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Encore plus de ressources pour les personnes LGBTQ2S+ migrantes et racisées?

Photo: nadia_bormotova / iStock

Devant un problème d’accès aux soins pour les personnes LGBTQ2S+ migrantes et racisées, une équipe de professionnel.le.s a monté un projet innovateur: la Clinique Mauve. Fondée en 2020, elle conjugue santé, formation et accompagnement pour une population marginalisée. Maintenant, la clinique aimerait se métamorphoser en Maison Mauve pour accroître son implication.

L’idée, ça serait de créer une Maison Mauve, comme le modèle de La Maison Bleue [un organisme qui vient en aide aux femmes enceintes en position de vulnérabilité]. Ce qui est intéressant avec ce modèle, c’est que c’est une collaboration entre le secteur public et le secteur privé: les services sont reçus au sein de la Maison Bleue, mais les professionnels qui y interviennent sont des professionnels de la santé et des services sociaux qui sont envoyés par les CLSC.

Ahmed Hamila, chercheur et coordinateur général de la Clinique Mauve

Les démarches ont commencé juste avant la pandémie lorsque le professeur de l’Université de Montréal Edward Ou Jin Lee a approché le Dr Pierre-Paul Tellier, expert en médecine de l’adolescence et en santé des populations LGBTQ2S+, ainsi que la Dre Vania Jimenez, une des cofondatrices de La Maison Bleue.

Si l’arrivée de la COVID-19 dans nos vies a exacerbé les besoins de la clientèle de la Clinique Mauve, elle a aussi permis au projet d’obtenir entre autres le financement de la Fondation pour l’avancement de la médecine familiale.  

Maintenant que la deuxième phase du projet tire à sa fin, les diverses subventions viennent, elles aussi, à échéance bientôt. L’enjeu repose donc sur le financement de la Clinique Mauve afin qu’elle passe d’un projet pilote à un modèle durable qui pourrait s’étaler à l’ensemble du Québec.  

Composée de médecins de famille, d’infirmier.ère.s praticien.ne.s, d’un psychologue et de travailleur.euse.s sociaux.ales, la Clinique Mauve propose gratuitement des services médicaux généraux ou spécifiques aux personnes en transition ou celles porteuses du VIH. Tous les soins sont intégrés, donc coordonnés au sein du réseau d’intervenant.e.s. On trouve également de l’aide en santé mentale pour une clientèle qui peut avoir subi de lourds traumatismes.   

La plupart des gens que je vois ont souffert de traumatismes importants, parce que beaucoup viennent de pays où l’homosexualité ou la transidentité sont illégales, ce qui leur fait risquer la prison ou la mise à mort.

Dr Pierre-Paul Tellier, médecin à la Clinique Mauve

La Clinique Mauve s’est également donné la mission de former des professionnel.le.s du milieu de la santé à différentes approches (intersectionnelle, anti-oppressive ou transidentitaire, par exemple) pour les aider à mieux intervenir auprès des personnes LGBTQ2S+ migrantes et racisées. «Ce sont des approches qui ne se retrouvent pas toujours dans le curriculum des médecins, des infirmier.ère.s ou des psychologues», explique Ahmed Hamila, chercheur et coordinateur général de la clinique. 

Selon le Dr Pierre-Paul Tellier, il faut penser à former tout le personnel d’une clinique, même celui à la réception.

Le médecin explique, par exemple, que très peu de ses homologues montréalais sont formés pour offrir des services d’affirmation de genre pour la population trans.

Pour pallier ce manque, une équipe de chercheuses a lancé une formation pour aider les professionnel.le.s de la santé et des services sociaux à répondre aux besoins des personnes trans et non binaires, apprenait-on durant le congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) qui s’est tenu ces derniers jours.

Au concept de la clinique s’ajoutent les pairs navigateur.rice.s, c’est-à-dire des personnes LGBTQ2S+ racisées qui ont elles-mêmes dû naviguer dans le système de soins québécois et qui ont été recrutées pour accompagner les personnes LGBTQ2S+ migrantes dont elles partagent la langue. Leur rôle peut prendre plusieurs formes, comme accompagner les patient.e.s à leurs rendez-vous, leur servir d’interprète ou simplement être un contact pour les sortir de la solitude. C’est justement pour briser l’isolement de sa clientèle que la Clinique Mauve organise aussi des événements sociaux.  

La Clinique Mauve, qui offre présentement ses services en étant associée à des établissements comme la clinique l’Actuel et le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, cherche à conserver une liste d’attente assez courte, mais elle s’allonge tout de même comme sa notoriété grossit au sein de la communauté.

La centaine de patient.e.s qui y ont été suivi.e.s ont d’ailleurs pu évaluer les services reçus. «Ce qui en ressort, c’est que la Clinique Mauve permet de sortir de l’isolement et d’abattre certaines barrières d’accès aux soins», confirme le coordinateur général, qui espère recevoir le financement nécessaire pour la poursuite du projet.  

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