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Le trou du beigne

D’un côté, presque deux tiers des nouveaux emplois demandent des études collégiales ou universitaires. De l’autre, plusieurs milliers d’emplois sont mal rémunérés. Entre les deux, c’est le trou du beigne.

Au cours des deux derniers jours, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) tenait un congrès auquel étaient invités les partenaires du milieu de l’éducation. L’objet de cette rencontre, selon le président de la centrale,  Réjean Parent, est de réfléchir sur les façons d’améliorer l’éducation et d’augmenter le nombre de diplômés, alors qu’on sait que plusieurs des nouveaux emplois demanderont de posséder une formation collégiale ou universitaire.

En effet, les dernières perspectives à long terme de Ressources humaines et développement des compétences Canada indiquent que d’ici 2015, environ deux tiers des nouveaux emplois demanderont d’avoir fait des études postsecondaires. Or, selon les derniers Indicateurs de l’éducation, environ 61  % de nos jeunes accèdent aux études collégiales et 44 % aux études universitaires. Ces chiffres sont en augmentation constante depuis les 15 dernières années, ce qui signifie que de plus en plus de jeunes ont compris le message et cherchent à se préparer aux exigences des nouveaux emplois.

C’est pour les 39 % qui demeurent, souvent des décrocheurs, que la CSQ et les autres acteurs ont de bonnes raisons de s’inquiéter. Dans un article paru en janvier dans le Globe and Mail, les économistes de la Banque impériale de commerce publiaient les données récentes de leur Index de la qualité des emplois. D’après ce document, le nombre de Canadiens occupant des emplois de piètre qualité (précaires et/ou mal rémunérés) était en 2011 le plus élevé des 15 dernières années. Toujours selon ces économistes, le revenu disponible des Canadiens est par conséquent resté inchangé durant l’année 2011.

Le même genre de phénomène s’observe aux États-Unis. Nos voisins du Sud ont perdu beaucoup d’emplois manufacturiers durant la récession de 2008-2009. Or, ces emplois bien payés permettaient à ceux qui n’avaient qu’un diplôme d’études secondaires de faire partie de la classe moyenne. Depuis leur disparition, les Américains peu instruits doivent souvent se contenter d’emplois dans le secteur des services qui n’offrent qu’une fraction du salaire des emplois manufacturiers perdus.

Cet effet a été appelé le trou du beigne par les journalistes américains :  beaucoup d’emplois hautement qualifiés qui paient très bien d’un côté, plusieurs emplois peu qualifiés qui paient mal de l’autre et, comme dans un beigne, rien dans le milieu ou presque. Le nombre d’emplois bien rémunérés qui n’exigent que peu de qualifications diminue constamment.

Je rencontre bien des jeunes qui pensent qu’ils pourront travailler comme leurs parents, c’est-à-dire trouver un emploi manufacturier bien payé même s’ils ne terminent pas leurs études.

Malheureusement, rien n’est moins sûr. Ils pourraient très bien se retrouver dans le trou du beigne. Toute la question est de savoir comment les encourager à persévérer malgré une aversion souvent importante envers l’école. 

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