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Des vignes sur des toits montréalais pour lutter contre les îlots de chaleur

Des vignes sur des toits montréalais pour lutter contre les îlots de chaleur
Véronique Lemieux aux milieux des vignes sur le toit du Palais des Congrès Photo: Gracieuseté /Vignes en ville

Vignes en ville est un projet d’étude du comportement et des avantages que peuvent apporter les vignes sur les toits. Un partenariat établi en 2017 avec la Société des alcools du Québec (SAQ) pour une période de quatre ans a permis de mettre en avant tous les bienfaits des vignes urbaines.

Véronique Lemieux, fondatrice de Vignes en ville et coordinatrice du Laboratoire d’agriculture urbaine (AU/LAB) en est convaincue : les vignes sur les toits en ville ont un pouvoir indéniable face au réchauffement climatique. Elle insiste sur le fait qu’«elles ont besoin d’un sol pauvre et demandent très peu d’eau.»

L’une des premières parcelles plantées en 2017 et présente sur le toit du Palais des congrès a permis de produire environ une soixantaine de bouteilles, réservées à un usage exclusif ou à des ventes aux enchères. L’objectif n’est pas la vente, mais bel et bien le processus écologique.

Ce projet majeur a vu son cinquième champ sur le toit de la Centrale agricole d’Ahuntsic prendre vie l’an dernier. Avec plus de 200 pieds de vigne, il est devenu le plus important vignoble urbain sur les toits dans le monde.

Un terreau de verre

L’argument qui a convaincu la SAQ de devenir partenaire de ce projet «extraordinaire» est le recyclage du verre. Broyées et mélangées au compost et à l’argile, ce ne sont pas moins de 40 bouteilles recyclées qui composent le terreau d’un pied de vigne.

«Le verre se désintègre rapidement. Les bienfaits sont souvent méconnus, pourtant les pigments verts d’une bouteille apportent du fer. Le verre des bouteilles de Champagne contient quant à lui du magnésium, très demandé par les vignes», souligne Mme Lemieux.

Ce verre recyclé dont il est question est aussi utilisé dans le secteur de la construction. Il est souvent mélangé dans le béton et possède les mêmes vertus que le sable. Ayant vécu longtemps en Chine, Mme Lemieux a constaté la surutilisation du sable «angulaire» dans ce pays. «C’est une ressource naturelle non renouvelable. C’est aussi un combat écologique que je mène», explique-t-elle.

Le nombre de bouteilles recyclées sur cinq ans par Vignes en ville fait la fierté de sa fondatrice. Deux tonnes de verre, quelque 5 000 bouteilles, ont été commandées auprès de l’entreprise de recyclage de verre Tricentris.

Gregory Pratt Maya, responsable des affaires publiques à Tricentris, est heureux de collaborer avec Vignes en ville. «C’est un projet d’économie circulaire locale que je soutiens à 100 %. Véronique défriche le demain du Québec 2025 voire 2026. Il faut devenir indépendant avec nos ressources, dit-il. Le terreau de verre a un avenir énorme !»

40 – Nombre de bouteilles recyclées nécessaires pour un plant de vigne.

Pouvoir écologique

Le verdissement des toits fait aussi partie intégrante de ce projet à long terme. Si les jardins agricoles sont la première chose à laquelle on pense quand on parle d’agriculture urbaine, le pouvoir environnemental des plants de fruits et de légumes est assez limité.

«Un tronc de vigne absorbe plus de carbone qu’un plant de tomate, car il n’est pas arraché chaque saison. Il concentre alors tout le carbone dans la terre sur une plus longue durée», précise-t-elle.

Aussi les vignes poussent rapidement et sont très efficaces face aux îlots de chaleur, un phénomène très présent en ville. «La vigne apporte plus d’ombre que n’importe quel arbre. Son pouvoir est considérable», soutient Mme Lemieux.

L’entretien de ces vignes ne requiert presque aucun système d’irrigation. Elles poussent très vite, couvrent une grande surface au sol, protégeant ainsi contre les fortes chaleurs.

Depuis cinq ans le projet Vignes en ville a grandement évolué et sa fondatrice voit toujours plus loin. Les initiatives vont se multiplier et d’autres projets sont à venir. Le contrat avec la SAQ arrive à échéance l’année prochaine et Mme Lemieux a bien l’intention «de voler de ses propres ailes».


Des vignes qui font des petits

  • 2017 : Le projet pilote voit le jour sur le toit du Palais des congrès.
  • 2018 : Deuxième vignoble au siège social de la SAQ.
  • 2018 : Troisième vignoble sur le toit de l’ITHQ.
  • 2019 : Quatrième vignoble au sommet d’Ubisoft.
  • 2020 : Cinquième vignoble de 200 pieds de vigne sur le toit de la Centrale agricole d’Ahuntsic.

Une cuvée spéciale Petite-Italie en production

Afin de souligner et d’honorer l’apport de la communauté italo-montréalaise à la culture alimentaire et agricole québécoise, 1 000 pieds de vigne ont été distribués gratuitement aux résidents de la Petite-Italie les 22 et 23 mai derniers. De cette distribution naîtra le plus grand vignoble urbain de quartier créé par des citoyens au monde.

Des conseils pratiques ont été offerts aux personnes prenant possession d’un ou de quelques vignes afin de pouvoir élaborer une première cuvée d’un vin communautaire à l’automne 2025. Chaque vigne devrait produire l’équivalent d’une bouteille de vin. La vinification se fera sur le toit de la Centrale agricole, dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Cette initiative est soutenue par La ruelle des vignerons, un projet créé par un groupe citoyen cherchant à honorer le patrimoine végétal du quartier.

Dominic Gildener

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