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Comment voyagerons-nous après la pandémie?

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Photo: Gabrielle Henderson / Unsplash

Cloués au sol pendant plus d’un an, les adeptes du voyage sortent tranquillement de leur tanière au fur et à mesure que la planète se déconfine. Mais comment voyagerons-nous lorsque toutes les barrières sanitaires seront levées? Perspective sur le tourisme post-pandémie.

Passagers coincés sur des bateaux de croisière, situation chaotique dans les aéroports, longue quarantaine obligatoire au retour: les premiers mois de la pandémie ont eu de quoi réduire l’enthousiasme des globe-trotteurs les plus aventureux.

Ces événements traumatisants laisseront-ils des traces à long terme dans l’esprit des voyageurs?

Pas le moins du monde, croit Nathalie Guay, directrice générale de l’Association des tours opérateurs du Québec (ATOQ).

«Aussitôt que les frontières seront rouvertes, les gens vont vouloir repartir», soutient-elle.

«Les gens ont tellement attendu. Leur liste de pays à voir s’est allongée durant la dernière année et plusieurs personnes ont mis de l’argent de côté pour voyager.»

Nathalie Guay, directrice générale de l’ATOQ

Même son de cloche du côté d’Ariane Arpin-Delorme, chroniqueuse tourisme et fondatrice de l’agence de voyage Esprit d’Aventure.

«Le voyage, c’est très émotif, explique-t-elle. Quand je parle à nos clients réguliers, je sens cet empressement: on a perdu du temps et des proches dans la dernière année. Il faut rattraper le temps perdu. »

Plusieurs obstacles pourraient toutefois freiner les ardeurs des voyageurs, à commencer par la situation sanitaire variable d’une destination à l’autre.

«Il y a tellement de facteurs à prendre en compte. Oui, on peut avoir reçu ses deux doses de vaccins, mais qu’en est-il de la présence virale dans la communauté d’accueil? Sommes-nous prêts à voyager dans des endroits où 50% des gens ne sont pas vaccinés et qui pourraient se transformer en incubateurs à variants? », questionne Marc-Antoine Vachon, professeur titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

L’offre pourrait également être limitée en raison des difficultés vécues par l’industrie touristique.

«Redémarrer une ligne aérienne, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Et c’est sans parler des difficultés de recrutement dans les secteurs de l’hôtellerie et de l’aviation», ajoute Marc-Antoine Vachon.

Chose certaine, le touriste moyen se devra d’être beaucoup plus vigilant que par le passé.

«On ne peut plus faire nos réservations les yeux fermés comme avant, insiste Nathalie Guay. Les gens devront être plus prévoyants et utiliser davantage les services des professionnels du voyage.»

Des gains durables pour le tourisme local?

Au Québec, la fermeture des frontières a eu un impact positif pour l’industrie touristique régionale, qui a été submergée de touristes lors des deux derniers étés. Cette tendance va-t-elle persister à long terme?

«En tourisme, la source numéro un d’information, c’est le bouche-à-oreille. Et dans la dernière année, le Québec a gagné des milliers de nouveaux ambassadeurs, souligne Marc-Antoine Vachon. Ce n’est pas tout le monde, mais une fraction appréciable du public québécois a intégré la province comme destination vacances. »

«Tout dépend de la clientèle, précise Nathalie Guay. Pour certains segments de marché comme les familles, le Québec est la destination idéale parce qu’elle est abordable et sécuritaire. Mais, par contre, pour les couples qui ont les moyens, la tentation pour des destinations exotiques comme l’Asie ou de l’Amérique du Sud est forte.»

Et le tourisme durable?

La pause des activités touristiques aura au moins eu comme bienfait de donner un répit à certains sites victimes de surtourisme comme Venise ou Barcelone. Aussi, l’occasion est belle pour se questionner sur les coûts environnementaux de nos périples autour du globe.

Selon un sondage mené par la Chaire de tourisme Transat, un voyageur québécois sur deux se dit prêt à modifier ses pratiques de voyage pour réduire son empreinte carbone.

«C’est souvent un vœu pieux de la part des consommateurs, mais la bonne nouvelle, c’est que, de plus en plus, le poids financier de la décision n’est plus concentré uniquement entre leurs mains, explique Marc-Antoine Vachon. Plusieurs forces convergent pour favoriser le tourisme durable: de plus en plus de consommateurs se sentent interpellés, mais aussi des entreprises, des organisations et des associations touristiques. L’aspect “durable” d’un projet est maintenant considéré comme un critère de financement.»

Chez l’agence Esprit d’Aventure, on ne passe pas par quatre chemins: les coûts de compensation carbone sont intégrés à la facture!

«J’espère qu’on va avoir pris conscience qu’on ne peut pas voyager comme ça, qu’il faut être de plus en plus responsable, soutient Ariane Arpin-Delorme. Je sens déjà une conscientisation chez mes voyageurs, mais je ne leur donne pas le choix. »

Les destinations qui ont la cote

Parmi les destinations hors Québec, ce sont l’Ouest canadien, le Sud (Mexique, Cuba, République dominicaine) et l’Europe (France, Espagne) qui sont les plus courus à l’heure actuelle chez les voyageurs, selon Nathalie Guay, directrice générale de l’Association des tours opérateurs du Québec (ATOQ).

Réserver ou non?

Alors, faut-il déjà penser à ses réservations pour les vacances estivales 2022? Les spécialistes recommandent la prudence, étant donné que la situation sanitaire peut varier grandement dans le temps et d’un pays à l’autre. Dans ce contexte, il est recommandé de s’informer au maximum avant de réserver son séjour et d’avoir recours aux services d’un agent de voyage, qui pourra vous accompagner dans les démarches administratives advenant une annulation.

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