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GES: 7 ans après l’accord de Paris, les actions toujours pas à la hauteur

environnement
Photo: iStock

Sept ans après la signature de l’accord de Paris, les actions entreprises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne sont pas à la hauteur de l’urgence, souligne un chercheur.

Le service Copernicus a publié de nouvelles données montrant que «globalement, les sept dernières années ont été les sept plus chaudes jamais enregistrées, et ce, avec une nette marge. Au sein de ces sept années, 2021 se classe parmi les années les plus fraîches, aux côtés de 2015 et 2018.» C’est tout de même 1,1 à 1,2 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle de 1850-1900.

L’Amérique du Nord fait partie des zones les plus touchées par ces hausses de températures.

Ce rapport intervient sept ans après le fameux accord de Paris, signé en 2015, où des engagements ont été pris pour limiter la hausse des températures à 2 °C et idéalement à 1,5 °C. «Les accumulations des années précédentes et l’effet des gaz mènent à un réchauffement de plus en plus grand. Mais ce que ça nous dit, c’est à quel point l’urgence qu’on a essayé de représenter à Paris ne se transmet pas tant que ça dans les actions des gouvernements», explique Bertrand Schepper, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

Il y a un sentiment d’urgence climatique théorique, mais lorsque vient le temps d’avoir des actions qui ont des effets, on ne veut pas nuire ou à l’économie ou on n’est pas prêt à prendre le risque politique. […] Cela continue de maintenir un impact à la hausse des températures.

Bertrand Schepper, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques

CO2 et CH4

Le rapport note aussi que les concentrations de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane (CH4) continuent d’augmenter, sans signes de
ralentissement. «L’analyse préliminaire des données satellitaires montre que la tendance à l’augmentation constante des concentrations de dioxyde de carbone s’est poursuivie en 2021, conduisant à un record mondial annuel.»

M. Schepper confirme que la pandémie a eu un effet ponctuel sur la baisse des émissions de GES, notamment en raison des mesures de confinement et de réduction de l’économie. En effet, l’année 2020 a vu une baisse moyenne de ces émissions, soit une baisse se situant «autour de 7%». Mais dès le mois de septembre 2020, la même tendance à la hausse reprenait. «On aurait pu penser avec la pandémie que les GES auraient baissé drastiquement [en 2021], mais c’est pas le cas.»

Six ans après l’accord de Paris, la COP26 a créé une entente entre 100 pays pour que leurs actions réduisent de 30% les émissions de méthane (CH4), un gaz plus polluant que le CO2, d’ici 2030. Le Canada, lui, a haussé cette cible à 75%. «Faire des accords pour diminuer, tant mieux. […] Le problème, c’est que le méthane est en grande partie lié à l’activité humaine et à la culture bovine. Pour réussir cette baisse, il faut transformer l’économie. Il ne faut pas penser que c’est une solution miracle avec un accord sur le méthane, un autre sur le CO2 et un autre plus tard. Ce sont des solutions systémiques qui vont être efficaces», précise le chercheur à l’IRIS.

Attention au portefeuille

Lorsque l’on parle de conséquences, celles-ci sont avant tout climatiques. Mais M. Schepper indique que l’on sera frappé économiquement, car il faut répondre aux catastrophes naturelles d’ici et d’ailleurs. «Il va être habituel que les banques et les assurances gardent des réserves plus grandes pour les catastrophes extrêmes. Une partie de l’inflation que l’on subit actuellement est directement liée au fait qu’il y a eu des problèmes en agriculture dans les pays asiatiques, mais aussi ici. Plus on va avoir ces enjeux de réchauffement climatique, plus cela va affecter notre économie», note-t-il.

Environnement Canada dévoilera sa stratégie d’ici la fin 2022

Le gouvernement fédéral travaille à l’élaboration de la première Stratégie nationale d’adaptation du Canada. «Cette stratégie établira une vision commune de la résilience climatique au Canada, déterminera les grandes priorités d’une collaboration accrue et établira un cadre servant à mesurer les progrès à l’échelle nationale. Le gouvernement s’est engagé à publier cette stratégie d’ici la fin de 2022.»

Le dernier budget fédéral prévoit plus de 3,7 milliards de dollars pour aider à protéger les Canadiens de partout contre les impacts climatiques, précise Environnement Canada. L’institution indique que la recrudescence des impacts climatiques, demande une approche encore plus ambitieuse, stratégique et coopérative afin de s’adapter aux changements climatiques et être plus résilients.

«En 2021, le gouvernement du Canada s’est engagé à atteindre un objectif revu à la hausse au regard de la réduction des émissions d’ici 2030, soit de 40 à 45 p. 100 par rapport aux niveaux de 2005, et a adopté une mesure législative pour enchâsser dans la loi son engagement à atteindre la carboneutralité d’ici 2050», souligne le porte-parole à Environnement Canada, Brandon Clim. La prochaine échéance concerne la présentation à la population du plan de réduction des émissions pour 2030, en mars 2022.

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