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Portrait de trois femmes d'influence

Catherine Girard, Geneviève Vézina-Montplaisir et Robert Laplante - Métro

Depuis novembre dernier, elles sont récipiendaires du prix des 100 femmes les plus influentes du Canada décerné par le Réseau des femmes exécutives. Tatiana Fraser, Claudine Labelle et Manon Gauthier sont des femmes de tête dont les actions pourraient bien inspirer la jeune génération. Métro les a rencontrées.

Tatiana Fraser: le féminisme en action!
Lorsqu’on lui demande qui sont ses modèles, Tatiana Fraser ne sait que répondre. Ce qui est sûr, par contre, c’est qu’elle est elle-même une source d’inspiration pour son entourage. La jeune femme vient en effet d’être dé­si­gnée comme étant l’une des 100 femmes les plus influentes au pays. Dans son bureau orné des dessins de ses deux enfants, Tatiana est tout sourire. Le prix, qu’elle a reçu au mois de novembre dernier, lui fait manifestement chaud au coeur. «C’est un honneur que je partage avec toute mon équipe», dit-elle.

Cette équipe, c’est celle de Filles d’action, une fondation qui crée et qui soutient des programmes destinés aux jeunes femmes partout au Canada. L’organisme a été fondé en 1995 par trois étudiantes de l’Université d’Ottawa. Tatiana était l’une d’elles. «Nous n’avions pas trouvé d’emploi d’été. Or, en tant qu’étudiantes en études des femmes, nous avions constaté des lacunes dans le système d’éducation à l’égard des jeunes filles. Nous avons donc décidé de faire d’une pierre deux coups en mettant sur pied une colonie de vacances réservée aux filles afin de pallier ces manques», raconte-t-elle.

Devenue directrice générale de la Fondation, Tatiana est particulièrement fière du rôle de catalyseur que son organisme a su développer au fil des ans. «Grâce à notre expertise, nous avons participé à la création d’une centaine d’initiatives faites par et pour des filles», explique-t-elle, les yeux brillants. Mais pourquoi cet intérêt pour les jeunes femmes? La réponse ne se fait pas attendre : «Même s’il y a eu beaucoup de progrès sur la question de l’égalité des sexes, il reste encore du chemin à faire. Le Canada s’intéresse beaucoup à la condition de la femme dans les pays en voie de développement. C’est bien, mais il ne faut pas oublier que les Canadiennes sont elles aussi aux prises avec des défis importants.»

Parmi ces enjeux, la directrice générale de Filles d’action mentionne, entre autres, l’accès au mentorat pour les jeunes professionnelles. «La Fondation croit beaucoup à ce genre de soutien. Mais nous pensons qu’il est important de revoir la formule du mentorat.» Selon Tatiana, il n’y a pas que les «vieux sages» qui peuvent donner des conseils. «Les jeunes peuvent très bien se «coacher» entre eux. Et les plus expérimentés peuvent aussi apprendre de ceux qui le sont moins», poursuit-elle. Le mentorat sera d’ailleurs au coeur de la prochaine campagne de mobilisation de la Fondation filles d’action.

Claudine Labelle: une battante influente
À tout juste 29 ans, Claudine Labelle s’est taillé, pour une deuxième année consécutive, une place dans le Top 100 des femmes les plus influentes du pays. La jeune Québécoise est la présidente fondatrice de FitSpirit, un organisme sans but lucratif qui encourage les jeunes filles de 13 à 17 ans, dont plus de 64 % sont inactives, à adopter de saines habitudes de vie. L’organisme organise des activités à caractère sportif ainsi que des conférences données par des athlètes de haut niveau.

Sa place dans ce palmarès, Claudine Labelle l’a ga­gnée à force de détermination. Alors qu’elle était promise à une carrière d’athlète professionnel en cyclisme, elle voit son rêve partir en fumée à 22 ans, lorsqu’elle est victime d’un grave accident. Frappée par un automobiliste pendant un entrai­ne­ment, la cycliste subit d’importantes lésions cervicales. «Je n’étais plus capable de comprendre ce que je lisais. Ma mé­moire à court terme était bousillée. J’ai dû mettre le sport de côté. Ç’a été un gros deuil.»

Claudine décide alors de mettre les bouchées doubles dans ses études en graphisme, même si chaque  soir, à son retour à la maison, elle ne se souvient plus de ce qu’elle a appris quelques heures plus tôt. Elle se construit alors un système bien à elle de notes et se trouve un emploi en télécommunications. Elle gravit vite les échelons de la compagnie, et devient responsable des réseaux internationaux. Pendant sa grossesse, elle décide de compléter un certificat de deuxième ni­veau en gestion de projets afin de mener à bien un projet qui marie sa passion pour le sport et le dé­passement de soi, FitSpirit. «Au début, j’ai appelé les écoles une par une, souligne-t-elle. En 2007, on a rencontré 5 000 filles du Québec et de l’Ontario grâce à nos conférences. L’année suivante, il y avait 110 é­coles sur la liste d’attente.»

Aujourd’hui, Claudine Labelle travaille avec un budget de 250 000 dollars et veut étendre les activités de FitSpirit à toutes les provinces du Canada. À l’avenir, elle aimerait aussi faire bouger davantage toutes les jeunes filles de la planète!

Manon Gauthier: architecte de passerelles
Manon Gauthier impressionne. Dès le premier regard, on sent chez la directrice générale du Centre Segal des arts de la scène une détermination exceptionnelle. Pas étonnant qu’elle ait reçu le prix des 100 femmes les plus influentes du Canada dans la catégorie Arts et Communication Financière Sun Life. «Au-delà de mon travail, c’est avant tout la reconnaissance de l’apport des femmes et de la culture dans le développement du Canada que souligne ce prix» explique-t-elle de sa voix assurée et convaincante.

Ces atouts lui sont bien utiles quand vient le temps de réunir des milieux qui traditionnellement se parlent peu : les arts, la philanthropie et les affaires. «On n’a pas le choix; si l’on veut assurer notre stabilité, il faut développer cette alliance.» Cette vision globale, elle l’a développée grâce à ses expériences dans ces différents domaines. «J’ai commencé à travailler pour les Productions Jacques K. Primeau durant mes années universitaires, ce qui m’a permis d’explorer plusieurs facettes des communications et de mieux saisir les réalités de ces trois milieux.»

Si sa stratégie d’alliance étonne, la fermeté de son ton, l’intensité de son regard et son écoute attentive surprennent encore plus, surtout dans un monde où les ego sont souvent surdimensionnés. «Je crois à un leadership différent, axé sur la collaboration. Il faut faire confiance à ceux qui nous entourent et requérir leurs expertises», souligne-t-elle. Son poste paraît taillé sur mesure pour cette bachelière en anthropologie et en communication de Concordia qui plaide non seulement pour une rencontre entre les arts et les affaires, mais qui travaille aussi activement au décloisonnement des univers culturels francophone, anglophone et allophone montréalais. «Je veux établir des passerelles entre les communautés montréalaises et la culture est un terrain idéal pour jeter ces ponts», explique-t-elle avec passion.

Cette passion et les exemples de ces mentors la guident chaque jour. «J’ai eu la chance d’avoir des mentors comme Jacques K. Primeau, Isabelle Hudon, Simon Brault. Ils m’ont transmis leur détermination, leur vision et leur passion. Je crois beaucoup au mentorat et, si mon parcours et mon expertise peuvent inspirer des plus jeunes, j’en serais heureuse», conclut-elle.

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