Soutenez

Superflus, les traqueurs de sommeil

Les bidules électroniques qui évaluent la qualité du sommeil ne sont pas vraiment utiles.
Les bidules électroniques qui évaluent la qualité du sommeil ne sont pas vraiment utiles, selon des experts. Photo: iStock

Il n’y a pas grand-chose qui bat une bonne nuit de sommeil. Alors lorsqu’on nous propose d’améliorer celui-ci, on est souvent prêt à payer cher. Très cher même. Mais est-ce que les appareils qui mesurent la qualité du dodo valent le coût? Une experte tranche. 

Selon Régine Denesle, psychothérapeute, clinicienne au Centre d’études avancées en médecine du sommeil et cofondatrice de HALEO Clinique, ces appareils peuvent être utiles, mais ont beaucoup de limites et ne livrent pas nécessairement ce qu’ils promettent  

Avant d’investir dans un traqueur de sommeil, sachez que: 

  • Jusqu’à présent, les mesures – même si elles sont assez performantes – ne sont pas équivalentes à celles qu’on obtient dans un laboratoire de sommeil et sous-estiment généralement le temps qu’on a dormi.  
  • Contrairement à ce que certaines compagnies suggèrent, ces bidules électroniques ne peuvent pas indiquer les cycles de sommeil, à l’exception de rares modèles munis d’électrodes qu’on place sur la tête. La plupart ne peuvent que mesurer si l’individu dort ou pas, et encore, pas toujours avec précision.  
  • Savoir qu’on dort mal n’aide pas à mieux dormir. C’est même l’inverse, puisque ça contribue à l’anxiété, qui est «une des premières causes de l’insomnie». En n’offrant pas de traitement, ces appareils ont le potentiel de nuire aux personnes qui ont des troubles de sommeil plutôt que de les aider.  
  • Il faut faire attention aux autodiagnostics; les traqueurs de sommeil «peuvent nous rassurer alors qu’il y a un problème comme ils peuvent nous inquiéter alors qu’il n’y a rien d’anormal». 
  • Des thérapeutes suggèrent aux insomniaques de ne pas utiliser ces gadgets et d’opter plutôt pour une approche qui «redonne l’autonomie» aux patient.e.s et leur «apprend à se sensibiliser aux signes du sommeil».  

Si Régine Denesle n’encourage pas l’usage d’appareils qui suivent le sommeil, elle assure que des solutions existent pour aider les personnes souffrant d’insomnie: «Avec la thérapie cognitivo-comportementale, on donne une série de consignes de bonne conduite à observer pour remettre sur les rails notre rythme circadien. On voit aussi tout l’aspect cognitif, c’est-à-dire qu’on défait des attentes parfois irréalistes sur le sommeil et on démystifie certaines choses.» 

Avec cet accompagnement, l’utilisation d’un traqueur de sommeil de bonne qualité peut même être bénéfique, selon la spécialiste, puisque les mesures permettraient de «voir l’amélioration de ses résultats et d’encourager [le ou la patient.e] à continuer». Et pour les gens qui n’ont pas de problème de sommeil, ça peut être une façon de se «rassurer» en constatant qu’on a un sommeil stable nuit après nuit.  

Pas convaincu.e? Ça vaut la peine de rester à l’affût. Les innovations vont bon train puisque plusieurs entreprises technologiques travaillent d’arrache-pied pour peaufiner ces appareils afin de se démarquer de la compétition.  

Comme les algorithmes deviennent de plus en plus performants, on peut  imaginer qu’un jour, il y aura quelque chose «d’assez proche de la polysomnographie», c’est-à-dire l’examen médical qui permet de voir dans quel stade de sommeil la personne est, les transitions d’un stade à l’autre, le délai d’endormissement et les périodes d’éveil, etc, explique Mme Denesle.   

L’experte voit d’ailleurs un potentiel pour des programmes de traitement des troubles du sommeil basés à la fois sur les données desdits algorithmes ainsi que sur nos connaissances scientifiques. Par exemple, «on sait qu’avoir des heures de lever et de coucher régulières aide à rétablir notre horloge biologique, alors on pourrait avoir un appareil programmé pour nous dire quand aller se coucher». 

Si vous aimez déjà surveiller vos battements cardiaques et le nombre de pas que vous faites, vous pouvez bien vous lancer dans une nouvelle passion en surveillant vos dodos… à condition de ne pas négliger une approche médicale si vous souffrez d’insomnie!

Bon à savoir:
Le 18 mars 2022 est la Journée internationale du sommeil. Elle a lieu chaque année le vendredi qui précède l’équinoxe de mars. Bon dodo!

Une infolettre l’fun? Abonnez-vous à celle du Week-end pour voir!

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.