Soutenez

Fermeture des jardins communautaires: un enjeu de sécurité alimentaire

Les jardins communautaires offrent une forme de sécurité alimentaire pour une grande partie de leurs participants. Photo: Archives

La sécurité alimentaire de certains citoyens pourrait être mise en jeu à cause de la fermeture des jardins communautaires imposée par la Ville de Montréal dans le cadre du combat contre le coronavirus, craignent des organismes du milieu.

«À l’échelle de Montréal, c’est 42% des jardiniers qui affirment que les jardins communautaires contribuent de manière importante ou très importante à leur sécurité alimentaire et à la réduction de leur dépenses à l’épicerie», indique Jean-Philippe Vermette, directeur intervention et politiques publiques au Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB).

L’organisme connaît bien ce domaine. En plus de l’étudier dans ses recherches, il a été mandaté par l’Arrondissement de Rosemont – La Petite-Patrie afin d’assurer la gestion des jardins communautaires sur son territoire.

Or, pour le titulaire d’une maitrise en sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal, il ne fait aucun doute que la saison 2020 des jardins ne pourra pas se dérouler comme à l’habitude.

«On sait que la Ville est en train de travailler sur des mesures de mitigations pour endiguer la crise sanitaire cet été. On va sans doute prévoir des blocs horaires différents pour avoir moins de gens en même temps sur place. Toutefois, il est possible que les espaces ne soient pas accessibles dès leur ouverture habituelle, soit le 1er mai», explique M. Vermette.

Ce dernier affirme que certains habitués ont préparé leurs semis et qu’ils prévoient les faire pousser sur leurs balcons ou dans leurs cours en attendant l’ouverture de leur lot.

Mais qu’en est-il des citoyens déjà inscrits ne possédant pas de lieu alternatif pour faire du jardinage?

«Pour ceux qui vivent dans des blocs, par exemple, ça va être un problème. Ils devront sans doute se tourner vers les épiceries pour se procurer des fruits et légumes frais durant la saison estivale», dit-il.

Chaque année, à peu près 15 000 personnes prennent part à des jardins communautaires à Montréal.

Dans Rosemont – La Petite-Patrie, on recense 1000 jardiniers sur ces lots publics.

Les jardins communautaires et collectifs, un apport précieux

Pour Louise Donaldson, directrice adjointe au Service de nutrition et d’action communautaire (SNAC) dans l’arrondissement Ahuntsic – Cartierville, il est clair que plusieurs familles profitent positivement des jardins communautaires.

«Il y en a beaucoup qui y participent et qui comptent sur ça pour se nourrir. Pour eux, c’est aussi un moment pour socialiser, c’est bien trippant», insiste-t-elle.

D’ailleurs, un des jardins communautaires du quartier procure à l’organisme une grande quantité de produits depuis sept ans.

«Le jardin Saint-Sulpice nous a envoyé près de 1920 kilogrammes de légumes et de fines herbes l’an dernier», souligne-t-elle.

Si le SNAC peut facilement survivre sans cet apport cette année, la directrice adjointe confie que cette récolte locale fournissait une «belle diversité» dans l’offre en dépannage alimentaire.

De son côté, Magdouda Oudjit, directrice de La Maison de Quartier Villeray, a trouvé une solution intéressante pour assurer la pérennité du programme de jardins collectifs qui a lieu chaque année sur des terrains institutionnels et privés.

«Tout le travail de plantation sera fait par nos animateurs en attendant que l’on puisse de nouveau ouvrir nos jardins aux gens», affirme-t-elle.

Mme Oudjit soutient qu’il n’y a aucun doute sur l’importance de ce programme pour la sécurité alimentaire de ses participants.

La Ville de Montréal n’a pas été en mesure de répondre aux question de Métro Média au moment d’écrire ces lignes.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.