Réincarnation dans le Sud-Ouest
Alors que le sort du Silo no 5 dans le Vieux-Port est toujours incertain, celui de l’ancienne sucrerie Redpath à Pointe-Saint-Charles est dorénavant fixé : elle accueille depuis peu un des plus grands centres d’escalade du pays.
Les grimpeurs de la grande région de Montréal le connaissent assurément. Sa réputation n’est plus à faire. Recevant plus de 70 000 visites annuellement, le centre Allez Up est l’exemple parfait d’un success story local créé de toutes pièces par de jeunes entrepreneurs amoureux de leur quartier.
Mais ce qui retient réellement l’attention des adeptes ces dernières semaines, ce n’est pas vraiment le succès enviable des installations. C’est davantage l’aménagement bien particulier de la nouvelle adresse de l’entreprise, qui souhaitait agrandir ses locaux depuis déjà un bon moment. «Notre agent d’immeubles nous a appelés un bon matin en nous disant qu’il y avait de vieux silos industriels à vendre à deux coins de rue de notre ancien local, raconte Jean-Marc de la Plante, président d’Allez Up. Le prix était bas et surtout négociable, parce qu’ils étaient en vente depuis trois ans. Après une seule visite, je commençais à réaliser le potentiel du site.»
Vestiges de l’évolution industrielle de Montréal, ces énormes silos de béton ont été construits en 1955 pour les besoins de la sucrerie Redpath, puis vendus dans les années 1970 à un homme d’affaires de la région pour entreposer du charbon. Ce dernier les a exploités pendant une quinzaine d’années pour finalement les abandonner aux mains des graffiteurs du secteur. «Il y avait de la poussière de charbon et des graffitis partout quand on a pris possession des lieux, explique le président. Le nettoyage s’est avéré plutôt long et ardu.»
Contrairement à plusieurs acheteurs potentiels ayant reluqué ce terrain ces dernières années, Jean-Marc de la Plante est un des seuls qui a osé réfléchir à la réhabilitation de ces structures. Pour la plupart des promoteurs immobiliers, leur destruction était la seule avenue envisageable pour rentabiliser le site. Force est de constater qu’Allez Up est en train de démontrer le contraire.
Reste à voir maintenant si les 3 phases de l’ambitieux plan d’affaires de 5 M$ tiendront la route. La première étape, inaugurée en décembre dernier, consistait à mettre sur pied une zone d’accueil pour les visiteurs à la base d’un des silos, ainsi qu’à ériger une nouvelle bâtisse pour y intégrer les principaux murs d’escalade. Dans la seconde phase (qui devrait entrer en chantier dès cet été), l’entreprise souhaite maximiser la verticalité des silos en y intégrant des murs de grimpe de plus de 33 m de hauteur, ce qui en ferait les structures d’escalade intérieures les plus élevées du pays. Et si les ressources financières le permettent à moyen terme, l’aménagement d’une toiture végétalisée et d’une paroi d’escalade extérieure est également envisagé. Bref, ce ne sont pas les idées qui manquent.
En constatant le succès que remporte la première phase de ce projet, on ne peut s’empêcher d’avoir une petite pensée pour notre emblématique Silo no 5. Certes, la structure est beaucoup plus imposante, mais si quelques entrepreneurs du Sud-Ouest réussissent à rentabiliser une entreprise de 5 M$, difficile de croire que la Société immobilière du Canada ne peut pas en faire autant pour ses installations du Vieux-Port.