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Vickie Joseph: magnifier la beauté de la diversité  

Vickie Joseph, PDG et co-fondatrice de V Kosmetik.
Vickie Joseph, PDG et cofondatrice de V Kosmetik. Photo: Facebook : V Kosmetik Africa

V Kosmetik a été fondée il n’y a que cinq ans et la compagnie de produits de beauté inclusifs tape déjà dans l’œil de mégastars comme Nicki Minaj. Sa PDG? Vickie Joseph, une Afro-Montréalaise de Saint-Michel qui brise tous les plafonds de verre. Entretien avec une femme d’affaires engagée.  

Comment avez-vous réagi lorsque votre entreprise s’est glissée dans le palmarès 2022 des 100 meilleures entreprises féminines de 5 à plus de 10 millions du magazine Premières en Affaires? 

«J’étais honorée. Dans nos communautés, c’est tellement rare qu’on ne parle pas de chiffres d’affaires puisque la plupart des compagnies sont des entreprises de subsistance. Pour une entreprise créée par des gens noirs, souvent on ne fait pas partie des critères pour avoir du financement ou avoir du soutien du gouvernement. C’est très difficile de passer à un autre niveau. C’est une fierté de pouvoir créer de l’espoir pour ces femmes-là, car c’est tabou dans nos communautés et ce n’est pas atteignable.» 

En quoi V Kosmetik se démarque-t-elle des autres marques sur le marché?  

«On veut répondre aux besoins de la femme diverse. Quand on a commencé l’étude de marché de V Kosmetik en 2017, c’était juste pour la femme noire. Mais quand on a fait notre groupe de discussion et que l’on a travaillé avec notre chimiste, on a réalisé qu’il y avait un sérieux problème de pigmentation pour toutes les ethnicités. Qu’elles soient latines, asiatiques ou méditerranéennes. On s’est donc dit qu’il fallait aller chercher une plus grande part de marché.  

C’est que les produits de beauté pénètrent plus facilement les peaux caucasiennes et c’est moins difficile pour ces personnes de trouver leur teint comparativement à nous. Nos ingrédients sont naturels et fabriqués ici au Canada, par des personnes comprenant ce besoin. Pas par des compagnies utilisant des produits chimiques et qui se spécialisent dans des peaux caucasiennes.» 

Votre siège est établi à Montréal. En quoi embaucher des femmes issues de la diversité enrichit-il l’entreprise? 

«Ça ouvre de nouvelles idées. On innove différemment, juste par nos bagages qui sont différents. On ne travaille pas juste avec des femmes noires. On a d’autres cultures dans notre équipe. Ça ouvre des portes et ça donne aussi plus de leviers à nos employé.es pour s’exprimer, avoir une voix. On est ouvert sur le monde.» 

Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous rendre où vous êtes aujourd’hui? 

«La fermeture du marché devant les gens issus de la diversité. Quand tu arrives quelque part, la crédibilité n’est pas là. C’est l’ignorance de dire: “On ne veut pas s’engager là-dedans ou c’est peut-être trop risqué”. Et là je parle des banques et des investisseurs, mais aussi des surfaces de magasins et les marchands. Je me faisais dire: “Désolé, on a déjà une autre marque qui m’a approché”. Ça, c’est une autre difficulté: tu deviens une compétition envers une même communauté et il faut que tu te battes pour prendre ta place.  

Percer au niveau du financement a aussi été difficile. J’ai eu la chance d’avoir un mari qui me soutient et que nos autres entreprises génèrent assez de revenus pour qu’on les réinvestisse dans V Kosmetik. Mais ce n’est pas toutes les entreprises à propriété féminine qui ont cette chance.»  

Vous êtes en expansion à l’international et vous collaborez même avec des célébrités. Avez-vous des anecdotes?  

«J’ai fait un gros lancement aux États-Unis et je viens de revenir d’un voyage à New York, Los Angeles et Atlanta. J’ai rencontré des médias extraordinaires et des acteurs connus de la culture pop et hip-hop.  

L’agent de Nicki Minaj, par exemple, a nos produits. Malheureusement, je n’ai pas eu la chance de la rencontrer personnellement. Une autre artiste qui s’appelle Crystal Starr, elle, elle est en grande demande et on l’a rencontrée, elle va devenir notre ambassadrice. Ça a été une chance extraordinaire.» 

Quels sont vos projets pour la suite?  

«On veut faire un monde virtuel dans le métaverse d’ici fin 2022. Donc tu vas pouvoir entrer virtuellement dans une boutique V Kosmetik avec un avatar, choisir un produit, tester le produit, et faire un cash-in virtuel. Tu vas pouvoir faire ton maquillage au complet.  

On est aussi en train de lancer la ligne Coco, une gamme de produits pour les peaux diverses. Ça va sortir au printemps.» 

Un conseil pour les entrepreneures noires? 

«Ayez un plan clair d’où vous allez avec votre entreprise. On a tous de beaux projets et de belles idées, mais il faut le mettre en exécution. Quand tu arrives chez ton banquier, tes collaborateurs ou tes partenaires, il faut être capable de verbaliser ton plan d’action. Autre chose: ne pas avoir peur du non et s’entourer de personnes qui peuvent t’aider à atteindre tes objectifs.» 

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