La gériatrie sociale: impliquer la communauté pour le bien-être des aînées
Le Chez-Nous de Mercier-Est lance un projet pilote en gériatrie sociale grâce à un financement de la Fondation Mirella et Lino Saputo s’élevant à 180 000 $.
La gériatrie sociale propose une prise en charge des personnes aînées dans notre société à travers une intervention de proximité en communauté, peut-on lire dans le communiqué de l’organisme.
Métro est allé à la rencontre de l’intervenante pivot responsable de la réalisation de ce projet, Rachel Paradis, une ancienne infirmière qui a travaillé en milieu hospitalier pendant 10 ans.
«Ce qu’on veut au fond, c’est créer une communauté qui va être sensible à la population vieillissante, afin de prévenir le vieillissement accéléré et intervenir avant qu’il y ait un déclin fonctionnel de la personne», explique dès le départ Rachel Paradis.
Cette approche permet de préserver l’autonomie des personnes âgées, ce qui est bénéfique pour elles et leur santé, mais également pour la communauté, puisqu’elles s’impliquent de diverses façons au sein de celle-ci.
Visites à domicile
Pour y arriver, Rachel Paradis fait des visites à domicile, ce qui permet entre autres de briser l’isolement et d’agir avant que les personnes concernées soient contraintes d’aller dans le système de santé, dont les services sont souvent saturés.
L’état de la peau, l’alimentation, l’hydratation, les facultés cognitives, les loisirs, les proches aidants sont les différents aspects qui seront évalués par l’intervenante.
Rachel Paradis formera également des «sentinelles» parmi les membres de la communauté afin de l’épauler dans cette surveillance «bienveillante» et repérer les cas problématiques ou inquiétants.
La directrice du Chez-Nous de Mercier-Est, Melda Saeedi, évalue entre 14 000 à 15 000 le nombre de personnes de 65 ans et plus habitant dans le quartier.
D’ailleurs, cette population aînée résidant dans le territoire couvert par le CLSC de Mercier-Est passera de 20 % à 24 % d’ici l’année 2036, comparativement à 20,8 % pour l’île de Montréal, selon les chiffres publiés dans le communiqué de l’organisme.
Réorientation de carrière
C’est pour prendre le temps de s’occuper des aînés et afin d’offrir des services «plus humains» que Rachel Paradis a choisi de quitter le milieu de la santé.
C’était devenu un peu machinal à la fin et je n’avais pas de temps à consacrer aux patients.
Rachel Paradis, intervenante pivot responsable de la gériatrie sociale
C’est d’ailleurs à cause de son expérience comme infirmière et sa connaissance des engrenages du réseau de la santé que Melda Saeedi l’a engagée pour chapeauter ce projet pilote.
«On a choisi Mme Paradis d’une part parce qu’elle a un bagage très intéressant, explique la directrice générale. Elle est très sensible à tous les enjeux liés au vieillissement, à la santé physique et cognitive. Ça va être un atout pour nous.»
Le plus grand défi auquel devra faire face Rachel Paradis sera justement de naviguer dans les méandres bureaucratiques du système de la santé et d’obtenir des réponses claires et des services dans un délai raisonnable.
Sa première tâche est de faire un recensement des ressources pour les aînées dans le quartier.
Ainsi, même si le projet pilote n’a pas la prétention ni la volonté de prendre la place du système de santé, sa mise en place permettra de s’assurer que les personnes aînées aient accès aux services qui leur conviennent, et cela, entre autres, en prenant le temps de les écouter.