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La compétence et le compliment

Les travaux des chercheurs en éducation sont trop souvent ignorés à nos dépens. Justement, la semaine dernière, l’émission de Télé-Québec Le code Chastenay présentait ceux de Thérèse Bouffard, dont l’impact potentiel sur la lutte contre le décrochage scolaire sera difficile à ignorer.

Les travaux remarquables de cette chercheuse du département de psychologie de l’UQAM montrent que les élèves qui croient en leur capacité de réussir sont en fait ceux qui réussissent. Ses recherches démontrent qu’il est possible que deux élèves ayant la même capacité intellectuelle et la même facilité naturelle à apprendre aient des expériences scolaires très différentes. Le premier échouera à ses cours et finira par abandonner l’école parce qu’il n’a pas confiance en sa capacité de réussir. Le second, qui au contraire croit en sa capacité, poursuivra ses études avec succès. Mieux, un élève peu doué, mais bardé de confiance en ses capacités pourra mieux réussir qu’un élève ayant plus de capacités intellectuelles, mais dépourvu de cette confiance.

En psychologie, cette confiance se nomme le sentiment de compétence personnelle. Ce sentiment est une pierre angulaire de la motivation. Comme conseiller, j’ai souvent constaté que mes clients les plus motivés ont un objectif qui leur tient vraiment à cour et dont ils abordent la poursuite avec enthousiasme, convaincus qu’il est à leur portée s’ils y mettent les efforts nécessaires. Au contraire, ceux qui se croient incapables d’atteindre leurs objectifs perdent tout intérêt et cessent de les poursuivre. Pour eux, le jeu n’en vaut plus la chandelle, puisque le but désiré est inatteignable. Quel être doué de bon sens poursuivrait un objectif inatteignable?

Selon les travaux de Thérèse Bouffard, les décrocheurs seraient donc surtout ceux qui croient que, quels que soient leurs efforts, ils ne réussiront jamais à l’école. Ce sont des jeunes dépourvus de cet important sentiment de compétence personnelle. Certains, d’ailleurs, n’hésitent pas à se décrire comme «nuls» ou «poches». J’en conclus qu’abandonner l’école est plein de bon sens à leurs yeux.

Personne n’est venu au monde avec le sentiment de sa propre compétence et de sa capacité à réussir. On l’apprend des autres, particulièrement de nos parents et de nos professeurs. Voilà pourquoi il est si important de complimenter nos enfants dès leur plus jeune âge. Lorsqu’on les complimente pour leurs réussites, les jeunes apprennent  qu’il leur est possible d’atteindre les objectifs qu’ils se donnent. Malheureusement, la tendance de la plupart d’entre nous est exactement l’inverse.

Nous ignorons leurs réussites ou nous les considérons comme allant de soi. Le moindre petit échec est, au contraire, durement réprimandé. Plusieurs adultes ne se gênent pas pour traiter les jeunes de cons et les transforment alors en cons… Complimentez donc vos jeunes, ils décrocheront moins!

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