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Un nouveau 1968

Quelque 125 000 étudiants font la grève contre l’augmentation des frais de scolarité. Ils nous offre à tous une leçon de démocratie.

Ils sont 125 000 à faire la grève au moment où j’écris ces lignes. Ils se préparent pour une démonstration massive le 22 mars et à de nombreuses autres actions d’ici là. Les associations étudiantes du Québec se sont révoltées contre le projet du gouvernement Charest d’augmenter les droits de scolarité de 325 $ par année, pour les amener à environ 3 800 $ en 2017.

Les vieux nostalgiques voudront comparer cette révolte étudiante à celle de 1968. À l’époque, les étudiants s’opposaient à ce qu’ils appelaient la société autoritaire. Ils accusaient les adultes d’être les pantins d’un système responsable des inégalités sociales, de la guerre froide et de la menace nucléaire.

Ils se sentaient exclus des décisions qui les concernaient et ont tenu des manifestations monstres pour promouvoir leurs valeurs, qu’ils jugeaient très différentes de celles de leurs aînés. Peace, man!

Il me semble qu’en effet, cette grève ressemble au soulèvement de 1968 et que nos étudiants ressentent des frustrations semblables à celles de leurs confrères d’alors. Comme en 1968, plusieurs d’entre eux sont convaincus que notre société n’est plus une démocratie, mais plutôt une ploutocratie, où seuls ceux qui contrôlent l’argent ont droit de parole. Comme en 1968, ils désirent être consultés au sujet des décisions qui les concernent. Ils croient d’ailleurs qu’on les a ignorés lors de la consultation sur le financement de l’enseignement supérieur. Comme en 1968, ils désirent qu’on permettent aux plus démunis d’accéder à l’éducation, car les études démontrant l’augmentation des inégalités se multiplient.

Dans mes chroniques antérieures, j’ai présenté ma position sur les droits de scolarité. L’augmentation modérée annoncée par le gouvernement me semble justifiée et elle ne devrait pas nuire à la capacité des jeunes à s’établir dans la vie, comme c’est le cas ailleurs en Amérique du Nord. Les droits de scolarité ont terriblement augmenté dans certaines juridictions et les jeunes s’y sont endettés au point de ne plus pouvoir s’émanciper de leurs parents, fonder un famille, acheter une maison, etc.

Je suis donc en désaccord avec la position des jeunes grévistes. Pourtant, je dois bien admettre que je partage plusieurs de leurs frustrations. Il me semble, à moi aussi, que nous avons perdu beaucoup d’influence sur les décisions qui nous concernent et que des intérêts privés exercent une plus grande exprise sur nos dirigeants politiques que le peuple qui les a élus et devant lequel ils sont responsables.

Le sentiment de ne pas être écouté et le désir d’agir sur son propre destin sont donc les motifs de la grève étudiante, tout autant que la question des droits de scolarité.

Nos étudiants sont ainsi devenus nos maîtres et nous font maintenant une leçon de démocratie!

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