Faire de la «seconde main» la première mode
Il y a un an, Candice Bouchez a fait le pari de concilier ses convictions écologiques et ses ambitions entrepreneuriales en créant la première friperie collaborative en ligne au Québec, Bon Magasinage.
Passionnée de mode depuis qu’elle est toute petite, Mme Bouchez a fréquenté les grandes chaînes de prêt-à-porter comme beaucoup d’adolescentes.
Cependant, ses études en stylisme, commencées en France et terminées au Québec, l’ont sensibilisée aux contradictions de cette industrie dont les ateliers cachent des conditions de travail et de fabrication bien moins séduisantes que les vitrines étincelantes d’un H&M ou d’un Zara.
«Je me suis alors découvert une passion pour les vêtements usagés que j’achetais et vendais sur des plateformes virtuelles accessibles en Europe, explique-t-elle.
Toutefois, quand je suis venue vivre au Québec, j’ai été surprise par le peu d’offres pour ce type de magasinage, mis à part Kijiji. Ça a planté une graine dans ma tête.»
L’entrepreneure, aujourd’hui âgée de 27 ans, a commencé par créer un site de petites annonces gratuit avec l’aide d’un ami développeur. Cette première version de Bon Magasinage a roulé pendant un an et demi et conquis une première vague d’adeptes dans la région de Montréal (jusqu’à environ 2000 personnes inscrites).
La popularité des friperies collaboratives en ligne a monté en flèche au Québec depuis un an.
Fonctionnement
Sur Bon Magasinage, chaque membre peut créer des annonces virtuelles comprenant la description, le prix et la photo d’un vêtement ou d’un accessoire qu’il souhaite vendre. L’inscription est gratuite, et les intéressés peuvent aussi acheter les pièces d’autres vendeurs par le biais d’une transaction sécurisée, comme sur n’importe quel site de magasinage en ligne.
Une fois la vente conclue, le vendeur et l’acheteur communiquent par messagerie virtuelle pour convenir d’un moment et d’un lieu où effectuer la remise en main propre de l’achat.
Depuis quelques mois, ils peuvent aussi opter pour un transfert par voie postale, suivi et encadré par Bon Magasinage. Cette dernière option a étendu le périmètre des transactions à l’échelle du Québec, puisque la rencontre physique entre les deux parties n’est plus nécessaire.
Pour garantir le bon fonctionnement des échanges, le site bloque l’argent des ventes et ne l’envoie dans le compte bancaire du vendeur qu’une fois que l’acheteur confirme avoir reçu son bien en entrant un code sur son profil Bon Magasinage.
Croissance
Constatant l’engouement suscité par son projet, Candice Bouchez a décidé de quitter son ancien travail environ un an après la création de sa plateforme pour se consacrer à plein temps à celle-ci.
«Mon objectif était de lancer une version transactionnelle de Bon Magasinage pour assurer sa croissance», se rappelle-t-elle.
Fin 2018, la version monétisée de Bon Magasinage a été lancée, et la jeune femme a officiellement sauté dans les joies de l’entrepreneuriat. Seule aux commandes de sa jeune affaire, elle a tenté, pour limiter ses dépenses, de faire un maximum de choses elle-même, de la supervision quotidienne des transactions à la comptabilité en passant par le marketing et l’animation des réseaux sociaux.
L’entrepreneure ne compte pas ses heures. Elle saisit toutes les occasions de faire grandir son affaire, comme la tenue d’un stand au Festival Zéro Déchet de Montréal en octobre dernier et une intervention récompensée par le troisième prix au concours Pitch Nueva 2019.
Modèle d’entreprise
Bon Magasinage prend une commission de 15% sur chaque vente. Cet argent est majoritairement réinvesti pour développer des services et automatiser les tâches qui peuvent l’être. En un an, il a notamment servi à bonifier le site pour le rendre plus intuitif et à conclure un partenariat avec Postes Canada afin d’assurer un tarif fixe de 12$ pour toutes les commandes par envoi postal.
Candice Bouchez ne vit pas encore pleinement de son activité, mais assure son autosuffisance. Bon Magasinage compte actuellement plus de 6000 membres inscrits et jusqu’à un million de pages vues par mois. Un bilan prometteur pour la jeune femme qui, au-delà du succès de son entreprise, se réjouit des milliers de vêtements qui ont trouvé une deuxième vie grâce à sa plateforme.
Que lui souhaiter pour 2020? «Que la croissance de Bon Magasinage se poursuive, tout en préservant les échanges sympathiques et bienveillants qui animent la communauté», dit-elle. Et que la mode et l’environnement continuent de faire bon ménage!