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Serge Lareault: L'Itinéraire au cÅ“ur

Serge Lareault n’a jamais eu l’âme d’une Mère Teresa, raconte-t-il. C’est plutôt le hasard qui l’a amené au Groupe L’Itinéraire. Approché en 1993 pour fonder un journal de rue qui serait produit par des itinérants, il a d’abord accepté un contrat de six mois, sans trop croire au projet… 17 ans plus tard, il est toujours à la barre de l’organisme…

Né dans une fa­­mille modeste de Montréal-Est, Serge Lareault a étudié en littérature. «Je voulais être écrivain, mais j’avais peur de crever de faim.» Il est donc allé se chercher une seconde formation, en journalisme. Son expérience de travail variée, dans les domaines journalistique, infographi­que et publicitaire, en faisait l’homme de la situation pour initier le projet et coacher les journalistes de rue.

«J’étais très négatif au début, se souvient-il. Je ne pensais pas que ça allait fonctionner.» À sa grande surprise, les 5 000 exemplaires du premier numéro se sont vendus comme des petits pains chauds. Ils en ont réimprimé 10 000, vendus à leur tour en deux mois. On s’est donc assuré ses services de nouveau et il est devenu le premier, et le seul, employé stable du journal pendant deux ans.

Des préjugés qui tombent
Sa vision de la société et des sans-abri a beaucoup évolué à leur contact. «En les côtoyant, mes préjugés sont tombés. Il y en a là-dedans qui ont des bacs… Souvent, on les traite de haut, et je me suis rendu compte du pouvoir insidieux de ce regard qu’on porte sur eux.» Le journaliste s’est con­verti à leur cause et, avec le temps, a fait place à l’entrepreneur. Après avoir quitté la boîte pendant deux ans pour travailler à la CSN, où il en a appris davantage sur la comptabilité et la gestion entrepreneuriale, il a repris les rênes du Groupe L’Itinéraire en 2002 en tant qu’éditeur et directeur général, afin de les aider à se relever d’une situation déficitaire.

Ce passionné cherche constamment de nouvelles idées pour réinventer le monde du travail. «Je suis deve­nu un chantre du développement d’une économie à échelle humaine», affirme-t-il. À ses yeux, l’économie sociale est la clé du développement de l’économie dans un monde qui vit des changements rapides. Aussi président de l’Association internationale des journaux de rue (International Network of Street Papers), il dit travailler au moins 70 heures par semaine. «Moi, je n’ai pas trouvé une job : je me suis marié [avec elle]!»

De nouveaux projets
Maintenant, l’entreprise a le vent dans les voiles. En plus du journal, du restaurant (Le Café L’Itinéraire) et des productions vidéo, d’autres projets sont dans sa mire, concernant particulièrement les 18-30 ans et les mères monoparentales. Le prochain sur la liste est un projet-pilote qui sera lancé autour du 15 novembre.

Près de 160 000 cartes avec code se­ront envoyées par la poste dans les périphéries nord et sud de Montréal. Elles permettront aux résidants de ces zones de s’abonner par internet au journal avec un camelot virtuel et d’avoir un accès privilégié au vidéoblogue de ce camelot. Le but est de reproduire virtuellement l’échan­­ge privilégié que les clients ont avec leurs vendeurs de rue. Ça permettrait aussi d’atteindre plus de gens dans des secteurs où il n’y a pas de camelots au coin des rues et de développer une nouvelle forme de travail pour les gens en processus d’insertion.

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