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La fermeture d’une garderie de Pointe-aux-Trembles cause des remous

La garderie a fermé le 28 juin. Photo: Coralie Hodgson / Métro

Après une dizaine d’années d’activité, la garderie privée non subventionnée La Marelle a subitement fermé ses portes le 28 juin, au grand désarroi de plusieurs parents. La décision était pourtant inévitable selon la direction, qui faisait face à un manque de personnel et à d’importants enjeux financiers.

Le 23 juin, la direction de La Marelle a annoncé la fermeture de la garderie prévue cinq jours plus tard, causant un tollé sur les réseaux sociaux.

«C’est stressant, et le délai est vraiment court», réagit Karine Cormier. Son fils fait partie de la cinquantaine d’enfants ayant besoin d’une nouvelle place en garderie «au même endroit, au même moment» après la fermeture.

Elle a inscrit son fils à La Place 0-5, guichet unique d’accès aux places en service de garde au Québec, et elle a contacté plusieurs garderies du secteur. «Partout, on me répond qu’il n’y a pas de disponibilité avant la fin août», déplore-t-elle.

Dans ce contexte, l’auxiliaire à domicile dit avoir dû se tourner vers son médecin, qui lui a prescrit un arrêt de travail. «Mais même si ce n’est pas accepté [par l’employeur], je ne peux pas travailler en ce moment, je n’ai pas de garderie.»

L’enfant de quatre ans de Jonathan Roy, qui a un trouble du spectre de l’autisme, a aussi perdu sa place à la garderie qu’il fréquentait depuis deux ans et doit rester à la maison avec sa mère.

Déplorant la perte de cette garderie pour laquelle il n’a que de bons mots, Jonathan Roy a lui aussi inscrit son fils à La Place 0-5. Mais il dit avoir espoir que quelqu’un d’autre reprendra la gestion de la garderie. «Si cette garderie rouvre, on va [y retourner].»

Défauts de paiement

La directrice de la garderie, Isabelle Boucher, explique que la fermeture serait notamment due à des problèmes de santé qu’elle devait prendre en charge. De plus, des ennuis financiers auraient mené l’entreprise à la faillite.

Les retards ou les paiements partiels de plusieurs parents ont entraîné de grands coûts pour la garderie. Une rencontre sur les difficultés financières aurait même eu lieu il y a quelques mois, en octobre dernier, mais peu de parents s’y seraient présentés, dénonce la directrice.

«Oui, le gouvernement a augmenté les remboursements anticipés, mais il y a des parents qui n’arrivent pas à payer leurs frais de garde au complet chaque mois. Mais moi aussi, je dois payer mes factures», déplore-t-elle.

«Ne pas avoir de personnel est dangereux»

Le «coup de grâce» aurait cependant été que dans la même semaine, deux employés de la garderie «tombent en CSST», s’ajoutant à une pénurie de main-d’œuvre qui sévissait déjà.

«Le fait de ne pas avoir de personnel est dangereux. Ce n’est pas des gens que je peux faire attendre en ligne, c’est la sécurité des enfants», soutient Mme Boucher.

Dans un rapport d’inspection datant d’octobre 2021, le ministère de la Famille du Québec fait d’ailleurs état de 18 manquements dans la garderie. Ceux-ci concernent notamment le respect du nombre d’enfants permis par groupe d’âge et la tenue de fiches administratives concernant des médicaments.

Pour la directrice, cette situation s’explique entre autres par le manque de personnel.

«Les éducatrices travaillent déjà dur. On demande de plus en plus de rapports, mais il n’y a que huit heures dans une journée», soutient-elle.

Les politiciens réagissent

Le candidat du Parti québécois pour Pointe-aux-Trembles, Jocelyn Desjardins, dénonce par communiqué une situation qui symbolise «l’échec de la CAQ» à remplir ses promesses de transformer des places en garderie non subventionnée en places subventionnées. Il demande que le gouvernement «convertisse dans l’immédiat les places de cette garderie pour le bien des familles touchées».

«Aussitôt que nous avons su la nouvelle, nous sommes immédiatement intervenus auprès du Ministère et des parents pour soutenir les familles affectées», réagit pour sa part la députée caquiste de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, dans une déclaration écrite. Disant avoir comme priorité d’augmenter le nombre de places en CPE, elle ajoute que depuis son élection, «111 nouvelles places» en CPE ont été créées à Pointe-aux-Trembles.

Que les garderies doivent être subventionnées ou non est un «choix de société» qu’il ne lui revient pas de résoudre, croit Isabelle Boucher. Elle souligne cependant l’urgence de rendre la profession d’éducatrice plus attrayante pour contrer la pénurie de main-d’œuvre.

«Même s’ils ont déjà augmenté les salaires, ce n’est pas assez», conclut-elle.

Fermeture de garderies privées non subventionnées au Québec

Selon le ministère de la Famille, 22 garderies privées non subventionnées ont fermé leurs portes en 2020-2021 au Québec, et 26 en 2021-2022, pour un total de 48 pour les deux années.

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