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Chercher du travail avec un casier judiciaire: mode d’emploi

des menottes et des empreintes digitales symbolisant une personne avec un casier judiciaire.
Photo: Olga Yastremska/123RF
Louise Bouchard - 37e Avenue

Près d’une personne sur dix a déjà commis une infraction criminelle au Québec. Ces quelque 800 000 personnes composent un bassin de travailleurs dont les employeurs ne peuvent se priver en contexte de rareté de main-d’œuvre. Comment se trouver un emploi lorsqu’on a un casier judiciaire?

Tout cacher n’est pas une bonne idée. Il est en effet de plus en plus facile pour les employeurs de vérifier si un candidat a un casier judiciaire ou non, et ils en font bon usage. Le hic, c’est que cette seule vérification ne donne pas les détails sur l’infraction commise, si bien qu’un candidat condamné il y a 10 ans pour conduite avec facultés affaiblies présente le même statut de personne judiciarisée que le voleur récidiviste qui a passé quelque temps derrière les barreaux.

«Les employeurs doivent aller au bout de leur vérification, prendre en note le numéro du Code criminel qui est en cause et aller voir à quoi il correspond pour connaître la réalité», explique Sylvie Vallières, directrice du service d’aide à l’emploi de l’Est de Montréal. Ils devraient aussi savoir que la Charte québécoise des droits et libertés leur interdit de faire de la discrimination envers une personne ayant un casier judiciaire si le délit n’a pas de liens avec les tâches de l’employé ou du candidat.

Faire disparaître son casier judiciaire: une tache persistante…

L’idéal serait de faire disparaître toute trace de son passé moins glorieux par l’obtention d’un pardon. «Mais cette suspension n’efface pas le casier, elle le met dans une autre section du système de classement, précise Sylvie Vallières. La personne doit continuer de répondre par l’affirmative à la question sur les antécédents judiciaires, mais pourra dire qu’elle a obtenu son pardon, ce qui prouve qu’elle a eu un bon comportement.» Cette demande implique un processus coûteux (plusieurs centaines de dollars) et ne peut être faite qu’après un nombre précis d’années après l’infraction et la condamnation.

La divulgation pure et simple peut elle aussi être profitable, surtout auprès des employeurs qui ne vérifient pas systématiquement les antécédents judiciaires, comme c’est le cas de la plupart des PME. La condamnation pour un seul délit mineur ou circonstanciel — mais toujours en vertu du Code criminel — peut être discutée lors de l’entretien d’embauche. Les personnes présentes à l’entrevue ont peut-être déjà eu des comportements semblables sans se faire prendre. «Dans les cas plus sévères, les gens préfèrent attendre quelques mois après l’embauche pour le dire à leur employeur, et certains ne le feront jamais», dit Sylvie Vallières.

Le marché «caché» de l’emploi

Chose certaine, cette clientèle doit persévérer dans sa recherche d’emploi, car le travail est un gage de réinsertion sociale. Et des centaines d’employeurs ont bien besoin d’eux. «Je leur suggère d’aller se présenter directement dans les organisations et les entreprises, sans répondre à des demandes précises, parce que le premier contact direct diminue l’effet négatif du casier», note Sylvie Vallières. Elle ajoute que les personnes qui ont été emprisonnées ont travaillé et développé des compétences durant leur incarcération. «Nous les accompagnons dans leurs recherches, elles sont motivées et prêtes à travailler… elles ne demandent qu’une seconde chance», conclut-elle.


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