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Pères en détresse

suicide crise coronavirus
Des pères ont vécu des moments difficiles durant le confinement alors qu’ils ont été empêchés de voir leurs enfants. Photo: 123rf

Des pères séparés, privés de droit d’accès à leurs enfants, ont passé des moments difficiles durant le confinement alors que les tribunaux fonctionnaient au ralenti et ne traitaient que les cas urgents.

Robert* (nom fictif), dans la mi-trentaine, n’arrive pas à s’entendre avec la mère de ses deux enfants de 7 et 9 ans. Même s’il a la garde partagée, il devait passer en cour en mars, mais les audiences ont été suspendues.

Toute communication est coupée entre les deux parents alors qu’il lui est interdit de contacter la mère. «Je n’ai pas vu mes enfants durant les 31 jours d’avril, dit-il. Ce qui était allégué, c’est que je n’ai pas fait signe que je voulais mes enfants.»

En fait, Robert n’est pas demeuré les bras croisés. Durant trois semaines, il a multiplié les démarches auprès des avocats et de l’aide juridique. «Tout était à l’arrêt. Judiciairement, je ne pouvais rien faire», déplore-t-il.

La situation a empiré alors qu’il est en fin de session de maîtrise. «Je faisais des crises d’angoisse. Quand j’ai appelé Repère [organisme d’aide aux pères en difficulté, situé à Ahuntsic – NDLR], je n’étais pas loin d’être en détresse», raconte le père, incapable de remettre certains travaux à temps.

L’imbroglio s’est finalement résolu lorsque la grand-mère a été appelée. Le contact a pu être rétabli et Robert a retrouvé ses enfants. «Je suis de ceux pour qui les enfants, c’est ce qui est le plus important dans la vie», assure-t-il.

Alternatives

À Repère, depuis le début de la crise sanitaire, des situations comme celle de Robert se multiplient. Quand il y a déjà un jugement, les dispositions de droits d’accès ou de garde partagée s’appliquent, même en période de pandémie, sauf s’il y a un risque pour la santé et l’intégrité des enfants. Un refus d’accès est considéré comme une urgence et traité par un juge.

Quand le divorce est en instance, «qui peut décider qu’un tel cas est pressant», s’interroge le directeur de Repère, Mohamed Barhone.

Pour répondre à la demande, l’organisme a pu mettre à la disposition des pères un avocat-conseil. Me Jean Reynolds, spécialisé en droit de la famille, a mis en évidence des solutions alternatives qui pouvaient s’appliquer à certains cas.

«Je suggérais d’avoir une entente à l’amiable avec l’autre partie. J’ai référé des cas aussi à la médiation et il y a eu des situations où on a réglé la question des accès par des consentements qu’on a déposés au dossier de la cour par voie électronique», souligne Me Reynolds.

Les tribunaux ont accepté de recevoir des ententes validées par les avocats des parties par courriel. Une disposition exceptionnelle mise en place durant le confinement.

Patience

Toutefois, tous les conflits ne pouvaient pas être traités ainsi. «Souvent, c’est plus l’aspect psychosocial qui embarque, observe M. Barhone. Nous avons fait des webinaires pour accompagner les pères en détresse ou isolés pour essayer de recréer des liens pour s’entendre et régler le conflit entre les deux parents.»

Beaucoup de conseils pour des rencontres virtuelles ou pour le maintien des appels au téléphone. Le plus important étant de ne pas perdre le contact avec les enfants.

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