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Convergence sans consensus à la Marche pour le Jour de la Terre

Photo: Guillaume Ledoux, Journal Métro

Dès son départ au parc Jeanne-Mance, c’est sous les rythmes enjoués des tambours et la hardiesse des slogans – «trois pas en avant, un pas en arrière!» symbolisant la timidité écologique des gouvernements – qu’a déambulé la Marche pour le Jour de la Terre de Montréal.

Appuyée par «plus de 150 organisations» et en réunissant presque autant sur place, la Marche organisée par la Coalition du 22 avril a souligné l’urgence d’effectuer une transition écologique, mais aucun des groupes participants ne semble s’accorder sur la forme que cette dernière doit prendre.

La convergence hétérogène rassemblant citoyens, partis politiques, groupes militants et syndicats se désunit surtout quant à l’importance accordée au rôle des gouvernements dans la transition écologique et sur la validité du développement durable.

«Je pense que la transition passe plus par des actions collectives et individuelles en marge du système et de la politique», nous dit une organisatrice de la Marche qui a préféré rester anonyme. «Le système ne se changera pas de l’intérieur», renchérit son collègue. Par cynisme ou par radicalisme, un représentant du Syndicat industriel des Travailleurs et des Travailleuses qui prenait part à la marche admet aussi qu’il «ne croit pas pantoute» en la capacité d’un gouvernement à effectuer la transition écologique. Cette perspective est partagée par plusieurs autres citoyens qui étaient sur place. La «structure même de l’institution publique, la «corruption» et la «puissance des lobbies» qui n’ont pas à cœur l’environnement sont parmi les raisons qui leur font croire que la transition ne se fera pas avec le système.

Utiliser le système plutôt que de le changer

Pourtant sur place, on compte aussi maints partis politiques comme Climat Québec, Québec solidaire (QS), le Parti communiste du Canada marxiste-léniniste et Projet Montréal, le seul parti au pouvoir qui s’est joint aux autres marcheurs. Ces derniers prétendent à l’inverse que la solution passe par les décideurs politiques et les institutions publiques en place.

Pour Martine Ouellete, la cheffe de Climat Québec qui a aussi été ministre des Ressources naturelles entre 2012 et 2014, la transition «va passer par les citoyens», mais «ultimement ça va passer par la politique parce que c’est là que se prennent les décisions».

«On n’a pas besoin de tous utiliser les mêmes mécanismes», dit la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, admettant la validité de tous les mouvements écologistes, qu’ils soient à l’Assemblée nationale ou ailleurs.

Équiterre, le Réseau des femmes en environnement et le Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec croient aussi que la transition doit prendre sa source dans la population, mais qu’ultimement, il faut utiliser le système politique pour faire avancer la cause. Toutefois, sur la question du développement durable, les politiciens et ces organismes perdent leur apparent consensus.

Développement durable ou décroissance économique?

«Prochain arrêt : décroissance», peut-on lire sur la pancarte d’un citoyen engagé. Le mot était aussi sur les lèvres de plusieurs autres manifestants. En opposition au principe de développement économique, même au développement durable, la décroissance est une idée qui avance que pour avoir une chance de réussir la transition écologique, il faut réduire notre économie plutôt que de continuer à viser l’augmentation de notre production et de notre richesse, même si elle se fait de manière soi-disant responsable. «Le développement durable n’est pas durable», nous dit le citoyen à la pancarte. Une perspective partagée par la MPACQ, la SITT, le Réseau des femmes en environnement et plusieurs autres citoyens.

À l’opposé, même si les politiciens qui ont marché reconnaissent l’approche de la décroissance, aucun n’a pu s’empêcher de maintenir un intérêt pour quelconque forme de développement. Même le Parti communiste du Canada marxiste-léniniste. «Il y a des pans de l’économie qui doivent décroître, mais si on parle de production alimentaire biologique, il faut que ça croisse», dit par exemple Manon Massé. Ne voulant pas choisir une approche plutôt qu’une autre, «tout ça», s’est contentée de dire Martine Ouellet. Pour son parti, Climat Québec, l’idée est plutôt que toutes les décisions impliquant un développement ou pas «doivent passer par le prisme du climat».

Pour Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement au comité exécutif de la ville de Montréal, c’est «une autre forme de développement» qu’il faut viser, soit le «développement régénératif». Il s’agit de l’idée de développer l’économique, mais en respectant la limite écologique pour ne pas miner plus de ressources qu’il ne peut s’en régénérer.

Ne voulant pas mettre de nom sur leur approche, «l’important, c’est de repenser à beaucoup de façons dont on fonctionne habituellement», partage un représentant de l’organisme Équiterre. Une perspective peut-être un peu symbolique de l’état actuel du mouvement écologiste, lequel s’entend sur l’importance d’agir, mais pas souvent sur le chemin à prendre.

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