est le bien-être et le soutien qu’on peut apporter aux gens dans la rue, ajoute-elle. Que ce soit par rapport à l’écoute ou au matériel qu’on peut leur donner, on sent qu’on ap­por­te quelque chose aux gens.»

La plupart du temps, plus de 80 % des contacts se passent sans distribution de matériel de prévention. Au total,  64 % des individus rencontrés sont des hommes, 20 % des femmes, et 16 % sont des transsexuelles, selon des statistiques de 2008 publiées sur le site internet de l’organisme. Tous les soirs, Marilyne doit  interagir avec sa clientèle, gérer parfois des situations de crise ou des imprévus. «Tout est dans l’attitude à garder face à chaque situation, affirme la travailleuse de rue. Tant que tu n’as pas fait ce travail, tu ne peux pas savoir avec précision ce que cela comporte.»

L’organisme dispose actuellement de deux travailleuses de rue. Les deux dernières travailleuses avaient environ une dizaine d’années d’expérience dans ce domaine. Au cours de l’année 2009-2010, Spectre de rue a fait 733 con­tacts (127 nouveaux contacts, 122 discussions, 115 suivis et 369 interventions) et a distribué 4 540 serin­gues et 16 739 condoms,  selon le dernier rapport annuel.

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