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Quand Centris devient une obsession 

Photo: iStock

Vous êtes du genre à consulter compulsivement des propriétés à vendre, et ce, que vous cherchiez activement à acheter un logis ou pas? Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul. Mais ce n’est pas nécessairement bon pour vous non plus. 

Stéphanie Robillard affirme être devenue «accro» au site immobilier Centris alors qu’elle était à la recherche d’une maison en 2020.

« Ça devenait malsain, raconte-t-elle à Métro. J’y allais systématiquement plusieurs fois par jour, en me levant, en me couchant, toujours au cas où quelque chose d’intéressant apparaîtrait. Je me réveillais même la nuit pour aller voir. C’était une vraie source d’angoisse. » 

C’est que, pour elle, la quête d’une maison était devenue comme une course; elle devait être la première à sauter sur une occasion si elle se présentait.  

La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier connaît ce sentiment, communément appelé le « FOMO » pour « fear of missing out », c’est-à-dire la peur de passer à côté de quelque chose.  

Les réseaux sociaux créent de manière générale ce sentiment. Ainsi, pour certaines personnes, le fil de propriétés à vendre sur Centris peut devenir le nouveau fil Instagram. On regarde souvent, car on ne veut rien manquer. 

Un marché angoissant 

« Une personne à la recherche d’une propriété veut être certaine de ne pas passer à côté d’une belle occasion, surtout dans le marché actuel [où les prix des maisons ont grimpé significativement]», croit Geneviève Beaulieu-Pelletier. 

Le culte du propriétaire comme valorisation suprême est une source d’angoisse et de dépression pour plusieurs personnes qui ressentent la pression d’accéder rapidement à la propriété, poursuit la psychologue. Pourquoi? Simplement pour répondre aux normes associées au succès imposées par la société. Regarder Centris obsessionnellement devient donc une tentative d’apaiser cette angoisse, un schéma de pensée qui n’est pas nécessairement sain, croit-elle.   

Déterminée à devenir un jour propriétaire, Maude Maillé-Daviau regarde aussi presque toutes les semaines les appartements à vendre sur Centris, même si elle n’envisage pas d’acheter à court terme. « Comme le font aussi plusieurs de mes amies, j’aime m’imaginer dans mon futur condo, rêver un peu. » 

« Je veux voir quel genre de résidence sera disponible au moment venu. Idéalement, je voudrais quelque chose avec du cachet, donc je regarde à quel genre d’endroit je pourrais trouver ça et à quel prix », poursuit-elle. 

Toujours mieux 

Aujourd’hui, Stéphanie Robillard a réalisé son rêve, celui de devenir propriétaire. Elle s’est trouvé une maison à Laval. Or, elle garde l’œil sur Centris.  

« J’ai encore une curiosité un peu malsaine, avoue-t-elle. Un petit côté voyeuriste. » 

Elle rêve d’une autre propriété, évaluant si elle peut avoir mieux tout en étant consciente que l’être humain veut toujours plus, a tendance à ne jamais être pleinement satisfait et à toujours se comparer (malgré lui).  

Se poser des questions 

Regarder des maisons et se dire que la nôtre n’est pas aussi belle peut avoir des effets néfastes sur notre santé mentale, note Geneviève Beaulieu-Pelletier. « Ça crée des besoins et souligne des manques [alors qu’on le fait déjà allègrement dans la plupart des sphères de notre vie]. » 

« Quelqu’un qui retourne de façon obsessionnelle sur Centris ou tout autre site doit prendre un temps d’arrêt et se demander ce qu’il y cherche : quel besoin essaye-t-il de combler ? Est-ce que son quotidien manque de stimulation? Est-ce qu’il est en manque de projets? Pourquoi n’arrive-t-il pas à être satisfait?, conseille la psychologue. N’importe quelle habitude qu’on développe de façon importante et régulière répond à un besoin [souvent d’être rassuré.e, validé.e, par exemple]. Il faut voir ce qui ne nous convient pas dans notre vie, la nature de ce vide que nous essayons de combler en allant sur ces sites.» 

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