Dee Barsy: de la Première Nation Skownan à Montréal
Le 28 octobre dernier, l’artiste ojibwée Dee Barsy inaugurait la murale Mizhakwad (Le ciel est clair) en collaboration avec MU dans le quartier Villeray. Dans le cadre de la Semaine de l’histoire du Canada, qui se déroule du 22 au 28 novembre et qui a cette année comme thème l’histoire des peuples autochtones, Métro s’est entretenu avec la peintre de Winnipeg.
Dee Barsy est membre de la Première Nation Skownan du Manitoba, mais a toutefois été adoptée en bas âge. Elle a grandi à Winnipeg, qui se situe à environ quatre heures de son lieu de naissance.
L’artiste n’est entrée en contact avec sa famille biologique qu’en 2016, après avoir effectué une recherche fouillée sur les réseaux sociaux. Elle affirme que son intérêt pour son héritage autochtone s’est transformé au fil des ans: «Plus jeune, je me demandais d’où je venais, comme je voyais que j’étais différente. Aujourd’hui, je m’intéresse à l’histoire de ma communauté, à comment elle s’est formée il y a plusieurs centaines d’années.»
Dee Barsy vit à Montréal depuis le mois d’août 2020. Elle a déménagé dans la métropole afin d’amorcer une maîtrise en beaux-arts à l’Université Concordia et habite dans Notre-Dame-de-Grâce. La peintre raconte avoir commencé à faire de l’art à partir de l’âge de cinq ans. «Mes parents m’ont toujours encouragée à faire de l’art, raconte-t-elle. C’était pour moi une façon de communiquer, d’exprimer mes émotions. Parfois, je ne parvenais pas à exprimer ce que je sentais, je ne trouvais pas le vocabulaire. Je pouvais toutefois l’exprimer avec l’art.»
Aujourd’hui, en plus de peindre des toiles et des murales, Dee travaille aussi avec des enfants.
«J’enseigne ce que je fais comme art, en l’adaptant aux enfants. Je parle aussi de mon parcours, d’où je viens, du fait que j’ai été adoptée», explique-t-elle.
L’interconnexion
L’interconnexion, un concept issu de différentes philosophies autochtones, fait partie intégrante de l’art de Dee Barsy. D
«C’est un concept qui peut être sur différents niveaux. Il peut concerner ma connexion au passé ou au futur. Ça peut par exemple être d’assumer la responsabilité pour les épreuves que mes ancêtres ont endurées», explique-t-elle. L’artiste ajoute que, dans son cas, l’interconnexion peut aussi consister à laisser des traces de son art pour les générations futures, que ce soit pour les inspirer ou documenter son époque.
Le concept peut également concerner le rapport de chacun à son environnement. «Si je peins un animal qui est en voie d’extinction, peut-être que ça pourra amener la personne qui observe ma peinture à se poser des questions sur sa situation», soulève-t-elle. Dee conclut que, pour elle, le concept de l’interconnexion est aussi une façon d’être respectueuse envers elle-même et son environnement, et de demeurer humble.
Au sujet de sa murale dans Villeray, Dee raconte avoir été touchée par les réactions des gens lors de sa réalisation.
«Je me suis assurée de parler à chaque personne qui en avait envie à ce moment. Tout le monde était très gentil et solidaire», se souvient-elle. L’artiste prévoit d’ailleurs faire une deuxième murale à Montréal au cours de l’été 2022. Entre-temps, pendant ses temps libres, elle compte travailler sur son art en apprenant de nouvelles techniques. Et apprendre un peu de français, précise-t-elle!