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Dur dur d'être un enfant de la DPJ

Marjorie Wirzbicki - Métro

«Si on leur faisait confiance, de nombreux jeunes de la DPJ obtiendraient un diplôme et un bon emploi.» Cette phrase, c’est Jean qui la prononce dans le deuxième ouvrage du journaliste Harold Gagné, À quoi ça sert de grandir?

Petit, cet éducateur spécialisé à la DPJ a été placé en centre de réadaptation parce que sa mère, aux prises avec une maladie mentale, n’était pas apte à s’en occuper. C’est l’une des histoires qu’on découvre à la lecture de ce livre. Que deviennent ces enfants qui ont eu pour seul tort de naître dans le mauvais foyer? Comment grandissent-ils? Pour répondre à ces questions, Métro s’est entretenu avec Harold Gagné.

Vous avez choisi de mêler votre histoire personnelle à celles des personnes que vous interrogez. Pourquoi ?
C’est une question d’honnêteté par rapport à elles. Elles ont accepté de se mouiller, il fallait que je le fasse aussi.

Ces jeunes ont-ils souvent des problèmes scolaires?
Quand tu ne manges pas à ta faim à la maison et que tes parents sont peu présents à cause d’horaires de travail compliqués, l’école passe au second plan. Tes amis de la rue deviennent ta famille, et ce ne sont pas toujours de bonnes fréquentations. Il faut aussi prendre en compte la santé des jeunes pris en charge par la DPJ : 45 % d’entre eux ont des problèmes de santé mentale.

Quel est le parcours scolaire des enfants suivis par la DPJ?
Il y a différents parcours. Certains enfants ont des médicamentations lourdes et doivent suivre des cours à l’interne, dans les centres jeunesse. D’autres, en foyers de groupe, vont à l’école du quartier. Pour les jeunes contrevenant en centre de détention, les cours sont dispensés à l’interne.

Et à 18 ans, lorsqu’ils ne sont plus sous la responsabilité de la DPJ, que se passe-t-il?
Sur les 5 000 qui quittent la DPJ chaque année, environ 500 sont suivis par des éducateurs, qui les aident à trouver un logement, à se faire à manger… Les autres ne sont pas assez soutenus selon moi. Certains n’ont pas de famille et sont laissés à eux-mêmes. Ce n’est pas facile de les aider. À 18 ans, après avoir passé du temps dans un centre, ils veulent être libérés de la DPJ.

Que manque-t-il à la DPJ pour mieux aider ces jeunes?
La DPJ manque de ressources financières. Il faudrait aider les jeunes en bas âge, multiplier les foyers de groupe, accélérer les procédures d’adoption et augmenter le nombre de juges dans les Chambres de la jeunesse. Tous ces processus sont très lents. Une autre piste serait de développer les parrainages entre les jeunes qui arrivent à 18 ans et un adulte qui les aiderait, mais c’est très compliqué à mettre en place.

À quoi ça sert de grandir?
Harold Gagné
Libre Expression
Présentement en librairie

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